Les pratiques pédérastiques ont-elles existé en Gaule et dans l'histoire de France ?
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 22/08/2021 à 13h09
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Question d'origine :
Bonjour, cher guichet. On nous parle souvent des pratiques pédérastiques des Hellènes, un peu plus rarement de celles des Romains. Mais, hormis trois morceaux de phrases, d'Athénée ou d'Aristote, je ne trouve rien sur le monde celte, ni sur le monde gaulois. Auriez-vous eu vent d'un historien ayant traité ce point culturel ? Je serais aussi intéressée par des informations sur ces pratiques pour toute la période couvrant le territoire français entre 800 et 1870. On dit par exemple que la Renaissance fit renaître ces moeurs : mais qui le dit ? Et sur quels fondements ? Merci d'avance pour votre réponse. Eléonore.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 25/08/2021 à 15h16
Bonjour,
Vous voulez savoir si des pratiques pédérastiques ont existé ailleurs que dans les mondes grecs et romains, et connaître l’évolution de ces pratiques, notamment en France, jusqu’à la fin du 19e.
Précisons tout d’abord que la pédérastie grecque est une institution très ritualisée à dimension éducative et initiatique qui n’existe comme telle que dans l’Antiquité, et de façon variable selon les cités et les siècles envisagés. Le terme en vient ensuite à désigner les relations homosexuelles en général.
« Le mot pédérastie est une transposition du grec ancien : παιδεραστησ (paiderastès). La première partie du mot (παιδ) a pour signification l’enfant masculin. La seconde partie (εραστησ), signifie l’amant. Étymologiquement parlant, le mot pédérastie a pour signification l’amant de l’enfant ou bien l’enfant en tant qu’amant. D’après le Larousse, la notion de pédérastie désigne « pour un homme, le choix d’un jeune garçon ou d’un adolescent comme partenaire sexuel. Par extension abusive il décrit également toute pratique homosexuelle entre hommes ». Depuis le Moyen-Âge, l’histoire telle que nous la connaissons est organisée aux travers de la religion judéo-chrétienne. À l’arrivée de ce nouvel idéal religieux toutes les pratiques jugées immorales ont été balayées. La pédérastie devient alors un acte contre nature. Aujourd’hui encore, l’idée que nous avons de ce procédé dérange tant il se trouve aux limites de ce que notre société conçoit comme étant des crimes sexuels, tels que le viol et la pédophilie.
Le terme de pédérastie est apparu dans l’Histoire lors de la Renaissance sous la plume de Jean Bodin. La pratique de la pédérastie est l’une des nombreuses redécouvertes de la culture antique. Pourtant ce n’est qu’en 1762, dans la quatrième édition du dictionnaire de l’Académie française, que le terme fait son entrée. La pédérastie a alors pour définition : «Passion, amour honteux entre des hommes». C’est seulement au cours du XIXe siècle que le mot se répand dans les sociétés, en perdant sa signification première. Alors assimilé à l’homosexualité, ce mot est repris par la police et remplace l’appellation « tante ».Or, il faut distinguer homosexualité et pédérastie. L’homosexualité est définie comme une tendance à rechercher un plaisir par des contacts physiques avec des personnes de même sexe. La pédérastie est toute autre. Sa première caractéristique est qu’elle unit deux hommes d’un âge fondamentalement différent. L’un à l’esprit mûr pouvant transmettre son savoir à l’autre, simple garçon tout juste entré dans l’adolescence (l’âge fréquent se trouve autour des 15-16 ans). Ce phénomène n’est pas réprimé au sein de la société grecque et est au contraire ancré profondément dans les mœurs. L’une des particularités essentielle de cette pratique est qu’elle ne définit en rien la sexualité de l’homme qui la pratique. Il n’est pas gênant de manifester un amour, que l’on qualifierait aujourd’hui d’hétérosexuel et d’homosexuel à la fois ou l’un après l’autre »
Extrait de Sexualité et relations pédérastiques dans l’Antiquité grecque, sur la page du Master civilisations, cultures et sociétés de l’Université de Bretagne occidentale.
Voir aussi l’article Histoire du mot pédérastie sur Wikipedia.
Cette institution grecque, si elle est bien documentée, pose encore des questions aux chercheurs, notamment sur le rôle de chaque protagoniste et la place et la nature de l’acte sexuel dans l’initiation.
Pour en savoir plus :
Histoire de la sexualité, Michel Foucault.
Homosexualité grecque, Kenneth Dover
Eros adolescent, Félix Buffière
Et en ligne :
Nicolas Cartelet explore les origines de la pédérastie, une recension de l’ouvrage Aux origines de la pédérastie, de Nicolas Cartelet
La pédérastie en Grèce antique, Marie-Françoise Leudet, site André Gide
La pédérastie selon Pausanias : un défi pour l’éducation platonicienne, Olivier Renaut
De l'amour socratique à l'homosexualité grecque, Julie Mazaleigue-Labaste, dans Romantisme 2013/1 (n°159), pages 35 à 46
Les études sur de telles pratiques dans les mondes celtes et gaulois sont certes plus rares, mais existent.
Au XIXe, Arbois de Jubainville se pose la question : Les celtes étaient-ils pédérastes ?, Appendice à "La famille celtique" en ligne sur le site du Forum Arbre celtique.
Sur la même page de ce forum, vous trouverez le passage sur l'homosexualité initiatique chez les Celtes par Dumézil dans Heur et malheur du guerrier ainsi qu’un lien qui fait un petit point sur la question.
Bernard Sergent dans Homosexualité et initiation chez les peuples indo-européens étudie les textes et mythes pour montrer que d’autres indo-européens connaissaient de telles pratiques initiatiques.
Il s’intéresse d’abord aux Germains et aux Scandinaves (s’appuyant notamment sur les textes d’Ammien Marcellin), mais consacre le chapitre X aux « Antiquités celtiques » :
« C’est dans le monde celtique qu’on trouve une troisième attestation de l’homosexualité initiatique ; non point qu’on y possède un texte aussi explicite que ceux d’Ammien pour les Germains ou des Grecs anciens pour eux-mêmes : il s’agit ici d’une série de données fragmentaires, dont l’ensemble, éclairé par les analyses précédentes, ne laisse pas d’être significatif. Il s’agit d’abord de quelques textes antiques, imprécis mais clairs, et qui montre la généralité de de l’homosexualité, sous sa forme pédérastique, dans les anciennes populations celtiques. Il s’agit ensuite de quelques traces de cet état des choses dans la littérature galloise du Moyen-Age. Elles révèlent que la pédérastie celtique est, comme dans les ethnies précédentes, initiatique. »
Il mentionne en effet Aristote, Athénée citant Poseidonios, mais aussi les textes de Diodore de Sicile et Strabon, qui portent avant tout « sur les Celtes d’Europe de l’Ouest, c’est-à-dire les Gaulois ». Nous vous laissons découvrir les longs développements de l’auteur, et ses conclusions.
Voir aussi une petite intervention vidéo de Bernard Sergent :
Aristote et l'homosexualité chez les Celtes sur Baglis TV.
Et cet entretien dans Libération :
« Les thèses alors dominantes me semblaient factices. Celle d'Henri Irénée Marrou, montrant qu'à Sparte les hommes, toujours sur les champs de bataille, ne voyaient plus de femmes: on devient pédéraste parce qu'on fait la guerre pendant les trois mois d'été! Ou bien celle, psychanalytique, de Georges Devereux, expliquant que les Grecs étaient des adolescents prolongés qui avaient conservé le caractère «pervers-polymorphe». J'insistais sur le fait social, sur l'aspect pédagogique et initiatique de l'homosexualité. Le jeune homme, qui n'est pas encore le guerrier mature, est féminisé, on le traite en femme: mais au moment même où il est traité en femme, où il est éromène ou paidikà, il est aussi celui qu'on éduque. Au jeune et beau Huakinthos, Apollon transmet la connaissance, apprend la chasse, la musique, l'art de la divination, les exercices de la palestre, tout ce qui faisait un homme digne de ce nom. Platon ne parle de l'amour qu'au masculin et dans une conception entièrement pédagogique: un élève doit aimer son maître. Dans des sociétés indo-européennes autres que la Grèce, on trouve des traces de conceptions semblables: un joli texte sur les Germains, dû à Ammien Marcellin, dit qu'un jeune homme doit être soumis sexuellement à un plus âgé tant qu'il n'a pas tué un ours ou un sanglier, tant, autrement dit, qu'il n'a pas accompli des épreuves initiatiques. »
Enfin, vous pourriez consulter à la BNF :
La pédérastie celtique dans la Gaule pré-romaine, Eric Pontalley
L’aspect pédagogique, déjà peu présent à Rome selon Bernard Sergent, disparaît ensuite, même si persiste souvent la différence d’âge.
Pour mieux connaitre l’histoire de l’homosexualité en France, vous pouvez lire les 4 volumes de l’
Histoire des sodomites de Didier Godard. Il aborde le sujet pour l’Europe, mais comprend de longs développements sur la France.
Comme il l’explique dans la préface du tome sur le Moyen-Age, il choisit ce titre parce que depuis l’avènement du christianisme, l’homosexualité est essentiellement « perçue à travers la notion toute différente de « sodomie », et à travers la condamnation chrétienne de cette pratique. »
La naissance de l’homosexualité comme une des figures de la sexualité daterait ainsi, comme le pointe Michel Foucault, de l’article de Westphal en 1870 :
« La sodomie – celle des anciens droits civil ou canonique – était un type d’actes interdits ; leur auteur n’en était que le sujet juridique. L’homosexuel du 19ème siècle est devenu un personnage : un passé, une histoire et une enfance, un caractère, une forme de vie [...] Il ne faut pas oublier que la catégorie psychologique, psychiatrique, médicale de l’homosexualité s’est constituée du jour où on l’a caractérisée – le fameux article de Westphal en 1870, sur les « sensations sexuelles contraires » peut valoir comme date de naissance – moins par un type de relations sexuelles que par une certaine qualité de la sensibilité sexuelle, une certaine manière d’intervertir en soi-même le masculin et le féminin.L’homosexualité est apparue comme une des figures de la sexualité lorsqu’elle a été rabattue de la pratique de la sodomie sur une sorte d’androgynie intérieure, un hermaphrodisme de l’âme. Le sodomite était un relaps, l’homosexuel est maintenant une espèce . »
Foucault sur l’histoire de l’homosexualité : Une théorie en trois temps par Maks Banens qui cite ici Histoire de la folie.
Voir aussi : Entrevue exclusive avec l’auteur Didier Godard, Le Marginal
La Renaissance, un idéal de liberté sexuelle ?
« Au XIXe siècles, les spécialistes de la Renaissance, dont plusieurs étaient homosexuels, se représentaient les XVe et XVIe siècles comme un âge dominé par un hédonisme individualiste où se développait un érotisme exclusivement masculin […]. »
La suite du chapitre L’Europe des Temps modernes, 1400-1700 de Une histoire de l’homosexualité montre que des études plus récentes « ont mis au jour une histoire différente, fortement teintée de contradictions et de tensions ».
Mais les productions artistiques italiennes, la Grèce redécouverte et le néo-platonisme, la glorification des amitiés masculines, ont pu donner l’illusion que toute la société était devenue plus tolérante à l’homosexualité parce qu’elle était redevenue plus apparente. Or comme le montre bien Maurice Lever dans Les bûchers de Sodome :
«L’homosexualité demeure à cette époque- et pour longtemps encore – un caprice réservé à un très petit nombre : la noblesse, l’élite intellectuelle et artistique, les princes de l’Eglise . Nul doute que ne s’y attachât un certain snobisme : n’appelait-t-on pas cela « le beau vice » ? Cependant l’impunité n’était pas toujours absolue, même pour ces privilégiés, et encore moins, on s’en doute, pour la masse des anonymes. » (p. 73)
Les pages Regards sur l’amour entre hommes dans l’histoire de l’Europe sur le site de Stéphane Riethauser propose un petit résumé de 2500 ans d'histoire de l'homosexualité, notamment pour la Renaissance.
Autres ouvrages souvent rencontrés dans nos recherches :
Christianisme, tolérance sociale et homosexualité. Les homosexuels en Europe occidentale, des débuts de l'ère chrétienne au XIVe siècle, John Boswell
La fabrique du sexe: essai sur le corps et le genre en Occident, Thomas Laqueur
Bonnes lectures !
Vous voulez savoir si des pratiques pédérastiques ont existé ailleurs que dans les mondes grecs et romains, et connaître l’évolution de ces pratiques, notamment en France, jusqu’à la fin du 19e.
Précisons tout d’abord que la pédérastie grecque est une institution très ritualisée à dimension éducative et initiatique qui n’existe comme telle que dans l’Antiquité, et de façon variable selon les cités et les siècles envisagés. Le terme en vient ensuite à désigner les relations homosexuelles en général.
« Le mot pédérastie est une transposition du grec ancien : παιδεραστησ (paiderastès). La première partie du mot (παιδ) a pour signification l’enfant masculin. La seconde partie (εραστησ), signifie l’amant. Étymologiquement parlant, le mot pédérastie a pour signification l’amant de l’enfant ou bien l’enfant en tant qu’amant. D’après le Larousse, la notion de pédérastie désigne « pour un homme, le choix d’un jeune garçon ou d’un adolescent comme partenaire sexuel. Par extension abusive il décrit également toute pratique homosexuelle entre hommes ». Depuis le Moyen-Âge, l’histoire telle que nous la connaissons est organisée aux travers de la religion judéo-chrétienne. À l’arrivée de ce nouvel idéal religieux toutes les pratiques jugées immorales ont été balayées. La pédérastie devient alors un acte contre nature. Aujourd’hui encore, l’idée que nous avons de ce procédé dérange tant il se trouve aux limites de ce que notre société conçoit comme étant des crimes sexuels, tels que le viol et la pédophilie.
Le terme de pédérastie est apparu dans l’Histoire lors de la Renaissance sous la plume de Jean Bodin. La pratique de la pédérastie est l’une des nombreuses redécouvertes de la culture antique. Pourtant ce n’est qu’en 1762, dans la quatrième édition du dictionnaire de l’Académie française, que le terme fait son entrée. La pédérastie a alors pour définition : «Passion, amour honteux entre des hommes». C’est seulement au cours du XIXe siècle que le mot se répand dans les sociétés, en perdant sa signification première. Alors assimilé à l’homosexualité, ce mot est repris par la police et remplace l’appellation « tante ».
Extrait de Sexualité et relations pédérastiques dans l’Antiquité grecque, sur la page du Master civilisations, cultures et sociétés de l’Université de Bretagne occidentale.
Voir aussi l’article Histoire du mot pédérastie sur Wikipedia.
Cette institution grecque, si elle est bien documentée, pose encore des questions aux chercheurs, notamment sur le rôle de chaque protagoniste et la place et la nature de l’acte sexuel dans l’initiation.
Pour en savoir plus :
Histoire de la sexualité, Michel Foucault.
Homosexualité grecque, Kenneth Dover
Eros adolescent, Félix Buffière
Et en ligne :
Nicolas Cartelet explore les origines de la pédérastie, une recension de l’ouvrage Aux origines de la pédérastie, de Nicolas Cartelet
La pédérastie en Grèce antique, Marie-Françoise Leudet, site André Gide
La pédérastie selon Pausanias : un défi pour l’éducation platonicienne, Olivier Renaut
De l'amour socratique à l'homosexualité grecque, Julie Mazaleigue-Labaste, dans Romantisme 2013/1 (n°159), pages 35 à 46
Les études sur de telles pratiques dans les mondes celtes et gaulois sont certes plus rares, mais existent.
Au XIXe, Arbois de Jubainville se pose la question : Les celtes étaient-ils pédérastes ?, Appendice à "La famille celtique" en ligne sur le site du Forum Arbre celtique.
Sur la même page de ce forum, vous trouverez le passage sur l'homosexualité initiatique chez les Celtes par Dumézil dans Heur et malheur du guerrier ainsi qu’un lien qui fait un petit point sur la question.
Bernard Sergent dans Homosexualité et initiation chez les peuples indo-européens étudie les textes et mythes pour montrer que d’autres indo-européens connaissaient de telles pratiques initiatiques.
Il s’intéresse d’abord aux Germains et aux Scandinaves (s’appuyant notamment sur les textes d’Ammien Marcellin), mais consacre le chapitre X aux « Antiquités celtiques » :
« C’est dans le monde celtique qu’on trouve une troisième attestation de l’homosexualité initiatique ; non point qu’on y possède un texte aussi explicite que ceux d’Ammien pour les Germains ou des Grecs anciens pour eux-mêmes : il s’agit ici d’une série de données fragmentaires, dont l’ensemble, éclairé par les analyses précédentes, ne laisse pas d’être significatif. Il s’agit d’abord de quelques textes antiques, imprécis mais clairs, et qui montre la généralité de de l’homosexualité, sous sa forme pédérastique, dans les anciennes populations celtiques. Il s’agit ensuite de quelques traces de cet état des choses dans la littérature galloise du Moyen-Age. Elles révèlent que la pédérastie celtique est, comme dans les ethnies précédentes, initiatique. »
Il mentionne en effet Aristote, Athénée citant Poseidonios, mais aussi les textes de Diodore de Sicile et Strabon, qui portent avant tout « sur les Celtes d’Europe de l’Ouest, c’est-à-dire les Gaulois ». Nous vous laissons découvrir les longs développements de l’auteur, et ses conclusions.
Voir aussi une petite intervention vidéo de Bernard Sergent :
Aristote et l'homosexualité chez les Celtes sur Baglis TV.
Et cet entretien dans Libération :
« Les thèses alors dominantes me semblaient factices. Celle d'Henri Irénée Marrou, montrant qu'à Sparte les hommes, toujours sur les champs de bataille, ne voyaient plus de femmes: on devient pédéraste parce qu'on fait la guerre pendant les trois mois d'été! Ou bien celle, psychanalytique, de Georges Devereux, expliquant que les Grecs étaient des adolescents prolongés qui avaient conservé le caractère «pervers-polymorphe». J'insistais sur le fait social, sur l'aspect pédagogique et initiatique de l'homosexualité. Le jeune homme, qui n'est pas encore le guerrier mature, est féminisé, on le traite en femme: mais au moment même où il est traité en femme, où il est éromène ou paidikà, il est aussi celui qu'on éduque. Au jeune et beau Huakinthos, Apollon transmet la connaissance, apprend la chasse, la musique, l'art de la divination, les exercices de la palestre, tout ce qui faisait un homme digne de ce nom. Platon ne parle de l'amour qu'au masculin et dans une conception entièrement pédagogique: un élève doit aimer son maître. Dans des sociétés indo-européennes autres que la Grèce, on trouve des traces de conceptions semblables: un joli texte sur les Germains, dû à Ammien Marcellin, dit qu'un jeune homme doit être soumis sexuellement à un plus âgé tant qu'il n'a pas tué un ours ou un sanglier, tant, autrement dit, qu'il n'a pas accompli des épreuves initiatiques. »
Enfin, vous pourriez consulter à la BNF :
La pédérastie celtique dans la Gaule pré-romaine, Eric Pontalley
L’aspect pédagogique, déjà peu présent à Rome selon Bernard Sergent, disparaît ensuite, même si persiste souvent la différence d’âge.
Pour mieux connaitre l’histoire de l’homosexualité en France, vous pouvez lire les 4 volumes de l’
Histoire des sodomites de Didier Godard. Il aborde le sujet pour l’Europe, mais comprend de longs développements sur la France.
Comme il l’explique dans la préface du tome sur le Moyen-Age, il choisit ce titre parce que depuis l’avènement du christianisme, l’homosexualité est essentiellement « perçue à travers la notion toute différente de « sodomie », et à travers la condamnation chrétienne de cette pratique. »
La naissance de l’homosexualité comme une des figures de la sexualité daterait ainsi, comme le pointe Michel Foucault, de l’article de Westphal en 1870 :
« La sodomie – celle des anciens droits civil ou canonique – était un type d’actes interdits ; leur auteur n’en était que le sujet juridique. L’homosexuel du 19ème siècle est devenu un personnage : un passé, une histoire et une enfance, un caractère, une forme de vie [...] Il ne faut pas oublier que la catégorie psychologique, psychiatrique, médicale de l’homosexualité s’est constituée du jour où on l’a caractérisée – le fameux article de Westphal en 1870, sur les « sensations sexuelles contraires » peut valoir comme date de naissance – moins par un type de relations sexuelles que par une certaine qualité de la sensibilité sexuelle, une certaine manière d’intervertir en soi-même le masculin et le féminin.
Foucault sur l’histoire de l’homosexualité : Une théorie en trois temps par Maks Banens qui cite ici Histoire de la folie.
Voir aussi : Entrevue exclusive avec l’auteur Didier Godard, Le Marginal
La Renaissance, un idéal de liberté sexuelle ?
« Au XIXe siècles, les spécialistes de la Renaissance, dont plusieurs étaient homosexuels, se représentaient les XVe et XVIe siècles comme un âge dominé par un hédonisme individualiste où se développait un érotisme exclusivement masculin […]. »
La suite du chapitre L’Europe des Temps modernes, 1400-1700 de Une histoire de l’homosexualité montre que des études plus récentes « ont mis au jour une histoire différente, fortement teintée de contradictions et de tensions ».
Mais les productions artistiques italiennes, la Grèce redécouverte et le néo-platonisme, la glorification des amitiés masculines, ont pu donner l’illusion que toute la société était devenue plus tolérante à l’homosexualité parce qu’elle était redevenue plus apparente. Or comme le montre bien Maurice Lever dans Les bûchers de Sodome :
«
Les pages Regards sur l’amour entre hommes dans l’histoire de l’Europe sur le site de Stéphane Riethauser propose un petit résumé de 2500 ans d'histoire de l'homosexualité, notamment pour la Renaissance.
Autres ouvrages souvent rencontrés dans nos recherches :
Christianisme, tolérance sociale et homosexualité. Les homosexuels en Europe occidentale, des débuts de l'ère chrétienne au XIVe siècle, John Boswell
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