Enregistrements de psychanalyse.
Le 22/08/2021 à 13h57
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Question d'origine :
Bonjour, Existe t’il des psychanalyses qui ont été enregistrées et qui sont disponibles au public? Merci par avance. Peace!
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 23/08/2021 à 16h00
Bonjour,
La question de l'enregistrement des séances fait partie des débats qui agitent le monde de la psychanalyse. A cet égard, plusieurs traditions s'affrontent : selon l'article "Confidentialité et professionnalisme en psychanalyse" de Christopher Bollas, traduit par F. Pollock et J.-L. Gault et publié en 2004 dans la revue La Cause freudienne (lisible sur Cairn en bibliothèque), le psychanalyste américain Robert Stoller a pu préconiser l'enregistrement pour défendre la scientificité de la psychanalyse :
Soutenir que la psychanalyse produit des preuves cliniques implique qu’il doit y avoir une façon de recueillir celles-ci. Robert Stoller pensait passionnément que, pour avoir une crédibilité scientifique, les séances devaient être enregistrées parce qu’on ne pouvait se fier à la capacité de l’analyste à se souvenir de l’intégralité d’une heure de séance. En Grande-Bretagne, dans un but de formation, nous accordons beaucoup d’importance à la rédaction, après la séance, d’un compte rendu précis sur le modèle : « j’ai dit / le patient a dit ».
L'auteur de l'article pense pour sa part que l'enregistrement ne saurait toutefois rendre la réalité de la cure , puisque "la majeure part du travail de l’analyse est inconsciente ". Mais d'autres raisons ont pu conduire des praticiens à défendre l'enregistrement, notamment quand le contenu de la cure peut servir à une action en justice :
En effet, dans certains cas, le juge prend connaissance du matériel clinique avant le procès et décide de ce qui doit ou non être dévoilé, il ne lui est donc pas nécessaire de révéler entièrement le contenu de l’analyse. De futurs régulateurs de la santé mentale en Grande-Bretagne pourraient, à l’instar de certains groupes professionnels aux États-Unis, prendre position en obligeant le clinicien à garder des notes uniquement quand il estime que les propos du patient pourraient donner lieu à un procès. Cette position est moins radicale que celle soutenue par d’autres associations professionnelles aux États-Unis, qui considèrent que l’enregistrement des séances est une obligation, et le manquement à celle-ci une faute professionnelle.
Ce souci peut toutefois entreren conflit avec le principe de secret professionnel . Bien que la psychanalyse ne soit pas une profession réglementée, et que ses praticiens ne soient pas tenus au secret médical, une "discrétion absolue" est toutefois nécessaire pour assurer le dispositif même de l'analyse. C'est du moins ce qu'affirme Marie-Claude Casper dans son article "Le psychologue, sa parole et les autres : du secret professionnel à la discrétion absolue " (Cliniques méditerranéennes, 2011, consultable sur Cairn en bibliothèque :
L’expression de « discrétion absolue » désigne la disposition du professionnel à l’égard de ce qui émane du cadre psychothérapeutique et son autonomie vis-à-vis de toute influence extérieure. Rien ne peut pour le clinicien, provenant de l’extérieur, se lier à un élément intérieur du cadre psychothérapeutique. Les liens ne se tissent pour lui que de l’intérieur vers l’extérieur. La discrétion est absolue parce qu’elle s’exerce sans limite aucune et sans conditions de temps, d’espace, d’information ou d’événement par exemple. Parler de discrétion absolue, c’est insister sur la visée du travail clinique. Ce qui la fonde dans une logique psychique inconsciente exige que soient assurées les conditions d’une « étanchéité » entre ce qui relève de la psychothérapie et ce qui n’en relève pas.
De même, le code de déontologie de la Fédération nationale de psychanalyse institue que ""Le psychanalyste et le psychopraticien analytique et leur équipe éventuelle sont soumis au secret professionnel absolu concernant tout ce qui leur est confié dans l'exercice de leur profession. Cette même obligation s'applique dans le cadre de la supervision."
Ces questions sont synthétisées dans un article de 1988 de Horst Kächele, Helmut Thomä, Wolfgang Ruberg et Hans-Joachim Grünzig, "Audio-Recordings of the Psychoanalytic Dialogue: Scientific, Clinical and Ethical Problems", lisible en anglais sur Researchgate.
D'une manière générale, les sources que nous avons consultées disent que lorsqu'il y a enregistrement - avec le consentement de l'analyste et du patient -les bandes ne sont pas destinées à la divulgation au grand public . Il s'agit d'exploiter les enregistrements à des fins scientifiques ou légales. Il arrive cependant que des mains indiscrètes tombent sur de tels documents : selon un article du quotidien québécois Le Soleil, en 2005, "un journaliste du Los Angeles Times, Forger Backwright, mettait la main sur des enregistrements des séances de psychanalyse de Marilyn Monroe. Des bobines précieuses qu'avaient conservées John Miner, adjoint du chef de service de médecine légale chargé de l'autopsie de la star." De ces enregistrements est né un documentaire montrant Monroe affaiblie, enferrée dans un jeu malsain avec son analyste, une "oeuvre voyeuse" selon l'auteur de la chronique.
Bonne journée.
La question de l'
Soutenir que la psychanalyse produit des preuves cliniques implique qu’il doit y avoir une façon de recueillir celles-ci. Robert Stoller pensait passionnément que, pour avoir une crédibilité scientifique, les séances devaient être enregistrées parce qu’on ne pouvait se fier à la capacité de l’analyste à se souvenir de l’intégralité d’une heure de séance. En Grande-Bretagne, dans un but de formation, nous accordons beaucoup d’importance à la rédaction, après la séance, d’un compte rendu précis sur le modèle : « j’ai dit / le patient a dit ».
L'auteur de l'article pense pour sa part que l'
En effet, dans certains cas, le juge prend connaissance du matériel clinique avant le procès et décide de ce qui doit ou non être dévoilé, il ne lui est donc pas nécessaire de révéler entièrement le contenu de l’analyse. De futurs régulateurs de la santé mentale en Grande-Bretagne pourraient, à l’instar de certains groupes professionnels aux États-Unis, prendre position en obligeant le clinicien à garder des notes uniquement quand il estime que les propos du patient pourraient donner lieu à un procès. Cette position est moins radicale que celle soutenue par d’autres associations professionnelles aux États-Unis, qui considèrent que l’enregistrement des séances est une obligation, et le manquement à celle-ci une faute professionnelle.
Ce souci peut toutefois entrer
L’expression de « discrétion absolue » désigne la disposition du professionnel à l’égard de ce qui émane du cadre psychothérapeutique et son autonomie vis-à-vis de toute influence extérieure. Rien ne peut pour le clinicien, provenant de l’extérieur, se lier à un élément intérieur du cadre psychothérapeutique. Les liens ne se tissent pour lui que de l’intérieur vers l’extérieur. La discrétion est absolue parce qu’elle s’exerce sans limite aucune et sans conditions de temps, d’espace, d’information ou d’événement par exemple. Parler de discrétion absolue, c’est insister sur la visée du travail clinique. Ce qui la fonde dans une logique psychique inconsciente exige que soient assurées les conditions d’une « étanchéité » entre ce qui relève de la psychothérapie et ce qui n’en relève pas.
De même, le code de déontologie de la Fédération nationale de psychanalyse institue que ""Le psychanalyste et le psychopraticien analytique et leur équipe éventuelle sont soumis au secret professionnel absolu concernant tout ce qui leur est confié dans l'exercice de leur profession. Cette même obligation s'applique dans le cadre de la supervision."
Ces questions sont synthétisées dans un article de 1988 de Horst Kächele, Helmut Thomä, Wolfgang Ruberg et Hans-Joachim Grünzig, "Audio-Recordings of the Psychoanalytic Dialogue: Scientific, Clinical and Ethical Problems", lisible en anglais sur Researchgate.
D'une manière générale, les sources que nous avons consultées disent que lorsqu'il y a enregistrement - avec le consentement de l'analyste et du patient -
Bonne journée.
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