Question d'origine :
Bonjour,
La pièce de théâtre d'Anton Tchekhov de 1885 censurée du vivant de son auteur par la Russie tsariste et traduite depuis en français par feue Genia Cannac sous le titre « Sur la Grand-Route », qui développe une brève nouvelle de 1883 intitulée « En Automne » évoque à la fin de la Scène III par la voix du Cocher (dont on apprend ensuite qu'il se prénomme Denis) le lieu dit Varsonofievo.
Je voudrais savoir, outre s'il existe une édition française de ladite nouvelle à l'origine de ladite pièce, comment doit être prononcé en russe le toponyme supra, où il se trouve, et sous quel nom actuel le cas échéant, s'il n'est pas fictif.
Vous remerciant par avance pour la communication des fruits de vos recherches,
Cordialement, JL
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 17/01/2019 à 11h14
Bonjour,
La nouvelle, « En automne », écrite par Tchekhov, en 1883, a bien fait l’objet d’une édition traduite en français. Vous la trouverez dans « Le malheur des autres » publié aux éditions Gallimard, en 2004 sous le titre « A l’automne ».
Dans son avant-propos, la traductrice Lily Denis précise que Tchekhov a écrit 649 récits et nouvelles, entre 1880 et 1898. Et, bien sûr, tous n’ont pas été publiés en français.
Les trois volumes de la collection de la Pléiade qui lui sont consacrés, en proposent 250 auxquels il faut ajouter les 38 sélectionnés dans "Le malheur des autres". Avec ces deux éditions, vous disposez de l’ensemble des récits et nouvelles de Tchekhov publiés en français.
Pourquoi tant de titres restent-ils non traduits ?
Il est très fréquent dans l’œuvre de Tchekhov que ses pièces de théâtre soient issues de son corpus de récits et nouvelles. Le passage par le récit s’apparente presque à une méthode de travail. La nouvelle préfigurant souvent la pièce. Il arrivait même que Tchekhov supprime le récit initial après l’avoir transposé en pièce.
A ce sujet, les notes, ci-dessous, de la traductrice Françoise Morvan accompagnant sa traduction conjointe avec André Markowicz de l’édition Pièces en un acte, parue aux éditions Actes Sud, en 2005, dans laquelle figure « Sur la grand-route », sont particulièrement éclairantes :
«Tchekhov a transposé en forçant le trait, en donnant du relief, avec un sens prodigieux de la scène, au point que la narration, quel que soit son charme, semble souvent presque éteinte … On a l’impression que le théâtre, en contraignant à préciser, accentuer, condenser et développer tout à la fois constitue un aboutissement plus qu’une transposition »
Un constat qui pourrait s’appliquer au travail mené pour passer de la nouvelle « A l’automne » à la pièce « Sur la grand-route ». Françoise Morvan ajoute ainsi : « Il a triplé la longueur de la nouvelle, transformé les figurants en personnages à part entière et, surtout, donné force au conflit central en introduisant Merik, le voleur de chevaux. »
Quant à votre question sur le toponymeVarsonofievo , nous ne pouvons pas affirmer avec certitude l’existence réelle de ce lieu. Toutefois, notre enquête auprès de différents spécialistes de la Russie (des universitaires, des traducteurs et le Centre Culturel de la Russie à Paris), nous a permis d’établir les hypothèses suivantes :
1- Il existait bien un village portant le nom de Varsonofievo alias Korsounovo dans le district de Makarievsk, situé dans le gouvernement de Kostroma (division administrative de l’Empire Russe). Depuis 1922 la frontière entre le gouvernement de Kostroma et celui de Nijni Novgorod a changé et ce village, ainsi qu'un bon nombre d'autres territoires, a été rattaché au gouvernement de Nijni Novgorod.
Voici le lien vers la page du site du forum généalogique sur laquelle se trouvent ces informations.
2- Nous pouvons préciser également que ce nom semble renvoyer à un nom propre.
Le prénom Varsonofy ou peut-être même une famille de nobles dont la lignée remonte à 1662, selon la page Wikipedia russe : les Varsonofyev. Il était courant, à cette époque, dans la Russie féodale, que les noms de villages portent le nom d’un grand propriétaire terrien. Et, par conséquent, si jamais ce lieu n’était pas fictif, difficile d’en retrouver la trace de nos jours, car la Révolution russe de 1917 s’est efforcée de faire disparaître cette mémoire en modifiant les noms de villes et de villages.
Enfin, concernant la prononciation en russe, toutes les lettres se prononcent et l’accent tonique porte sur le second « O » :VarsonOfiévo
Bien cordialement,
La nouvelle, « En automne », écrite par Tchekhov, en 1883, a bien fait l’objet d’une édition traduite en français. Vous la trouverez dans « Le malheur des autres » publié aux éditions Gallimard, en 2004 sous le titre « A l’automne ».
Dans son avant-propos, la traductrice Lily Denis précise que Tchekhov a écrit 649 récits et nouvelles, entre 1880 et 1898. Et, bien sûr, tous n’ont pas été publiés en français.
Les trois volumes de la collection de la Pléiade qui lui sont consacrés, en proposent 250 auxquels il faut ajouter les 38 sélectionnés dans "Le malheur des autres". Avec ces deux éditions, vous disposez de l’ensemble des récits et nouvelles de Tchekhov publiés en français.
Pourquoi tant de titres restent-ils non traduits ?
Il est très fréquent dans l’œuvre de Tchekhov que ses pièces de théâtre soient issues de son corpus de récits et nouvelles. Le passage par le récit s’apparente presque à une méthode de travail. La nouvelle préfigurant souvent la pièce. Il arrivait même que Tchekhov supprime le récit initial après l’avoir transposé en pièce.
A ce sujet, les notes, ci-dessous, de la traductrice Françoise Morvan accompagnant sa traduction conjointe avec André Markowicz de l’édition Pièces en un acte, parue aux éditions Actes Sud, en 2005, dans laquelle figure « Sur la grand-route », sont particulièrement éclairantes :
«Tchekhov a transposé en forçant le trait, en donnant du relief, avec un sens prodigieux de la scène, au point que la narration, quel que soit son charme, semble souvent presque éteinte … On a l’impression que le théâtre, en contraignant à préciser, accentuer, condenser et développer tout à la fois constitue un aboutissement plus qu’une transposition »
Un constat qui pourrait s’appliquer au travail mené pour passer de la nouvelle « A l’automne » à la pièce « Sur la grand-route ». Françoise Morvan ajoute ainsi : « Il a triplé la longueur de la nouvelle, transformé les figurants en personnages à part entière et, surtout, donné force au conflit central en introduisant Merik, le voleur de chevaux. »
Quant à votre question sur le toponyme
1- Il existait bien un village portant le nom de Varsonofievo alias Korsounovo dans le district de Makarievsk, situé dans le gouvernement de Kostroma (division administrative de l’Empire Russe). Depuis 1922 la frontière entre le gouvernement de Kostroma et celui de Nijni Novgorod a changé et ce village, ainsi qu'un bon nombre d'autres territoires, a été rattaché au gouvernement de Nijni Novgorod.
Voici le lien vers la page du site du forum généalogique sur laquelle se trouvent ces informations.
2- Nous pouvons préciser également que ce nom semble renvoyer à un nom propre.
Le prénom Varsonofy ou peut-être même une famille de nobles dont la lignée remonte à 1662, selon la page Wikipedia russe : les Varsonofyev. Il était courant, à cette époque, dans la Russie féodale, que les noms de villages portent le nom d’un grand propriétaire terrien. Et, par conséquent, si jamais ce lieu n’était pas fictif, difficile d’en retrouver la trace de nos jours, car la Révolution russe de 1917 s’est efforcée de faire disparaître cette mémoire en modifiant les noms de villes et de villages.
Enfin, concernant la prononciation en russe, toutes les lettres se prononcent et l’accent tonique porte sur le second « O » :
Bien cordialement,
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