Question d'origine :
Je suis auteure jeunesse et J'écris une série de romans pour les 8/12 ans qui se déroulerait à l'époque de Louis XIV (en l’occurrence en 1668) et qui intégrerait le personnage d'un enfant-chantre (ou faut-il dire "Page" à cet âge-là ?). Il ne s'agit bien sûr pas d'un documentaire, mais j'aimerais coller au plus près de la réalité.
Ainsi donc, si vous aviez les informations suivantes à me communiquer, cela me serait très utile ( je n'ai besoin que de réponses succinctes).
Voici mes questions:
1 - Comment étaient recrutés les enfants? pouvaient-ils intégrer ce cursus à 8 ou 10 ans?
2 - En quoi consistait leur formation et quel était leur emploi du temps? Qui les formaient?
3- Comment étaient-ils vêtus (lors des messes et en dehors)? Portaient-ils des perruques?
4- Quelle aurait été le rôle tenu par un enfant de 12 ans?
Je suis bien sûr preneuse également de tout renseignement qui vous semblerait pertinent.
cordialement,
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 09/01/2020 à 08h27
Bonjour,
Pour vous répondre, nous nous appuierons sur l'étude d'Alexandre Maral, La chapelle royale de Versailles sous Louis XIV: cérémonial, liturgie et musique :
dans la dernière catégorie de charges, celle de l’apprentissage, figurent les pages ou enfants de la Musique, distincts à la fois des enfants attachés à la Musique de chambre et, beaucoup plus nombreux, des jeunes aristocrates de province élevés à la cour et logés par l’Ecurie. Recrutés par les sous-maîtres de la Chapelle dans les maîtrises du royaume, congédiés au moment de la mue, les pages de la Musique étaient entre six et huit, placés sous l’autorité du sous-maître du quartier. Une somme de 4800 livres était annuellement allouée à un ou plusieurs sous-maîtres pour nourrir les pages, les éduquer et pourvoir à leur entretien. Ils portaient la même livrée que les pages de la Grande Ecurie : veste bleue, culotte rouge, mas n’avaient pas droit aux bas de soie et aux boucles d’argent. Lorsque le sous-maître de quartier était un laïc, les pages dépendaient d’un sous-maitre ecclésiastique, plus compétent pour enseigner le latin et garant d’une bonne moralité. Même si Louis XIV préférait, semble-t-il, les voix de femmes ou de castrats à celles des enfants, la fonction essentielle des pages était de participer à la polyphonie des motets accompagnant la messe basse quotidienne du roi, probablement aussi au plain-chant des messes et offices chantés".
Vous trouverez quelques éléments de réponse dans Henry Du Mont (1610-1684): maistre et compositeur de la musique de la chapelle du Roy et de la Reyne de Laurence Decobert ou Henry Madin (1698-1748) : un musicien lorrain au service de Louis XV/ Jean-Paul C. Montagnier ; préface de Davitt Moroney.
Dans l’ouvrage La vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin parle non pas des pages de la Chapelle royale mais plus généralement des enfants de chœur. Elle explique ainsi que :
" D’après Martin Sonnet, les enfants de chœur ont pour mission de servir Dieu dans le chœur, en participant au rituel, ou en chantant (…) choisis très jeunes, « pene in infantia », ils doivent être en nombre suffisant, huit ou six dans les églises collégiales et dans les paroisses (…) leurs vêtements de teinte rouge dans les églises collégiales et violette dans les églises paroissiales, les distinguent particulièrement. Un bonnet carré noir complète cette tenue parfois modifiée selon la saison et selon qu’ils se trouvent dans l’église ou au dehors. Rasés ils portent une sorte de tonsure entretenue tous les quinze ou vingt jours ainsi qu’aux fêtes solennelles au nombre de dix-neuf fixées sur la liste (…) Ils obéissent en principe à une discipline rigoureuse marquée surtout par un emploi du temps contraignant (…) Après le second repas, ils ont une récréation d’une demi-heure, avant de reprendre le cycle habituel : étude, vêpres, étude, repas, interrompu par un nouveau repos d’une demi-heure ; la journée se termine ensuite par les prières et le coucher . Les heures d’études sont consacrées à la grammaire et au chant ; les enfants apprennent par cœur les formules mélodiques qu’ils chanteront pendant les offices : l’enseignement qu’on leur prodigue semble avant tout oral. Le plus ancien des enfants de chœur – ou après lui, ses successeurs dans l’ordre d’arrivée – se voit confier la responsabilité des plus jeunes auxquels il fait répéter ce qu’ils doivent chanter.
(…)
Dans la plupart des cas, ils restent en service cinq à huit ans, mais le chapitre ou la fabrique prennent l’initiative de les renvoyer avant ce délai si leur voix mue.
(…) les formalités de recrutement varient selon les lieux. A Notre-Dame de paris, à la Sainte-Chapelle du Palais (…) les enfants de chœur sont admis après présentation au chapitre. Ceci provoque un conflit à la Sainte-Chapelle où Artus aux Cousteaux, le maitre des enfants de chœur, prétend procéder seul à l’audition des enfants (…) une période probatoire semble donc prévue avant l’admission définitive".
Elle revient sur la formation et constate que coexistent un maître de musique et un maître de grammaire, pour poursuivre :
« A leur sortie, ils reçoivent une gratification dont l’importance varie beaucoup selon les églises et le temps de service (…) A la sainte-Chapelle, la gratification atteint 150 livres … «
Enfin, pour compléter ces premiers éléments, nous vous conseillons de parcourir les ouvrages suivants que nous n’avons pas pu consulter :
* Versailles et les musiciens du Roi 1661-1733 / Marcelle benoit, 1971.
* L'enseignement musical en France de 529 à 1972: 71 plans, chronologie, lieux, élèves, maîtres, études, emploi du temps / Philippe Lescat, 2001.
Pour vous répondre, nous nous appuierons sur l'étude d'Alexandre Maral, La chapelle royale de Versailles sous Louis XIV: cérémonial, liturgie et musique :
dans la dernière catégorie de charges, celle de l’apprentissage, figurent les pages ou enfants de la Musique, distincts à la fois des enfants attachés à la Musique de chambre et, beaucoup plus nombreux, des jeunes aristocrates de province élevés à la cour et logés par l’Ecurie. Recrutés par les sous-maîtres de la Chapelle dans les maîtrises du royaume, congédiés au moment de la mue, les pages de la Musique étaient entre six et huit, placés sous l’autorité du sous-maître du quartier. Une somme de 4800 livres était annuellement allouée à un ou plusieurs sous-maîtres pour nourrir les pages, les éduquer et pourvoir à leur entretien. Ils portaient la même livrée que les pages de la Grande Ecurie : veste bleue, culotte rouge, mas n’avaient pas droit aux bas de soie et aux boucles d’argent. Lorsque le sous-maître de quartier était un laïc, les pages dépendaient d’un sous-maitre ecclésiastique, plus compétent pour enseigner le latin et garant d’une bonne moralité. Même si Louis XIV préférait, semble-t-il, les voix de femmes ou de castrats à celles des enfants, la fonction essentielle des pages était de participer à la polyphonie des motets accompagnant la messe basse quotidienne du roi, probablement aussi au plain-chant des messes et offices chantés".
Vous trouverez quelques éléments de réponse dans Henry Du Mont (1610-1684): maistre et compositeur de la musique de la chapelle du Roy et de la Reyne de Laurence Decobert ou Henry Madin (1698-1748) : un musicien lorrain au service de Louis XV/ Jean-Paul C. Montagnier ; préface de Davitt Moroney.
Dans l’ouvrage La vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin parle non pas des pages de la Chapelle royale mais plus généralement des enfants de chœur. Elle explique ainsi que :
" D’après Martin Sonnet, les enfants de chœur ont pour mission de servir Dieu dans le chœur, en participant au rituel, ou en chantant (…) choisis très jeunes, « pene in infantia », ils doivent être en nombre suffisant, huit ou six dans les églises collégiales et dans les paroisses (…) leurs vêtements de teinte rouge dans les églises collégiales et violette dans les églises paroissiales, les distinguent particulièrement. Un bonnet carré noir complète cette tenue parfois modifiée selon la saison et selon qu’ils se trouvent dans l’église ou au dehors. Rasés ils portent une sorte de tonsure entretenue tous les quinze ou vingt jours ainsi qu’aux fêtes solennelles au nombre de dix-neuf fixées sur la liste (…) Ils obéissent en principe à une discipline rigoureuse marquée surtout par un emploi du temps contraignant (…) Après le second repas, ils ont une récréation d’une demi-heure, avant de reprendre le cycle habituel : étude, vêpres, étude, repas, interrompu par un nouveau repos d’une demi-heure ; la journée se termine ensuite par les prières et le coucher . Les heures d’études sont consacrées à la grammaire et au chant ; les enfants apprennent par cœur les formules mélodiques qu’ils chanteront pendant les offices : l’enseignement qu’on leur prodigue semble avant tout oral. Le plus ancien des enfants de chœur – ou après lui, ses successeurs dans l’ordre d’arrivée – se voit confier la responsabilité des plus jeunes auxquels il fait répéter ce qu’ils doivent chanter.
(…)
Dans la plupart des cas, ils restent en service cinq à huit ans, mais le chapitre ou la fabrique prennent l’initiative de les renvoyer avant ce délai si leur voix mue.
(…) les formalités de recrutement varient selon les lieux. A Notre-Dame de paris, à la Sainte-Chapelle du Palais (…) les enfants de chœur sont admis après présentation au chapitre. Ceci provoque un conflit à la Sainte-Chapelle où Artus aux Cousteaux, le maitre des enfants de chœur, prétend procéder seul à l’audition des enfants (…) une période probatoire semble donc prévue avant l’admission définitive".
Elle revient sur la formation et constate que coexistent un maître de musique et un maître de grammaire, pour poursuivre :
« A leur sortie, ils reçoivent une gratification dont l’importance varie beaucoup selon les églises et le temps de service (…) A la sainte-Chapelle, la gratification atteint 150 livres … «
Enfin, pour compléter ces premiers éléments, nous vous conseillons de parcourir les ouvrages suivants que nous n’avons pas pu consulter :
* Versailles et les musiciens du Roi 1661-1733 / Marcelle benoit, 1971.
* L'enseignement musical en France de 529 à 1972: 71 plans, chronologie, lieux, élèves, maîtres, études, emploi du temps / Philippe Lescat, 2001.
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