Question d'origine :
Bonjour,
Dans le texte d'Ahmed Ibn Muhammad al Maqqari, le “Naft al-tib”, plus précisément dans le livre III de la première partie, l'auteur parle de l'avènement de Al Hakam II.
il dit que "Une fois la ba’ia terminée, on permit aux gens de se retirer à l’exception des frères du calife, des vizirs et employés, qui demeurent au palais d’al-Zahra jusqu’à la translation de la dépouille d’Al Nasir -Que dieu ait pitié de lui- à l’alcazar de Cordoue, où il fut enseveli dans la tombe des califes"
Je ne comprends pas pourquoi le corps du prédécesseur de Al-Hakam est transféré du Palais d'Al-zahara à l'alcazar d'al-andalus, quel est le rôle de ces lieux et pourquoi ils sont choisis ?
Merci d'avance !
Réponse du Guichet

Bonjour,
Le texte d'Ahmed Ibn Muhammad al Maqqari, le “Naft al-tib” que vous citez, est reproduit dans les Espagnes médiévales de Denis Menjot. Il explique effectivement que lors de l’avènement d’El Hakam II, le corps de son prédécesseur fut transféré et enterré à l’Alcazar de Cordoue.
Ce texte de Pierre Guichard mentionne (p. 216) le même type de cérémonie (ba’ia) à l’avènement de Abd el-Rahman III qui enterra son grand-père Abd Allah ben Muhammad « dans le « mausolée des califes » (rawdat el-khulafat) de Cordoue. »
De façon générale, l’Alcazar, issu d’un mot arabe signifiant forteresse, était dans les villes musulmanes, « la résidence de l’émir ou du calife et le siège des services administratifs et d’un pouvoir politique qui n’était pas public mais privé, totalement aux mains du chef de l’Etat.»
Cependant, Abd al-Rahman III dit el Nasir, ayant fondé le Califat de Cordoue et voulant démontrer la grandeur de son pouvoir, délaissa le « vieil » Alcazar de Cordoue, et se fit construire une cité-palais Madinat al-Zahra, à environ huit kilomètres de Cordoue. (L’Espagne au Moyen âge VIIIe-XVe siècle p. 66 et p. 81-82).
Pour autant, l'Alcazar sera toujours utilisé par le pouvoir et le mausolée des émirs et califes de Cordoue y resta situé. En effet, l’ouvrage Cordoue des Omeyyades d'Antonio Munoz Molina, nous dit que « C’est dans les jardins de l’Alcazar qu’étaient enterrés les émirs. (p. 76), dans le « panthéon de l’Alcazar ». (p. 206).
C’est aussi ce que mentionne Elias Terrès (p. 337) qui reprend les propos de Léopoldo Torrès Balbas : « Chaque palais royal a aussi coutume de posséder sa rawda, son panthéon, presque toujours dans un jardin ? Citons à ce propos le hadith célèbre : « Certes le tombeau est un jardin (rawda) parmi les jardins du Paradis ». » Léopoldo Torrès Balbas, Cementerios hispanomusulmanes
L’ouvrage Vivre à Cordoue au Moyen Âge : solidarités citadines en terre d'Islam aux Xe-XIe siècles de Christine Mazzoli-Guintard nous confirme les faits : «Au Xe siècle, la fondation d’une ville nouvelle par Abd al-Rahman III entraine une redistribution des marques de pouvoir entre les deux pôles de la nouvelle et vaste agglomération, Cordoue et Madinat al-Zahra. Le calife distribue en effet ces marques de pouvoir tantôt en les doublant, c’est le cas de la grande-mosquée et du palais, tantôt en leur préservant leur caractère unique , c’est l’hôtel de la monnaie installé à Madinat al-Zahra ou la rawda qui reste à Cordoue . » (p. 73). Dans son lexique en fin d’ouvrage, rawda signifie bien "cimetière princier, panthéon de la dynastie".
Vous trouverez deux plans en pièces jointes tirés de l’ouvrage précédemment cité et de Gouverner en terre d’islam X-XVe siècle, qui situent la rawda dans l’espace de l’Alcazar : « Enfin, le panthéon (rawda) de la dynastie omeyyade se trouvait au cœur de l’Alcazar, dans la partie méridionale de celui-ci, entre la citadelle et la zone officielle. »
Vous trouverez dans El Alcázar Omeya de Cordoba plus d’explications en espagnol sur la raison et la signification de la localisation des tombes des émirs ou califes dans un jardin, qui remonterait à une tradition attribuée au Prophète Mahomet.
Sous le règne d’El Hakam II, l’Alcazar se dota aussi d’une bibliothèque prestigieuse. En effet, calife très érudit et collectionneur, il se fit « également édifier dans son palais une immense et magnifique bibliothèque qui aurait rassemblé, selon des sources omeyyades sans doute un peu trop laudatives, jusqu’à 400 000 ouvrages, achetés dans l’Orient islamique comme à Constantinople. » Al-Hakam II (961-976) et l’âge d’or omeyyade
L’Alcazar est devenu suite à la Reconquista, l’Alcazar des rois chrétiens de Cordoue, voir le site espagnol.
Voir aussi :
El Alcázar Omeya
Córdoba Patrimonio de la Humanidad - Historia de Córdoba (cite de nombreux émirs ou califes enterrés à la rawda)
Le texte d'Ahmed Ibn Muhammad al Maqqari, le “Naft al-tib” que vous citez, est reproduit dans les Espagnes médiévales de Denis Menjot. Il explique effectivement que lors de l’avènement d’El Hakam II, le corps de son prédécesseur fut transféré et enterré à l’Alcazar de Cordoue.
Ce texte de Pierre Guichard mentionne (p. 216) le même type de cérémonie (ba’ia) à l’avènement de Abd el-Rahman III qui enterra son grand-père Abd Allah ben Muhammad « dans le « mausolée des califes » (rawdat el-khulafat) de Cordoue. »
De façon générale, l’Alcazar, issu d’un mot arabe signifiant forteresse, était dans les villes musulmanes, « la résidence de l’émir ou du calife et le siège des services administratifs et d’un pouvoir politique qui n’était pas public mais privé, totalement aux mains du chef de l’Etat.»
Cependant, Abd al-Rahman III dit el Nasir, ayant fondé le Califat de Cordoue et voulant démontrer la grandeur de son pouvoir, délaissa le « vieil » Alcazar de Cordoue, et se fit construire une cité-palais Madinat al-Zahra, à environ huit kilomètres de Cordoue. (L’Espagne au Moyen âge VIIIe-XVe siècle p. 66 et p. 81-82).
Pour autant, l'Alcazar sera toujours utilisé par le pouvoir et le mausolée des émirs et califes de Cordoue y resta situé. En effet, l’ouvrage Cordoue des Omeyyades d'Antonio Munoz Molina, nous dit que « C’est dans les jardins de l’Alcazar qu’étaient enterrés les émirs. (p. 76), dans le « panthéon de l’Alcazar ». (p. 206).
C’est aussi ce que mentionne Elias Terrès (p. 337) qui reprend les propos de Léopoldo Torrès Balbas : « Chaque palais royal a aussi coutume de posséder sa rawda, son panthéon, presque toujours dans un jardin ? Citons à ce propos le hadith célèbre : « Certes le tombeau est un jardin (rawda) parmi les jardins du Paradis ». » Léopoldo Torrès Balbas, Cementerios hispanomusulmanes
L’ouvrage Vivre à Cordoue au Moyen Âge : solidarités citadines en terre d'Islam aux Xe-XIe siècles de Christine Mazzoli-Guintard nous confirme les faits : «
Vous trouverez deux plans en pièces jointes tirés de l’ouvrage précédemment cité et de Gouverner en terre d’islam X-XVe siècle, qui situent la rawda dans l’espace de l’Alcazar : « Enfin, le panthéon (rawda) de la dynastie omeyyade se trouvait au cœur de l’Alcazar, dans la partie méridionale de celui-ci, entre la citadelle et la zone officielle. »
Vous trouverez dans El Alcázar Omeya de Cordoba plus d’explications en espagnol sur la raison et la signification de la localisation des tombes des émirs ou califes dans un jardin, qui remonterait à une tradition attribuée au Prophète Mahomet.
Sous le règne d’El Hakam II, l’Alcazar se dota aussi d’une bibliothèque prestigieuse. En effet, calife très érudit et collectionneur, il se fit « également édifier dans son palais une immense et magnifique bibliothèque qui aurait rassemblé, selon des sources omeyyades sans doute un peu trop laudatives, jusqu’à 400 000 ouvrages, achetés dans l’Orient islamique comme à Constantinople. » Al-Hakam II (961-976) et l’âge d’or omeyyade
L’Alcazar est devenu suite à la Reconquista, l’Alcazar des rois chrétiens de Cordoue, voir le site espagnol.
Voir aussi :
El Alcázar Omeya
Córdoba Patrimonio de la Humanidad - Historia de Córdoba (cite de nombreux émirs ou califes enterrés à la rawda)
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