Question d'origine :
Bonjour, Il existe des pilules contraceptives qui bloquent l'ovulation. Or les femmes ont un stock défini à la naissance de follicules ovariens qui vont évoluer en ovules à partir de la puberté et jusqu'à l'épuisement des stocks : la ménopause. Ma question est la suivante : sous pilule contraceptive bloquant l'ovulation, que devient le stock de follicules qui sont censés évoluer en ovules ? Est-ce que les follicules dégénèrent tous seuls ? Ou bien est-ce que l'ovulation est repoussée à plus tard laissant le stock intact jusqu'à l'arrêt de la pilule ? Dans le deuxième cas, est-ce que cela repousse la ménopause et allonge le temps de fertilité ? Merci d'avance pour le temps que vous allez consacrer à ma réponse. Belle journée à vous. Cassi.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 15/10/2020 à 09h37
Bonjour,
Commençons par préciser que nous sommes bibliothécaires, et en aucun cas des professionnels de santé ni des spécialistes. Notre réponse se base uniquement sur les ressources que nous avons trouvées et notre compréhension (limitée!) de ces documents.
Sans contraception hormonale,seuls 300 à 400 follicules sur plusieurs millions parviendront à se développer complètement au cours de la vie d’une femme pour devenir des ovules fécondables. Tous les autres subiront une mort programmée avant la fin de leur développement, appelée atrésie :
« La formation des ovocytes débute bien avant la puberté, puisqu’un nouveau-né féminin est déjà doté de l’intégralité de son capital de cellules germinales. Sur les 2 à 4 millions d’ovocytes contenus par les ovaires à la naissance, appelés ovocytes de premier ordre, seuls 400 environ parviendront jusqu’au stade ultime de l’ovulation. Tous les autres dégénèrent à un moment donné de leur développement, etle stock est épuisé lorsque la femme atteint l’âge d’environ 50 ans, ce qui se traduit par la ménopause .
Chaque ovocyte est inséré dans une enveloppe de protection appelée follicule, qui lui permet de croître et de se développer. Durant leur premier stade de développement, les follicules sont appelés « follicules primordiaux ». Ils sont constitués d’un ovocyte de premier ordre entouré d’une couche unique de cellules appelées cellules de la granulosa. Ces follicules primordiaux restent quiescents jusqu’au début de la puberté, où ils amorcent progressivement leur développement. Ce phénomène s’appelle le recrutement. Il a lieu tout au long de la vie de la femme jusqu’à la ménopause, indépendamment du cycle menstruel. La transformation d’un follicule primordial en follicule primaire puis secondaire s’effectue en plusieurs mois, sans stimulation nécessaire de la FSH (follicle stimulating hormone) ni de la LH (luteinizing hormone) (5). Une période supplémentaire de 71 jours conduit le follicule secondaire jusqu’au stade pré-antral puis antral précoce. Ces follicules mesurent à ce moment-là entre 2 et 5 mm et sont visibles en échographie. Pour environ 500 follicules primordiaux débutant leur développement, seule une dizaine d’entre eux parvient jusqu’au stade antral précoce.
Durant cette période, les cellules de la granulosa prolifèrent et deviennent cuboïdes. Elles se différencient et s’organisent en plusieurs couches concentriques : la thèque se situe au niveau de la couche externe du follicule, autour des cellules de la granulosa à proprement parlé, qui sont elles-mêmes séparées de l’ovocyte par la membrane pellucide. L’ovocyte augmente de taille tout au long de ce processus mais demeure bloqué en prophase de première division méiotique. Peu à peu, un espace rempli de liquide sécrété par les cellules de la granulosa apparaît pour former l’antrum.
Au début de chaque cycle menstruel, de 10 à 25 de ces follicules pré-antraux et antraux précoces commencent à se développer en follicules antraux plus volumineux . C’est à partir de ce pool qu’est sélectionné le follicule ovulatoire dominant, appelé follicule de De Graaf . La thèque, richement vascularisée, se différencie en deux couches, l’une interne où s’établit la stéroïdogenèse, l’autre externe formée de cellules fusiformes en continuité avec le stroma avoisinant. Les cellules de la granulosa sécrètent des œstrogènes grâce à un système enzymatique (aromatase) permettant l’aromatisation des androgènes fournis par la thèque. L’aromatase est sous la dépendance de la FSH, ce qui explique qu’à ce stade la sécrétion d’estradiol soit encore faible. En effet, les cellules de la granulosa ne portent encore qu’un petit nombre de récepteurs à la FSH. C’est seulement au stade antral qu’apparaissent réellement les récepteurs à la FSH, et le follicule sélectionné est donc celui dont les cellules de la granulosa acquièrent le plus rapidement le plus grand nombre de récepteurs à la FSH. Cette sélection se fait généralement à la fin de la première semaine.
Au-delà, l’estradiol et la FSH agissent en synergie pour augmenter à la fois le nombre de cellules de la granulosa et le nombre de récepteurs à la FSH, conduisant le follicule sélectionné à augmenter de taille sous l’effet de la multiplication cellulaire et de l’accumulation de liquide dans l’antrum. L’augmentation du nombre de récepteurs à la FSH et de leur affinité, et la vascularisation périfolliculaire importante dans le follicule sélectionné permettent d’expliquer sa croissance ultérieure malgré la baisse de 50% de la sécrétion de FSH.Cette chute de la sécrétion de FSH, liée à la sécrétion d’inhibine et d’estradiol par le follicule en croissance, entraîne l’arrêt du développement des autres follicules . Ce processus dégénératif est appelé atrésie . C’est un exemple de mort cellulaire programmée ou apoptose. Les ovocytes contenus dans ces follicules en dégénérescence meurent également. »
Source : La contraception hormonale : mode d’action, risques et alternatives, Esther Agnus
Nous trouvons plus de précisions sur le mécanisme de l’atrésie dans la thèse de Lorène Donadel : Culture in vitro de cortex ovariens cryoconservés essai de mise au point d’un modèle de culture au sein du chu de limoges :
« L'atrésie des follicules ovariens est la résultante d'uneatrésie tonique , qui affecte principalement les plus petits follicules, et d'une atrésie cyclique liée au cycle menstruel.
L'atrésie tonique affecte d'abord les follicules de la réserve. Très forte pendant la vie embryonnaire elle diminue jusqu'à environ 35 ans et est la principale cause de l'épuisement de la réserve . Les follicules secondaires sont peu affectés par l'atrésie. Pendant la croissance basale, l'atrésie n'est pas influencée par le stade du cycle. Les follicules préantraux et à antrum débutant présentent un taux d'atrésie élevé (environ 30 %) tandis que les follicules d'une taille comprise entre 0,5 et 2 mm sont moins touchés (environ 15 %). En revanche, l'atrésie des follicules sélectionnables est cyclique et inversement corrélée aux taux de FSH circulants.
- Causes de l'atrésie folliculaire
La production de radicaux libres, qui est une conséquence du métabolisme respiratoire normal, pourrait jouer un rôle clé dans l'induction de l'apoptose au niveau des cellules de la granulosa. En modifiant l'équilibre ionique (ions Ca2+et Mg2+) de la cellule, les radicaux libres conduiraient à l'activation d'une endonucléase déclenchant la cascade apoptotique et la mort de la cellule. Maisune question demeure : qu'est-ce qui induit l'atrésie ?
Il est bien connu que la FSH, mais aussi l'EGF, le TGFα et le FGF2 ont la propriété de prévenir l'atrésie folliculaire. Ainsi, la FSH, pourrait préserver les follicules de l'atrésie en inhibant la production de radicaux libres. Les cellules de la granulosa posséderaient des gènes dont l'expression conduirait à la production de molécules antioxydantes ou destructrices de radicaux libres et réprimant donc la mort cellulaire.La FSH stimule la production d'AMPc, d'EGF, de FGF2, et de divers ligands de récepteurs tyrosine kinase. Ces molécules ont la propriété de favoriser l'entrée dans la granulosa d'acide ascorbique impliqué dans la destruction des radicaux libres.
Paradoxalement, la FSH qui protège le follicule de l'atrésie, induit l'expression d’une endonucléase dont l'activation conduira à l'involution du follicule.
En conclusion, on peut dire qu'aujourd'hui les mécanismes conduisant à l'apoptose des cellules de la granulosa sont mieux connus, même si de nombreux points restent à éclaircir. Au fur et à mesure qu'il grandit, le follicule produit de plus en plus de déchets métaboliques, les radicaux libres, dont l'accumulation est néfaste au développement ultérieur du follicule. Si la FSH est présente en quantités suffisantes, elle permettra aux cellules de la granulosa d'éliminer les radicaux libres ; si elle est en quantités insuffisantes, le follicule s'involuera. Le rôle de la FSH apparaît donc fondamental dans la folliculogenèse puisque non seulement elle soutient la croissance des follicules et prévient leur atrésie, mais contrôle le quota ovulatoire spécifique en dotant les follicules de l'équipement enzymatique permettant d'éliminer les follicules en surnombre. »
Au vu de ces élémentsnous comprenons que la contraception hormonale ne bloque pas l’atrésie tonique, et donc l’épuisement du stock de follicules tout au long de la vie jusqu’à la ménopause . Les ressources que nous avons consultées n’évoquent pas d’effets de retard sur l’âge de la ménopause.
Quelques ressources complémentaires :
- Est-ce que tous les ovules sont fécondables?, rts.ch
- L’atrésie folliculaire, un gaspillage programmé, Danielle Monniaux, Béatrice Mandon-Pépin, Philippe Monget
Bonne journée.
Commençons par préciser que nous sommes bibliothécaires, et en aucun cas des professionnels de santé ni des spécialistes. Notre réponse se base uniquement sur les ressources que nous avons trouvées et notre compréhension (limitée!) de ces documents.
Sans contraception hormonale,
« La formation des ovocytes débute bien avant la puberté, puisqu’un nouveau-né féminin est déjà doté de l’intégralité de son capital de cellules germinales. Sur les 2 à 4 millions d’ovocytes contenus par les ovaires à la naissance, appelés ovocytes de premier ordre, seuls 400 environ parviendront jusqu’au stade ultime de l’ovulation. Tous les autres dégénèrent à un moment donné de leur développement, et
Chaque ovocyte est inséré dans une enveloppe de protection appelée follicule, qui lui permet de croître et de se développer. Durant leur premier stade de développement, les follicules sont appelés « follicules primordiaux ». Ils sont constitués d’un ovocyte de premier ordre entouré d’une couche unique de cellules appelées cellules de la granulosa. Ces follicules primordiaux restent quiescents jusqu’au début de la puberté, où ils amorcent progressivement leur développement. Ce phénomène s’appelle le recrutement. Il a lieu tout au long de la vie de la femme jusqu’à la ménopause, indépendamment du cycle menstruel. La transformation d’un follicule primordial en follicule primaire puis secondaire s’effectue en plusieurs mois, sans stimulation nécessaire de la FSH (follicle stimulating hormone) ni de la LH (luteinizing hormone) (5). Une période supplémentaire de 71 jours conduit le follicule secondaire jusqu’au stade pré-antral puis antral précoce. Ces follicules mesurent à ce moment-là entre 2 et 5 mm et sont visibles en échographie. Pour environ 500 follicules primordiaux débutant leur développement, seule une dizaine d’entre eux parvient jusqu’au stade antral précoce.
Durant cette période, les cellules de la granulosa prolifèrent et deviennent cuboïdes. Elles se différencient et s’organisent en plusieurs couches concentriques : la thèque se situe au niveau de la couche externe du follicule, autour des cellules de la granulosa à proprement parlé, qui sont elles-mêmes séparées de l’ovocyte par la membrane pellucide. L’ovocyte augmente de taille tout au long de ce processus mais demeure bloqué en prophase de première division méiotique. Peu à peu, un espace rempli de liquide sécrété par les cellules de la granulosa apparaît pour former l’antrum.
Au-delà, l’estradiol et la FSH agissent en synergie pour augmenter à la fois le nombre de cellules de la granulosa et le nombre de récepteurs à la FSH, conduisant le follicule sélectionné à augmenter de taille sous l’effet de la multiplication cellulaire et de l’accumulation de liquide dans l’antrum. L’augmentation du nombre de récepteurs à la FSH et de leur affinité, et la vascularisation périfolliculaire importante dans le follicule sélectionné permettent d’expliquer sa croissance ultérieure malgré la baisse de 50% de la sécrétion de FSH.
Source : La contraception hormonale : mode d’action, risques et alternatives, Esther Agnus
Nous trouvons plus de précisions sur le mécanisme de l’atrésie dans la thèse de Lorène Donadel : Culture in vitro de cortex ovariens cryoconservés essai de mise au point d’un modèle de culture au sein du chu de limoges :
« L'atrésie des follicules ovariens est la résultante d'une
La production de radicaux libres, qui est une conséquence du métabolisme respiratoire normal, pourrait jouer un rôle clé dans l'induction de l'apoptose au niveau des cellules de la granulosa. En modifiant l'équilibre ionique (ions Ca2+et Mg2+) de la cellule, les radicaux libres conduiraient à l'activation d'une endonucléase déclenchant la cascade apoptotique et la mort de la cellule. Maisune question demeure : qu'est-ce qui induit l'atrésie ?
Il est bien connu que la FSH, mais aussi l'EGF, le TGFα et le FGF2 ont la propriété de prévenir l'atrésie folliculaire. Ainsi, la FSH, pourrait préserver les follicules de l'atrésie en inhibant la production de radicaux libres. Les cellules de la granulosa posséderaient des gènes dont l'expression conduirait à la production de molécules antioxydantes ou destructrices de radicaux libres et réprimant donc la mort cellulaire.La FSH stimule la production d'AMPc, d'EGF, de FGF2, et de divers ligands de récepteurs tyrosine kinase. Ces molécules ont la propriété de favoriser l'entrée dans la granulosa d'acide ascorbique impliqué dans la destruction des radicaux libres.
Paradoxalement, la FSH qui protège le follicule de l'atrésie, induit l'expression d’une endonucléase dont l'activation conduira à l'involution du follicule.
En conclusion, on peut dire qu'aujourd'hui les mécanismes conduisant à l'apoptose des cellules de la granulosa sont mieux connus, même si de nombreux points restent à éclaircir. Au fur et à mesure qu'il grandit, le follicule produit de plus en plus de déchets métaboliques, les radicaux libres, dont l'accumulation est néfaste au développement ultérieur du follicule. Si la FSH est présente en quantités suffisantes, elle permettra aux cellules de la granulosa d'éliminer les radicaux libres ; si elle est en quantités insuffisantes, le follicule s'involuera. Le rôle de la FSH apparaît donc fondamental dans la folliculogenèse puisque non seulement elle soutient la croissance des follicules et prévient leur atrésie, mais contrôle le quota ovulatoire spécifique en dotant les follicules de l'équipement enzymatique permettant d'éliminer les follicules en surnombre. »
Au vu de ces éléments
- Est-ce que tous les ovules sont fécondables?, rts.ch
- L’atrésie folliculaire, un gaspillage programmé, Danielle Monniaux, Béatrice Mandon-Pépin, Philippe Monget
Bonne journée.
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