Question d'origine :
Bonjour, Dans le cadre d'un module de recherche à l'université, il m'est demandé d'associer un ouvrage scientifique (en l'occurence sociologique dans mon cas) à un roman, à une oeuvre littéraire qui viendrait faire objet de figuration d'un vécu difficile à saisir pour la description sociologique. Le livre de sociologie est "la vie liquide" de Zygmund Bauman. Il y décrit la seconde modernité ( des années 60 à nos jours) qu'il qualifie de "liquide" tant elle se caractérise par des changements, des flux, de l'impermanence contrairement à la première partie du XXème où prédominait les structures, les institutions, les classes, où tout était plus stable et durable. Quel roman pourrait d'après vous le mieux rendre compte de cette nouvelle modernité liquide ? Merci d'avance. Cdt.
Réponse du Guichet
Il paraît hasardeux de désigner LE roman qui peut le mieux rendre compte de la «modernité liquide».
C’est pourquoi il s'avère peut-être plus raisonnable de proposer une sélection de quelques titres permettant de mettre en évidence certains auteurs dont l’œuvre approche le sujet qui vous tient à coeur : l’aspect fluctuant du monde contemporain.
Citons à titre d’introduction l’écrivain britannique James Graham Ballard (1930-2009), qui a commencé à publier dès les années 1950 et dont l’essentiel de l’œuvre s’attache à décrypter le comportement de l’homme contemporain face aux dérives de la modernité. Il est l’un des premiers romanciers à aborder une telle thématique.
Georges Perec (1936-1982) a publié dans les décennies 1960-70. Adepte d'une approche plutôt marxiste, il s’est livré à une description méticuleuse de la société contemporaine.
Cela est sensible dès son premier roman, Les Choses (1965)
Pour plus d’informations, voir l’article Wikipedia et de Sylvie Thorel, dans la revue Roman, n°51, 2011.
Nous ne pouvons omettre de citer La vie mode d’emploi (1978), œuvre monumentale, considérée comme son chef-d’œuvre et l’un des grands romans du XXe siècle.
Voir la présentation proposée par Wikipedia.
Michel Houellebecq (né en 1956), est un auteur qui se présente comme « nihiliste » et que d’aucuns qualifient d’«anarchiste de droite». Toujours est-il que ses romans (Extension du domaine de la lutte, Les particules élémentaires…) constituent une approche frontale et critique de la perte de repères liée à la vie contemporaine.
Il semble pertinent de mentionner plus particulièrement le titre Sérotonine paru en 2019.
Citons à ce propos, un article de Ruth Amar, dans la revue Voix plurielles, 2020.
Pour terminer, mentionnons Emmanuelle Bayamack-Tam (née en 1966), dont les romans évoquent les personnes en marge, les êtres rejetés, les adolescents en souffrance…
Citons simplement ici son œuvre la plus récente, Arcadie (2019), qui aborde le flou entourant la notion de Genre, l’illusion du retour à une vie dégagée des diktats de la société néo libérale et la confrontation avec les migrants.