Question d'origine :
Bonjour (ça ne fait jamais que 6 fois que j'essaye de vous adresser ce message entre vos dysfonctionnements et mes problèmes informatiques. Bref...) Ma question remonte à ma lecture il y a une trentaine d'années du roman Le zéro et l'infini d'Arthur Koestler (l'auteur l'avait publié en anglais et l'intitulé de ma question n'est que la traduction de ce titre. Koestler parlait français, a-t-il choisi ce titre pour la version française ? L'a-t-il approuvé ? Ce n'est pas ma question principale). Pour mémoire, le roman raconte l'histoire d'un certain Roubachof, haut dignitaire d'un régime autoritaire qui vient de tomber en disgrâce avant son procès (genre procès de Moscou). Il est enfermé dans une cellule de prison, à l'isolement et son voisin de cellule engage la conversation avec lui par des coups dans le mur miotyen. Roubachof reconnaît le code et se met à communiquer. Koestler décrit ensuite très bien le principe de base de ce "code" (que je trouve génial, c'est dans les premières pages du roman). Est-ce que Koestler a inventé ce "code" pour son récit ou est-ce qu'il a vraiment existé et servi ? Ce "code" a-t-il un nom ? Quel est son histoire ? (Quand et où a-t-il été créé ? Quel est son inventeur ? Quels en sont les utilisateurs les plus connus ? Certains personnages célèbres ont-ils révélés s'en être servis après l'avoir découvert en lisant le livre ? Justification de cette dernière question: le support papier où j'ai lu le roman contenait un supplément documentaire. Et dedans, il était dit que Artur London avait reconnu s'être inspiré de la défense de Roubachof dans le roman pour élaborer la sienne lors des procès de Prague). Bon courage, je pense que la réponse à mes questions ne doit pas être évident. D'ailleurs, existerait-il un (ou des sites) "documentaires" sur le roman ? Cordialement.
Réponse du Guichet
Bonjour,
La biographie d'Arthur Koestler par Michel Laval se montre particulièrement éclairante pour livrer des clés sur le roman ainsi que sur la genèse des titres anglais et français :
"A. Koestler venait de terminer Darkness at noon ("Les ténèbres à midi") qu'il avait pensé intituler au début "Le Cercle vicieux". C'est sa nouvelle petite amie, une jeune sculptrice anglaise nommée Daphne Hardy, qui lui avait inspiré le titre définitif qu’elle avait extrait d'un vers de Milton : "Oh ! Dark, dark, dark, amid the blaze of noon !"
A. Koestler avait commencé le livre alors que les démocraties occidentales capitulaient à Munich. Il l'achevait moins de deux ans après, à l'heure où l'invasion de la France commençait et où partout le système totalitaire paraissait triompher. C'était la dernière fois qu'il écrivait en allemand. Son destin avait basculé avec celui de l'Europe.
Quand, plus tard, fin 1945, le livre parut en France, Arthur Koestler choisit comme titre : Le Zéro et l'infini. Une formule mathématique qui résumait le paradoxe de la condition humaine et que plus tard Arthur Koestler explicitera en ces termes : "Dans l'équation sociale, la valeur d'une seul vie est nulle ; dans l'équation cosmique elle est infinie."
Le code frappé est basé sur le Carré de Polybe, qui se constitue d'une grille 5×5 de lettres de l'alphabet latin (à l'exception de la lettre K, qui est représentée par C).
Chaque lettre est communiquée en frappant deux nombres, le premier désignant la ligne et le second la colonne. Par exemple, pour transmettre la lettre B, on frappe une fois, on marque une pause, puis on frappe à deux reprises. Il suffit alors de frapper contre le mur ou sur les tuyaux de sa cellule.
Par sa simplicité, ce code s’est imposé comme un précieux moyen de communication entre prisonniers et notamment, durant la guerre du Vietnam.
Inconvénient, le code frappé, par sa simplicité peut être aisément déchiffré. Il peut alors être judicieux d’introduire une clé de cryptage.
Bonne journée,