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Avatar par défaut Commentaire de jybarbier : Publié le 27/04/2021 à 07:15
Bonjour, J'ai récemment poser une question sur la localisation du clos Cusset et j'a depuis trouvé la réponse. La conserve d'eau est repérée sur un plan de Chenavard à l'ouest, entre l'église Saint-Irénée et le bâtiment des Ursulines de la rue Sœur Bouvier, sur les hauteurs de la rue des Trois Artichauts. Elle a fait l'objet d'une fouille de sauvegarde menée en 1991 par Michèle Monin dans une propriété des 1 et 5 Rue Sœur Bouvier. En ce qui concerne mes interrogations concernant la date de découverte du mammouth de Choulans, qui écrit : "C’est à l’occasion du percement d’un tunnel ferroviaire qu’un squelette de mammouth fut mis au jour le 28 octobre 1859, rue des Trois Artichauts, dans la montée de Choulans." j'ai adressé au Musée des Confluence les remarques suivantes : Le percement du tunnel avait commencé dès 1845 et son tracé ne passe pas au dessous de la rue des Trois Artichauts même si l’on retient sa plus grande extension (avant la réalisation des boucles de la montée de Choulans actuelle. Il a été percé par Manini et Debos et ouvert à la circulation en 1856. La date de découverte avancée est donc peu vraisemblable. La Montée de Choulans dans son tracé en boucles aurait été ouverte dès 1858. Ses travaux de construction qui auraient pu donner lieux à de grands travaux sont donc encore antérieurs à l’année 1859 que vous évoquez. En revanche, avant même les travaux qui lui donnèrent naissance, de gigantesques travaux d’excavation avaient été entrepris par Arcis de Chazourne qui avait été adjudicataire d’un marché de remblai destiné à finir de combler les zones humides insalubres qui subsistaient dans le nouveau quartier du sud de la presqu’île gagné en repoussant le confluent du Rhône et de la Saône. Chazourne semble avoir été propriétaire des terrains plus tard inclus dans la grande boucle de la montée de Choulans. Sa maison se situait sur une éminence qui devait culminer vers 238 m dont il aurait exploité les matériaux pour les transporter jusqu’à Perrache via un pont de bois qu’il aurait fait construire à ses frais vers 1828 ; le pont fut partiellement brûlé lors d’émeutes en 1834, réparé puis emporté par une crue en 1840. Le niveau actuel de ce qui fut sa propriété qui est à environ 207 m montre que le terrain fut abaissé d’une bonne trentaine de mètres. En 1830, Nicolas François Cochard dans sa Notice historique de Saint-Just-lès-Lyon annonce explicitement l’ouverture de ces travaux : « De fortes conjectures semblent même indiquer que les deux coupures qui partent, l’une de la porte de Saint-Just, l’autre de Saint-Irénée, et se réunissent à Choulan, au dessous de la maison de Chazourne, ont été creusées à main d’hommes, dans l’objet d’établir une communication du haut de la montagne avec les deux rivières, au point de leur réunion à la Quarantaine, où se trouvait un pont pour leur traversée. La maison de Chazourne, placée à la jonction des deux embranchements, servait de défense et commandait absolument la route.(1) » . Pour opérer les remblais de Perrache, on établit dans ce moment une nouvelle coupure qui rendrait la communication des rives de la Saône avec Saint-Just extrêmement facile, et lierait à Grange Blanche la route de Provence avec celle de Paris par Moulins. Quelques années plus tard, c’est au tour de Joseph François Artaud dans son Lyon souterrain, ou observations archéologiques et géologiques faites dans cette ville depuis 1794 jusqu’en 1836, paru en 1846 de donner des détails supplémentaires qui pourraient éclaircir l’énigme : « Sur la droite, joignant la maison Rougnard, on remarque la pointe d’un tertre, qui semble avoir été un lieu d’observation, ou la base d’une tour pour défendre le passage ; c’est ce que nous apprendrons peut-être par la suite, attendu que ce terrain à été vendu à la ville par M. Chazourne, pour être enlevé et transporté à Perrache (1). (1) M. Cochard pense que les deux coupures de la montagne qui partent, l'une de la porte de St-Just, l’autre de St-Irénée, se réunissant à Choulan au-dessous de la maison de Chazourne, ont été creusées de main d'homme, dans l'objet d'établir une communication du haut de la montagne avec les deux rivières au point de leur réunion à la Quarantaine, où se trouvait un pont pour la traversée. La maison de Chazourne, ajoute-t-il, placée à la jonction des deux embranchements, servait de défense et commandait absolument la route. Pour opérer les remblais de Perrache, dit encore M. Cochard dans une note, on établit dans ce moment une nouvelle coupure qui rendra la communication des rives de la Saône avec St-Just extrêmement facile, et liera à Grange-Blanche la route de Provence avec celle de Paris par Moulins. Voyez Notice hist. sur le bourg de St-Just-lès-Lyon. Lorsque l'empereur d’Autriche, Joseph II, vint à Lyon, on s’empressa de le conduire dans cette île, pour lui faire part des travaux projetés. Je ne vois qu’un moyen pour la combler, dit-il : c’est de prendre cette montagne et de la jeter dessus. Cette idée bizarre, qui paraissait alors impossible, s'exécute aujourd'hui. En coupant le terrain, on a déjà trouvé des débris de tuiles romaines, une muraille antique, des amphores ,etc. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, ce sont des débris de mammouth qu'on a rencontrés à 100 pieds de profondeur. » (à une trentaine de m de profondeur !). Il me semble donc que la découverte du Mammouth remonterait ainsi à une période comprise entre 1830 et 1836 ! Un Arrêt de la Cour royale de Lyon, 2e chamb., audience du 23 décembre 1837. opposant la ville de Lyon à Arcis de Chazourne publié par Bonjour l’année suivante confirme l’ampleur des travaux d’extraction de Chazourne : « Sur le chef relatif aux eaux de sources ou pluviales, qui s'écoulent de la propriété du sieur Chazourne, sur le jardin de la Ferratière. Attendu que si, en principe, les fonds inférieurs sont assujettis, envers ceux qui sont plus élevés, à recevoir les eaux qui en découlent, ce n’est qu’autant que cet écoulement est le résultat de l’état naturel des lieux, et que le propriétaire supérieur ne peut rien faire qui aggrave la servitude. Attendu qu’avant les ouvrages entrepris et exécutés par Chazourne, sa propriété, bien que plus élevée, ne déversait pas les eaux sur le jardin de la Ferratière ; qu’elle n'y arrivent, aujourd'hui, que par la suite d'un abaissement considérable donné à son sol, par Chazourne, et par le changement total des pentes ; Qu'en vain allègue-t-il que ces travaux auraient été la conséquence du marché qu'il avait fait avec la ville ; que rien ne l'obligeait à prendre ses remblais dans un lieu plutôt que dans un autre ; qu'en les enlevant de préférence de sa propriété, il a dû s’attendre que s’il en résultait un tort quelconque, pour les tiers, il serait tenu de le réparer. » Et, dans Lyon ancien et moderne, Léon Boitel, conclut : « Ce méchant pont de bois que vous apercevez là-bas n’a été construit que pour faciliter le transport des terres enlevées à la montagne ! Elle est passé tout entière sur ces arches fragiles ; elle est allée combler nos anciens marais et rendre la salubrité à l’un de nos plus beaux quartiers. M. Arcis Chazourne, avocat, entrepreneur de ces travaux, fit, sous la Restauration, élever à ses frais cette communication avec la rive opposée. Aussi son nom est-il resté à cette construction qui en appelle une autre plus digne de notre cité. » Les inondations du 17 novembre 1840 lui seront fatales. « les ponts de Saint-Vincent, de la Feuillée, de Seguin, de Chazournes, de La Mulatière ont été emportés… » Je vous remercie de votre attention et serais intéressé à recueillir votre avis.

Réponse du Guichet

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Le 27/04/2021 à 08h26

Pièces jointes

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Réponse du Guichet

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Le 27/04/2021 à 09h23

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