Où se trouvait le clos du sieur Cusset
Question d'origine :
Bonjour, Dans la Notice historique sur le bourg historique de St-Just-lès-Lyon de Nicolas François Cochard publiée chez Rusand en 1830, on apprend qu'on vient découvrir dans le clos d'un nommé Cusset, en face du Refuge, les restes d'une.. conserve d’eau de quatre-vingt-dix pieds de long sur dix-huit de large et deux pieds d'épaisseur, d'une construction parfaite. Elle servait sans doute... de décharge aux aqueducs, comme celles des Ursulines et de l'Antiquaille. (Le Refuge pourrait être l'actuelle Maison Saint-Irénée) Joseph-François Artaud, dans son Lyon souterrain, ou observations archéologiques et géologiques faites dans cette ville depuis 1794 jusqu’en 1836, publié en 1846 chez de Nigon donne quelques précisions supplémentaires sur cette découverte : Alors qu'il évoque les grands travaux d'extraction de matériaux entrepris dans sa propriété de Choulans par M. de Chazourne en vue de les enlever et transporter à Perrache pour achever de remblayer les secteurs gagnés en repoussant de confluent, il explique que en coupant le terrain on a déjà trouvé des débris de tuiles romaines, une muraille antique, des amphores ,etc. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, ce sont des débris de mammouth qu'on a rencontrés à 100 pieds de profondeur. Et il enchaine aussitôt L’hiver passé, le sieur Cusset, jardinier, en creusant les fondements d'un pavillon qu'il se propose de faire bâtir, a rencontré dans son clos, sur la hauteur du petit chemin de Choulan, une piscine ou conserve d’eau, d’une construction et d’une conservation parfaites. Sa longueur, dans la direction du midi au nord, est de 92 pieds 6 pouces dans œuvre ; sa longueur, de 18 pieds 10 pouces ; sa profondeur, de 9, et l'épaisseur de ses murs, de 2 pieds, sans compter l'enduit du parement intérieur, de briques pilées, qui est d'un pouce environ. Le massif de ces murs, qui paraissent avoir été faits par encaissement, est un blocage de pierres noires de St-Cyr, concassées, et de ciment extrêmement dur , composé d'un mélange de chaux et de pierres brisées de choin de Fay (1) Je cherche à localiser où pouvait se situer le clos du sieur Cusset. Cette précision est essentielle pour comprendre le rôle que pouvait jouer cette citerne dont le volume serait supérieure à celui de la célèbre et mieux conservée Grotte Bérelle. (Artaud nous apprend en effet le sort réservé par Cusset à sa trouvaille : le sieur Cusset, pour en détruire une partie, a fait jouer la mine, de sorte que les fragments noirs qui ont été partagés sans se détacher du ciment, offrent l'aspect des débris d'une mosaïque à la vénitienne, et nous croyons même que ces blocs, s’ils étaient sciés, seraient susceptibles de prendre le poli. Le même propriétaire a trouvé, au milieu de la paroi du nord de sa conserve, et à 9 pieds de profondeur, deux tuyaux de décharge de plomb, de 3 pouces de diamètre, placés l'un au-dessus de l'autre, à la distance de 18 pouces ; deux autres trous plus petits, d'un pouce de diamètre, se trouvaient en travers, de manière à former la croix, à la distance de 9 pouces. D'après l'inspection des lieux, nous avons jugé que ce réservoir a dû être alimenté par les eaux de l’aqueduc de St-Irénée ; d'autre part, le sieur Savy, entrepreneur, en faisant travailler aux fondements du couvent des Ursulines du Petit Ste-Foy, a trouvé un canal-aqueduc, qui prenait sa direction vers la conserve dont il s’agit. Il paraît que ce réservoir, placé sur le lieu le plus éminent de la montagne , était destiné à fournir de l'eau , soit à des bains, soit à des maisons établies au-dessous. En coupant le terrain de M. de Chazourne, à la montée de Choulan, on a mis à découvert un canal antique de la hauteur d’un homme : sans doute, ce canal est la suite de celui dont nous faisons mention. La découverte de le citerne paraît proche et/ou liée à la découverte d'un Mammouth aux Trois Artichauts mais il m'avait semblé que cette découverte datait de 1859 or Artaud publie son livre en 1846. Et il relate des observations qui auraient été achevées en 1836. Comment expliquer cette différence de date ? Chazourne avait été adjudicataire du marché des remblais de secteur de Perrache et avait dû extraire de son terrain (une éminence au sud du château des Tourelles) des volumes considérables de terre qui n'avaient été possibles que par l'abaissement considérable donné à son sol et par le changement total des pentes. (Le niveau aurait ainsi baissé de près de 30 m, ce qui serait cohérent avec la profondeur à laquelle le mammouth aurait été extrait.) Pour assurer le transport des terres jusqu'à Perrache il avait construit à ses frais un pont de bois en aval du pont d'Ainay. Pont partiellement brûlé en 1834, puis remis en service jusqu'à sa destruction par la crue de la Saône en 1840. Au delà de cette date, il devient problématique qu'une découverte de Mammouth à 30 m sous terre puisse encore intervenir. Merci de votre attention et des informations que vous pourriez apporter sur la localisation des découvertes.
Réponse du Guichet
Bonjour,
En préambule, nous souhaitons indiquer la disponibilité des ouvrages que vous citez concernant le sujet de votre recherche ; ils ont été numérisés et sont libres d'accès sur la bibliothèque numérique de Lyon (Numélyo) :
- Notice historique sur le bourg de St-Just-lès-Lyon / par N.-F. Cochard, 1830.
- Lyon souterrain ou observations archéologiques et géologiques faites dans cette ville depuis 1794 jusqu'en 1836... / Joseph-François Artaud ; publié par Jean-Baptiste Monfalcon, 1846.
Vous nous demandiez de vous aider à localiser précisément la propriété Cusset qui se trouvait au milieu du 19e siècle dans le 5e arrondissement de Lyon, quartier Saint Just/ Saint Irénée et qui d'après vos premières recherches dans les ouvrages précités aurait contenu une citerne ancienne en lien avec les aqueducs gallo-romains qui alimentaient en eau les quartiers de Lyon.
Vous avez finalement trouvé la réponse pour laquelle nous avons de notre côté également effectué des recherches. Nous vous livrons le résultat de nos recherches qui vient confirmer le vôtre et qui nous permet de citer d'autres références.
S’agissant d'archéologie, nous avons consulté l'ouvrage cartographique de la Gaule dressé pour Lyon : Lyon 69 / 2 par Anne-Catherine Le Mer et Claire Chomer ; avec la collaboration de M. Amandry, A. Audra, C. Bellon...
Nous avons effectivement trouvé le relevé d'une fouille exhumant une citerne gallo-romaine mise à jour par le service régional archéologique en 1992 et qui semblerait d'après la localisation et ses dimensions correspondre « probablement » à celle découverte chez M. Cusset telle qu'elle a été également décrite par François Artaud en 1846. En voici l'extrait qui permet de situer cette propriété du Sieur Cusset :
Lors d'une fouille au niveau des n°1-5 de la rue Soeur Bouvier, une citerne gallo-romaine a été mise à jour. Mesurant 30 x 6 m et 2,90 m de profondeur, les murs sont construits en béton de petits galets mêlés de mortier.
La notice descriptive de la fouille est accompagnée d'un croquis de la citerne (figure 677)
Deux références d'ouvrages sont données : celui de François Artaud ainsi que le Bilan scientifique archéologique du Rhône de l'année 1992 par le Service régional de l'archéologie de la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes dont voici également un extrait :
La fouille de la rue Soeur Bouvier à mis au jour une citerne gallo-romaine, quadrangulaire de 30 m de longueur par 6 m de largeur, sur une profondeur de 2,90 m. Les murs sont enduits de tuileau ainsi que le sol. Ce réservoir était couvert d'une voûte maçonnée, dont quelques éléments ont été conservés au-dessus des niveaux de destruction. L'arrivée de l'aqueduc a été repérée sur la face sud du bâtiment et la sortie du réservoir se faisait sur la face nord. Aucun mobilier ne permet de dater la construction de ce bâtiment. Des analyses de briques, provenant de la couverture, apporteront probablement des éléments de datation. Cependant, du mobilier céramique ainsi qu’un lot de moules monétaires permettent de dater l'abandon de cette citerne au cours du llle siècle après J.C.
Pièces jointes
Réponse du Guichet
Bonjour,
Suite à vos lectures, vous remettez en question la date de la découverte du Mammouth de Choulans que l'on peut aujourd'hui admirer au Musée des Confluences. Il semble que la date officielle de l'exhumation du squelette de ce mammouth qui est celle du 28 octobre 1859 n'ait pas fait l'objet de controverse jusqu'à présent.
Nous disposons d'un ouvrage datant de 1918 sur le Mammouth de Choulans ; toutefois celui-ci n'est actuellement pas accessible car il conservé temporairement aux Archives départementales du Rhône et métropolitaines de Lyon dans le cadre des travaux du Silo.
Difficile de savoir si les ossements évoqués à la fois par Nicolas François Cochard en 1830 et par Joseph-François Artaud en 1846 sont en lien avec ceux du Mammouth de Choulans.
Aussi, pour poursuivre vos recherches, nous vous proposons de contacter le service archéologique de la Ville de Lyon situé 10 rue Neyret - 69001 Lyon Tél. +33 (0)4 72 00 12 12 / Mel messagerie.archeologie@mairie-lyon.fr
Si vous obtenez des informations intéressantes de la part de ce service ainsi que du Musée des Confluences que vous avez interpellé, n'hésitez pas à les publier sur le Guichet du Savoir.
Bonne continuation