Source d'un texte d'Eduardo Galeano
Question d'origine :
Un texte d'Eduardo Galeano (1940-2015) circule sur Internet, intitulé "Los emigrantes, ahora". Il commence ainsi : "Desde siempre, las mariposas y las golondrinas y los flamencos vuelan huyendo del frío, año tras año, y nadan las ballenas en busca de otra mar y los salmones y las truchas en busca de sus ríos. Ellos viajan miles de leguas, por los libres caminos del aire y del agua. No son libres, en cambio, los caminos del éxodo humano. En inmensas caravanas, marchan los fugitivos de la vida imposible." Traduction : "Depuis toujours, les papillons, les hirondelles et les flamands volent en fuite du froid, année après année, et nagent les baleines à la recherche d'une autre mer et les saumons et les truites à la recherche de leurs rivières. Ils voyagent des milliers de lieues, sur les voies libres de l'air et de l'eau. Les voies de l'exode humain ne sont pas libres. Dans d'immenses caravanes, les fugitifs de la vie impossible marchent." J'ai vainement cherché la source de ce texte, désireux d'en donner les références. Un livre ? Une revue ? Et a-t-il été publié dans une traduction en français ? Je vous remercie vivement par avance de vos éclaircissements.
Réponse du Guichet
Selon plusieurs sources que nous avons trouvées en ligne, le texte d'
Le texte a été ensuite inséré dans le recueil de
Voici le texte intégral :
Depuis toujours, les papillons, les hirondelles et les flamands prennent chaque année leur envol pour fuir le froid ; les baleines nagent vers d'autres mers tandis que saumons et truites cherchent d'autres rivières. Ils parcourent tous des milliers de lieues sur les libres chemins de l'air et de l'eau.
Mais les chemins de l'exode humain, eux, sont loin d'être libres.
Les fugitifs de la vie impossible se déplacent en caravanes interminables.
Ils vont du Sud vers le Nord et du Levant vers le Ponant.
On leur a volé leur place dans le monde. On les a privés de leur travail et de leurs terres. Il y en a beaucoup qui fuient la guerre mais bien plus nombreux sont ceux qui fuient l'abolition des salaires et le ravage des sols.
Les naufragés de la mondialisation voyagent en s'inventant des chemins. En quête d'un toit, ils frappent aux portes qu'ils trouvent et celles qui s'ouvrent pourtant aux capitaux comme par magie se ferment sur leur nez. Certains parviennent à se faufiler, d'autres sont des cadavres que la mer dépose sur des rives interdites, ou des corps sans nom ensevelis sous la terre qu'ils ont voulu atteindre.
Sebastião Salgado les a photographiés sur plusieurs années, dans différents pays. Il a tiré trois cents images de ce long travail. trois cents instantanés de cette immense mésaventure humaine contenue dans une seule seconde.. Toute la lumière qui est entrée dans l'appareilpour fixer ces imagers correspond à une seconde d'exposition ; un imperceptible clin d'œil du du soleil, un bref instant dans la mémoire du temps.
La bibliothèque de Lyon conserve deux autres ouvrages de Galeano, d'une forme très proche :
-Le chasseur d'histoires [Livre] / Eduardo Galeano ; traduit de l'espagnol (Uruguay) par Jean-Marie Saint-Lu
-Mémoire du feu [Livre] / Eduardo Galeano ; traduit de l'espagnol (Uruguay) par Claude Couffon et Véra Binard ; traduction revue et corrigée [par Alexandre Sánchez]
Un univers riche et poignant que nous vous remercions de nous avoir fait découvrir.
Bonne journée