La représentation allégorique du (ou des) Fleuves
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 10/09/2005 à 13h12
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Question d'origine :
J'étudie une mosaïque romane qui représente les fleuves du Paradis ; leur nom étant indiqué sur celle-ci. Ils sont représentés par des personnages mi-homme, mi-animal. Leur bouche crache des filets d'eau.
Je suis à la recherche d'informations sur la représentation du Fleuve sous la forme d'un personnage crachant de l'eau. S'il s'agit d'une forme issue de la mythologie je souhaiterais savoir quelle est l'origine de ce mythe.
D'avance, merci de vos bonnes trouvailles
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 14/09/2005 à 10h16
Dans les plus anciennes civilisations, l’eau est sacrée comme la source même de la vie. Elle tient ainsi une place essentielle dans toutes les mythologies, et dans toutes les religions. Ses pouvoirs conjugués de vie et de mort en font un élément métaphysique.
La plupart des mythologies, y compris la mythologie chrétienne, intègrent des traditions païennes préexistantes, dans un complexe religieux élaboré qui associe l’eau à la vie et à la mort, à la reproduction et au pouvoir, toujours de façon assez énigmatique. Les divinités primordiales revêtent souvent des formes humaines, animales ou mixtes.
Le culte des fleuves et des eaux courantes a été général chez les Grecs et les Romains, comme chez la plupart des peuples de l’Antiquité. Maxime de Tyr, qui vivait au deuxième siècle de l’ère chrétienne, en témoigne : « Les Egyptiens rendent un culte au Nil, en raison de ses bienfaits ; les Thessaliens au Pénéee , en raison de sa beauté ; les Scythes au Danube, en raison du volume de ses eaux, les Etoliens à l’Achéloüs, en raison des traditions qui le concernent ; les Spartiates à l’Eurotas, parce que c’est la loi ; les Athéniens à l’Ilissus, conformément à des rites mystérieux. »
Dès l’époque homérique, un exemple de cette dévotion nous est fourni par le culte qu’Achille et son père, Pélée, rendent au fleuve de leur pays, le Sperchios. Ephore, historien grec du quatrième siècle avant J.-C., nous apprend que les fleuves etaient en général adorés par leurs riverains, mais que seul l’Achéloüs était tenu pour un dieu par tous les hommes. A Rome, le pater Tiberinus avait sa place dans la religion publique ; à travers l’Empire romain, les fleuves d’Asie Mineure, tels que le Méandre et l’Hermos, le Danube, le Rhin, plusieurs cours d’eau gaulois, la seine, la Marne, l’Yonne, en Espagne, le Baetis apparaissent sur les monnaies et dans les inscriptions comme des divinités que l’on invoque, auxquelles on dédie des sanctuaires et des ex-voto.
Lorsque l’anthropomorphisme fut devenu l’un des caractères distinctifs de la religion gréco-romaine, les divinités fluviales furent presque toujours représentées sous la forme d’êtres humains, d’âge mûr, sinon même avancé, assis ou allongés, le coude gauche appuyé sur une urne d’où l’eau coule ; c’est ainsi qu’on été conçues les statues du Tibre et du Nil ; c’est ainsi que plusieurs fleuves d’Ionie, entre autres le Méandre, sont figurés sur de nombreuses monnaies.
Mais ce type n’est que le terme d’une longue évolution qui s’est produite dans la forme plastique donnée à ces divinités. A l’origine, l’imagination des hommes représenta les fleuves sous la forme animale d’un taureau. Strabon, dans sa Géographie, Elien, dans son ouvrage intitulé Histoires variées, nous en donnent la preuve. Si nous en croyons Strabon, cette image fut sans doute inspirée par le cours torrentiel, souvent désordonné comme les bonds d’un taureau, du principal fleuve de la Grèce centrale, de cet Archéloüs que l’on considérait comme le fleuve-type, le fleuve par excellence. Peu à peu la forme purement animale s’atténua.
On donna au taureau, personnification des eaux fluviales, une tête humaine : ce fut le cas, en particulier, pour le Gélas, le cours d’eau qui arrosait la ville de Géla en Sicile ; puis les fleuves reçurent la forme de jeunes éphèbes, dont le front était encore muni de petites cornes de taureau ; enfin, toute trace de la conception animale s’effaça et la forme humaine l’emporta définitivement.
Cf. In Dictionnaire de mythologie grecque et romaine de Pierre Grimal
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