Question d'origine :
Dans votre réponse précèdente, vous mentionner une évolution de Lugdunum vers Lyon, par étapes "phonétiques" en passant par Luon
Peut on correler celà à un phénomène historique?
la fixation sur "lion" ou "lyon" se déroulant au moyen age, est ce en rapport avec un changement de statut de la ville?
Par ailleurs, on préte à Rabelais , d'avoir utilisé un nom commun alors en vigueur:
Myrlingue. ou peut on retrouver une trace de cette désignation qui voudrait dire: "milles langues"?
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 09/01/2006 à 12h58
Selon l’historien grec Dion Cassius, c’est le Sénat de Rome qui, pour occuper Munatius Plancus, alors gouverneur de la Gaule chevelue, et Lépide, gouverneur de la Transalpine, et éviter qu’ils ne prennent le parti d’Antoine, « leur donna ordre de fonder une colonie pour ceux qui avaient été autrefois chassés de Vienne par les Allobroges et s’étaient établis entre le Rhône et la Saône, à l’endroit où ces fleuves mêlaient leurs eaux. C’est ainsi que, ne faisant pas mouvement, ils fondèrent Lougoudounon – selon l’ancienne dénomination – Lougdounon, comme on dit aujourd’hui… (1)
Amable Audin date la fondation de la colonie du 9 octobre 43 av. JC, mais André Pelletier la situe entre juillet et novembre 43, pendant la guerre de Modène opposant Octave à Antoine.
Au fil des siècles, le nom de Lugdunum glisse progressivement vers Lyon : il devient Lugduum, puis par la formation d’un yod à partir du groupe UG, il devient Lyduum, puis Lyuum. UM se transforme en ON, ce qui donne Lyon au XIIIe siècle, période décisive de l’histoire de Lyon :
Le XIIIe siècle [1180-1320] marque l’ouverture de la ville dont l’acte initiateur est la construction, peu avant 1190, du premier pont sur le Rhône, pont qui a joué un rôle déterminant dans le développement de Lyon.
Temporellement, le pouvoir de l’Eglise de Lyon est énorme. Il s’exerce sur le comté de Lyonnais. L’archevêque et les chanoines-comtes gouvernent ensemble la principauté, sans rivaux parmi les familles nobles… L’emprise économique se traduit par les redevances foncières, les amendes et les tailles levées sur les tenanciers et les justiciables, les taxes perçues sur les marchés et les foires, les droits dus pour l’usage des fours, des moulins et des pressoirs. En dehors du comté, les seigneuries ecclésiastiques possèdent aussi des propriétés dans une vaste région débordant sur la Dombes, le Bas-Dauphiné et le Forez… Peu à peu, face à l’archevêque et aux chanoines, se dressa une nouvelle aristocratie, laïque cette fois, constituée par quelques dizaines de familles bourgeoises dont les revenus provenaient d’activités commerciales : drapiers, pelletiers ; ou juridiques : hommes de loi. Tous pratiquaient la banque et possédaient une ou plusieurs maisons autour de Saint-Paul ou de Saint-Nizier…
…Le premier conflit éclata en 1208 ; il fut réprimé sévèrement par l’archevêque Renaud de Forez. Le conflit reprit en 1267, à la suite de l’arrestation, à la demande des chanoines, de bourgeois lyonnais ; il se prolongea jusqu’en 1320 dans un jeu très compliqué d’influences où les adversaires prirent l’avantage chacun à leur tour… Enfin, en 1320, l’archevêque concédait aux bourgeois une charge de franchise dite la Sapaudine, instituant le Consulat. Une partie de l’administration de la ville revenait à douze consuls élus pour un an par les maîtres des métiers. Relevaient désormais du Consulat une part de la fiscalité, la réglementation de la vie économique, le maintien de l’ordre, l’entretien des fortifications, l’aménagement urbain et l’assistance...
C’est également en 1320 que le lion devient l’emblême de la ville, qu’il s’agisse de celui de la ville romaine ou des comtes du Forez ou que le nom de la ville ait servi d’armes parlantes… (2)
Nous vous laissons libre d'établir un lien de cause à effet entre les évènements historiques et les phénomènes linguistiques qui vous préoccupent...
Dans la préface (signée de Maurice Jacob) de la nouvelle édition de 1976 du roman de Claude Le Marguet Myrelingues la Brumeuse ou l’An 1536 à Lyon sur le Rosne, on lit :
Le préfixe « myria », qui vient du grec, signifie dix mille ou plus généralement une quantité innombrable, indéfinie. Rabelais nomme « Myrelingues », dans le troisième livre de Pantagruel publié à Paris en 1545, une ville « d’au-delà de la rivière Loire ». Claude Le Marguet l’identifie à Lyon où, dans ses célèbres foires, se parlaient simultanément un nombre de langues si grand qu’il était impossible de les compter. Mais le qualificatif de « Brumeuse » est de Le Marquet lui-même, et dans ce livre, dont le personnage principal est bien la ville de Lyon, plusieurs pages excellentes décrivent ce brouillard dont elle est si souvent baignée en hiver… (3)
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