une question qui ne manque pas d'R...

Réponse du service Guichet du Savoir


Comme souvent en matière d'histoire de l'orthographe, les anomalies étymologiques relèvent souvent de distinctions sémantiques :

Courir
Etymologie : XIè siècle : corre, courre ; XIIème siècle : curir, du latin currere "courir".
Courre/courir : l'ancienne forme verbale courre a été très tôt supplantée par courir, formé sur le modèle des verbes en -ir. Estienne, Thierry et Nicot retiennent parallèlement courre et courir, avec la forme conjuguée "les gens couroyent" (1549), et autres graphie avec un seul r. Cotgrave 1611 courir, courre ; Richelet 1680 courir, et sous une deuxième entrée, à l'ordre alphabétique, courre : "Je cours, j'ai couru, je courus, je courrai". Ménage (1675 p.429) : "Monsieur de Vaugelas a fort bien décidé, qu'il faut dire courre le lièvre, courre la poste [...], qu'on dit indifféremment courre fortune, et courir fortune : mais que courre fortune est le meilleur [...]. Et à ce propos voicy une observation de Monsieur de Voiture [...] : "Courre est plus en usage que courir, et plus de la Cour. Mais courir n'est pas mauvais" [...]". Furetière 1690 courir, ou courre. Acad. de 1694 à 1798 inclus retiennent en entrée courir et courre. Acad. 1835 les donne sous deux entrées séparées, avec la spécialisation du deuxième terme comme terme de chasse (chasse à courre). Feraud 1761 courir, et sous courre : "Pour courir se dit en parlant de la chasse seulement, courre le cerf" ; id. 1787, avec la remarque sous courre : "L'usage a changé, et courre fortune ne se dit plus".

source : Dictionnaire historique de l'orthographe française, Larousse 1995.

Le futur je courrai et le conditionnel courrais ont cependant conservé leur origine étymologique.