Question d'origine :
Bonjour,
j'aimerai savoir quelle partie de la banane dégage le plus l'odeur de celle-ci (par exemple la peau, ou la pulple etc), et une explication de ce phénomène à l'échelle moléculaire. (Quelles sont les molécules à l'origine de l'odeur)
Merci d'avance,
Christophe
Réponse du Guichet

Tout d'abord, nous vous rappelons que, tel qu'il l'est indiqué en page d'accueil du Guichet du Savoir, nous ne réalisons pas les travaux scolaires des étudiants à leur place. Voici toutefois quelques informations qui pourront vous aider dans vos recherches.
Comment perçoit-on les odeurs ?
L'odorat est un sens fascinant par sa sensibilité et par sa subtilité à distinguer une multitude de molécules odorantes. La recherche scientifique essaye aujourd'hui de mieux le comprendre.
Perception des odeurs : de l'air au cerveau, des mécanismes complexes
On peut considérer que le système olfactif consiste en un vaste ensemble de détecteurs ; chacun d'entre eux est chargé de signaler la présence d'une forme moléculaire particulière, qui peut être présente sur plusieurs molécules odorantes différentes. Les molécules odorantes, transportées par l'air, atteignent la muqueuse olfactive et après avoir traversé une couche de mucus, viennent se lier sur les neurones olfactifs, extrêmement sensibles. Le système olfactif a le pouvoir de distinguer les molécules odorantes grâce à un grand nombre de protéines réceptrices : "l'identification" de l'odeur sera faite par les différences de structures du couplage aux molécules odorantes.
Les molécules odorantes ont par ailleurs la propriété de présenter, à température ambiante, un grand nombre de conformations différentes qui agissent comme autant de stimuli distincts. Il existe donc un ensemble de protéines réceptrices activées pour une même molécule odorante.
De plus, pour pouvoir analyser cette somme d'informations, le système olfactif est organisé de façon particulière : les millions de neurones olfactifs convergent sur environ un millier de centres "intégrateurs" situés dans le bulbe olfactif du cerveau ; un neurone olfactif donné n'exprime qu'une seule protéine réceptrice et tous les neurones qui expriment la même protéine convergent vers le même centre intégrateur du bulbe olfactif.
Ainsi, l'odeur d'un composé résulte de l'ensemble des centres intégrateurs que ce composé peut activer par l'intermédiaire des différentes conformations de ses molécules odorantes.
Comme il existe environ un millier de centres intégrateurs, les possibilités de codage du système sont astronomiques : ainsi, si des molécules odorantes impliquent entre 4 et 10 centres intégrateurs, ce sont entre 1010 et 1023 combinaisons qui sont possibles !
La concentration : un critère essentiel
Un élément supplémentaire est important à prendre en compte : la concentration de la molécule odorante. A très faible concentration, "l'image" d'activation des centres intégrateurs n'est pas suffisamment différente du "bruit de fond" et l'information n'est pas détectable. A une concentration supérieure, on atteindra le seuil de détection : une odeur indéfinissable. A plus forte concentration encore, "l'image" devient nette et peut alors être comparée à une information déjà mémorisée : c'est le seuil de reconnaissance ou d'identification.
[...]
Un double système pour aider à la reconnaissance des odeurs
Pour être exhaustif, il serait nécessaire d'aborder la contribution d'un autre système sensoriel présent dans les cavités nasales : le système trigéminal dont l'information se combine à celle de l'information olfactive proprement dite, pour établir les caractéristiques de l'odeur. D'autre part, les facteurs cognitifs modulent l'interprétation de l'information sensorielle ; ils dépendent de l'expérience du sujet dans le monde des odeurs.
C'est ainsi que l'apprentissage des odeurs est une tâche très ardue et longue pour le commun des mortels, pour espérer un taux de succès raisonnable dans la détection et la reconnaissance des odeurs, d'autant que, entre sens du flou et du non-dit, l'odorat intéresse plus le territoire de l'émotion que celui de la catégorisation. Le parcours du praticien est donc semé d'embûches dans le contexte de la détermination des performances d'un individu : l'odorat recèle encore nombre d'énigmes pour lesquelles les chercheurs portent toute leur attention.
Didier TROTIER
Chargé de recherche CNRS/Université Paris 7
source : www.cnrs.fr
Pour en savoir plus :
- olfac.univ-lyon1.fr : le système olfactif
- www.ulg.ac.be : Les goûts et les odeurs : les molécules se reconnaissent - Université de Liège
- TPE : composition de la banane
- TPE confiseries
- www.futura-sciences.com
- www.ping.be
- www.ac-nantes.fr
- Les techniques de l'ingénieur (base de donnée accessible depuis la BM de Lyon)
Quelques documents :
- Eloge de l'odorat d'André Holley.
Qu'est-ce qu'une odeur, comment la percevons-nous, ses composants physico-chimiques, le rôle de l'odorat au cours de l'évolution... ?
- ainsi que ces ouvrages
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