Ceux qui aiment un peu trop les animaux
SCIENCES ET TECHNIQUES
+ DE 2 ANS
Le 14/11/2020 à 11h46
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Question d'origine :
Bonjour chers amis et chères amies du Guichet du Savoir, Je souhaitais savoir s'il était possible que certaines formes de rapports sexuels entre humains et animaux soient agréables pour les animaux et si ces derniers sont capables d'être consentants et de prendre du plaisir dans de tels rapports. En effet, le problème moral que pose la zoophilie pourrait probablement être plus facilement résolu s'il était possible de s'assurer d'une telle chose. En vous souhaitant un bon week-end et une bonne semaine malgré cette question qui soulève sans doute des aspects un peu graveleux ! Bien à vous, Alcibiade en personne
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 16/11/2020 à 16h45
Bonjour,
Commençons par rappeler que les actes de zoophilie sur les animaux domestiques ou apprivoisés sont considérés comme des sévices et sont punis par la loi :
«Sévices graves et actes de cruauté
La personne qui exerce, publiquement ou non, des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou qui commet un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, encourt 2 ans de prison et 30 000 € d'amende.
Le tribunal peut décider, en plus, de confier définitivement l'animal à une fondation ou une association de protection animale.
Il peut prononcer également les peines complémentaires suivantes :
• Interdiction, définitive ou non, de détenir un animal
• Interdiction, pour 5 ans maximum, d'exercer l'activité professionnelle qui a permis de préparer ou de commettre les sévices et actes de cruauté. »
Source : service-public.fr
Dans quelle mesure un animal peut-il exprimer son consentement ? Il n’est pas aisé de répondre à une telle question alors que même la réflexion sur le consentement des animaux au travail n’en est qu’à ses balbutiements. D’ailleurs, du point de vue purement juridique, les animaux ne sont pas en capacité de consentir à ce que l’homme leur fait :
« Aux animaux de la catégorie visée par l’article 521-1 du Code pénal, c’est-à-dire domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité, vivant donc sous la puissance de l’homme, tout est imposé. Ils ne choisissent pas d’être transformés en nourriture, en objet d’expérimentations, en spectacle, voire même, lorsqu’ils sont chanceux, en animaux de compagnie.
Le Code pénal se limite à interdire aux individus, y compris aux maîtres eux-mêmes, d’imposer aux animaux certains traitements pénibles et douloureux considérés comme « non nécessaires » pour les fins humaines. Mais, même si la législation s’occupait de créer à leur endroit des obligations positives pour qu’ils vivent plus heureux, comme il arrive dans certains pays, ceci n’aurait rien à voir avec des choix qu’ils seraient supposés exercer sur leur destin. »
Source : Iacub, Marcela. « Protection légale des animaux ou paternalisme ? », Raisons politiques, vol. 44, no. 4, 2011, pp. 79-95.
Dans une vidéo de l’émission Avides de Recherches pour le magazine Mondes Sociaux, Manon Bril reprend les points traités par un article du chercheur Dan Kulick paru en 2017 dans la revue Terrain : Jouir comme des bêtes ?
Le chercheur s’y intéresse, notamment, à la pornographie animalière. Il conclut à leur propos que le consentement et le plaisir animal n’y sont pas pris en compte, mais qu’au contraire l’animal y est systématiquement humilié et maltraité. A de très rares exceptions près, il est toujours drogué et / ou entravé… La représentation du plaisir érotique des animaux en est complètement absente. Ce qui soulève nombre de questions éthiques et philosophiques, non seulement sur la production de ces vidéos (où souvent l’animal n’est pas le seul à être maltraité…), mais aussi sur ce qu’elles reflètent de ceux à qui elles s’adressent.
Il s’intéresse aussi aux « zoos », qui affirment être en mesure de reconnaître les signes du consentement et du plaisir chez leurs animaux :
« Les zoos sont très critiqués car ils transgressent une limite en passant de l’amour ordinaire envers des animaux de compagnie – dans lequel de nombreux propriétaires d’animaux se reconnaîtraient sans hésitation – à la relation sexuelle avec eux, laquelle relève de l’immoralité, voire de la maltraitance aux yeux de la majorité. Pourtant, les zoos affirment qu’ils ont une telle compréhension de leur animal qu’ils sont capables d’obtenir leur consentement en matière sexuelle. »
Mais là encore, ce « consentement » n’est pas sans poser problème, puisqu’il se fonde uniquement sur l’interprétation que fait l’humain du comportement de l’animal. Or, quand il s’agit d’interpréter les comportements des animaux, l’humain tombe facilement dans le piège de l’anthropomorphisme…
Bonne journée.
Commençons par rappeler que les actes de zoophilie sur les animaux domestiques ou apprivoisés sont considérés comme des sévices et sont punis par la loi :
«
La personne qui exerce, publiquement ou non, des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou qui commet un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, encourt 2 ans de prison et 30 000 € d'amende.
Le tribunal peut décider, en plus, de confier définitivement l'animal à une fondation ou une association de protection animale.
Il peut prononcer également les peines complémentaires suivantes :
• Interdiction, définitive ou non, de détenir un animal
• Interdiction, pour 5 ans maximum, d'exercer l'activité professionnelle qui a permis de préparer ou de commettre les sévices et actes de cruauté. »
Source : service-public.fr
Dans quelle mesure un animal peut-il exprimer son consentement ? Il n’est pas aisé de répondre à une telle question alors que même la réflexion sur le consentement des animaux au travail n’en est qu’à ses balbutiements. D’ailleurs, du point de vue purement juridique, les animaux ne sont pas en capacité de consentir à ce que l’homme leur fait :
« Aux animaux de la catégorie visée par l’article 521-1 du Code pénal, c’est-à-dire domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité, vivant donc sous la puissance de l’homme, tout est imposé. Ils ne choisissent pas d’être transformés en nourriture, en objet d’expérimentations, en spectacle, voire même, lorsqu’ils sont chanceux, en animaux de compagnie.
Le Code pénal se limite à interdire aux individus, y compris aux maîtres eux-mêmes, d’imposer aux animaux certains traitements pénibles et douloureux considérés comme « non nécessaires » pour les fins humaines. Mais, même si la législation s’occupait de créer à leur endroit des obligations positives pour qu’ils vivent plus heureux, comme il arrive dans certains pays, ceci n’aurait rien à voir avec des choix qu’ils seraient supposés exercer sur leur destin. »
Source : Iacub, Marcela. « Protection légale des animaux ou paternalisme ? », Raisons politiques, vol. 44, no. 4, 2011, pp. 79-95.
Dans une vidéo de l’émission Avides de Recherches pour le magazine Mondes Sociaux, Manon Bril reprend les points traités par un article du chercheur Dan Kulick paru en 2017 dans la revue Terrain : Jouir comme des bêtes ?
Le chercheur s’y intéresse, notamment, à la pornographie animalière. Il conclut à leur propos que le consentement et le plaisir animal n’y sont pas pris en compte, mais qu’au contraire l’animal y est systématiquement humilié et maltraité. A de très rares exceptions près, il est toujours drogué et / ou entravé… La représentation du plaisir érotique des animaux en est complètement absente. Ce qui soulève nombre de questions éthiques et philosophiques, non seulement sur la production de ces vidéos (où souvent l’animal n’est pas le seul à être maltraité…), mais aussi sur ce qu’elles reflètent de ceux à qui elles s’adressent.
Il s’intéresse aussi aux « zoos », qui affirment être en mesure de reconnaître les signes du consentement et du plaisir chez leurs animaux :
« Les zoos sont très critiqués car ils transgressent une limite en passant de l’amour ordinaire envers des animaux de compagnie – dans lequel de nombreux propriétaires d’animaux se reconnaîtraient sans hésitation – à la relation sexuelle avec eux, laquelle relève de l’immoralité, voire de la maltraitance aux yeux de la majorité. Pourtant, les zoos affirment qu’ils ont une telle compréhension de leur animal qu’ils sont capables d’obtenir leur consentement en matière sexuelle. »
Mais là encore, ce « consentement » n’est pas sans poser problème, puisqu’il se fonde uniquement sur l’interprétation que fait l’humain du comportement de l’animal. Or, quand il s’agit d’interpréter les comportements des animaux, l’humain tombe facilement dans le piège de l’anthropomorphisme…
Bonne journée.
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