Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche des informations sur le commandant Georges Thivel (1868-1915), qui il était et qu’a-t-il fait de sa vie ; tout ce que je sais de lui c’est qu’il était originaire de Tarare et qu’un boulevard porte son nom dans la ville, ainsi qu’un immeuble surnommé « la maison Thivel ». Ce surnom vient-il de ce même commandant ou plutôt de ses descendants ensuite ? Et pourquoi ce surnom pour ce grand immeuble haussmanien ?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/09/2020 à 13h50
Bonjour,
Le Commandant GEORGES THIVEL est né à Tarare le 10 juillet 1868 et est mort pour la France le 25 septembre 1915 dans la Marne.
A la Bibliothèque nationale de France est conservé un ouvrage rassemblant les notes et lettres du Commandant Georges Thivel et de son fils Robert Thivel, tous deux décédés durant la première guerre mondiale : Le commandant Georges Thivel [Texte imprimé], 1868-1915. Robert Thivel, 1897-1918.
Voici une présentation de cet ouvrage extraite de Gallica :
"Le Commandant GEORGES THIVEL (1868-1915). — ROBERT THIVEL (1897-1918). —(Lyon, Imprimerie Rey, 1919) .
On ne saurait trop s'efforcer de conserver et de faire connaître les exemples des héros dont quatre années et plus de guerre ont vu lieu fleurir une si abondante moisson... Comment ne pas lire avec émotion, avec piété le récit de leur vie et de leur mort glorieuse ?... Dans ces pages d'une saisissante précision, qui portent, pour tout litre, deux noms : le nom du père et le nom du fils, avec les dates extrêmes de leur trop courte existence, le lecteur ne trouvera point de « littérature de guerre » au mauvais sens du mot. Nulle recherche de style, nuls vains ornements, mais le simple et noble langage des actes, plus éloquents que tout, dont la tragique beauté demeurera dans le souvenir de ceux qui restent.
C'est le Commandant (GEORGES THIVEL) que nous suivons pas à pas, depuis sa candidature et son admission à Saint-Cyr jusqu'à son départ, comme volontaire, aux armées de 1914. L'âme du fier soldat, du chrétien sans reproche qui écrivit ces notes, s'y reflète fidèlement. Elles donnent une juste image de la vie en campagne, et telle anecdote, comme celle de la « racleuse », tel récit, de combat ou de messe de minuit, sont admirables d'exactitude et de mouvement, de vrai « style militaire », où la sobriété ne nuit pas au sentiment. Et quelle attitude, que celle de cet officier ! Ne vous tourmentez pas à mon sujet dit-il dans une lettre. Tous ceux qui remplissent leur devoir vis-à-vis de notre pays sont dans le même cas que moi. Je suis peut-être un peu plus exposé que les hommes, mais ce n'est que justice, car tout le monde doit servir et donner l'exemple suivant sa situation. » En juin 1915, le
capitaine Thivel passe du 298e au 60e d'Infanterie avec le grade de chef de Bataillon. Le 25 septembre de la même année, il entraîne ses hommes à l'attaque. Il leur avait recommandé : « Si je tombe, ne vous occupez pas de moi, continuez votre chemin. » Il est mortellement frappé, en pleine poitrine, par le feu des mitrailleuses.
Le Commandant Thivel, qui avait été décoré de la Légion d'honneur en février 1915, fut l'objet d'une deuxième citation à l'ordre de l'armée, en ces termes : « Officier de grande valeur, s'est toujours distingué par son courage et son sang-froid. A été tué en montant le premier sur le parapet d'une tranchée pour enlever ses compagnies prêtes à partir à l'assaut. » Il avait tout prévu. On trouva, en double exemplaire, l'un sur lui, maculé de sang, l'autre dans sa cantine, un suprême adieu dont voici la dernière phrase : « Quoi qu'il arrive, ne te laisse pas abattre par la douleur, vis pour nos enfants, et pense que nous nous retrouverons un jour. »"
source : Comment enseigner : bulletin pratique de pédagogie secondaire
On en apprend un peu plus sur ses activités professionnelles dans le Bulletin du Comité des forêts, syndicat central des propriétaires forestiers de France :
" M. Georges Thivel, président du Syndicat forestier du Centre, membre de notre Chambre Syndicale, chef de bataillon au 298e d'infanterie, a été tué par trois balles de mitrailleuses au moment où il entraînait son bataillon à l'attaque, en Champagne, le 25 septembre dernier.
Nos lecteurs se rappellent que, cité à l'ordre de l'armée dans les termes que nous avons fait connaître (1), le capitaine THIVEL avait été fait Chevalier de la Légion d'honneur.
Moi qui connaissais bien l'homme, je n'ai pas été surpris d'apprendre que le Généralissime avait tenu à lui remettre lui-même sa croix de Chevalier, car avec sa chaleur de cœur, son intelligence et sa grande possession de lui-même, sa bravoure devait le porter à quelque action d'éclat particulièrement utile. Il les a multipliées, il a été l'objet d'une seconde citation, il a été promu chef de bataillon sur le champ de bataille, puis quelques mois après, il est mort héroïquement. Quelle perte nous faisons tous !
M. THIVEL, ancien officier de l'active, industriel dans le Rhône, dirigeait un important massif forestier du Cher, 2.000 hectares, détaché de l'ancienne forêt de Grossouvre et dont
il était propriétaire depuis quelques années. Quand je le vis pour la première fois, en hiver 1909, je fus frappé par l'étendue des connaissances forestières qu il avait acquises
en si peu de temps. Ses coupes, belles et productives, étaient balivées, puis analysées, réserve et abandon, avec un soin particulier. Il était visible qu'il adorait les bois. A cette époque, la région forestière qu'il habitait était en effervescence et la veille même de mon arrivée dans son domaine des Bordes, le Syndicat rouge des bûcherons avait coupé, pendant la nuit, 42 réserves de chêne, pleines d'avenir et de belles dimensions, dans un de ses taillis. [...]
Nommé bientôt vice-président du Syndicat forestier du Centre, il organisa la vente en commun de toutes les coupes appartenant aux propriétaires syndiqués, avec un succès qui dépassa toutes les espérances C'était, en effet, un homme d'affaires consommé ; il savait comment prendre l'ouvrier, comment parler au marchand, comment convaincre le propriétaire. Les projets les plus hardis ne lui faisaient pas peur et il savait les mettre sur pied ; bref, il rendit de tels services aux propriétaires forestiers du Centre qu'à la mort de M. MONTSAULNIN, ils le choisirent pour président. [...] "
On retrouve sa fiche dans la base Leonore (Légion d'honneur) et dans la base Mémoire des hommes (cliquer sur l’œil pour la visionner).
Quelques propos écrits par Georges Thivel sont rapportés dans Mémoires de la Grande Guerre - tome 1 au sujet de l'exécution des six Martyrs de Vingré.
Peut-être en saurait-on encore plus sur Georges Thivel en consultant cet ouvrage qui est malheureusement indisponible pour l'instant : Quelques noms de lieux et de rues de Tarare [Livre] / Emile Cherblanc ?
D'après son acte de naissance, Louis Georges Hippolyte est le fils deJean Emile César Thivel , fabricant de mousseline à Tarare, demeurant rue Magdeleine, maison Thivel et de Louise Adrienne Duvillard. (voir à la date du 11 juillet 1868, notice 156)
C'est le père de Georges,Emile Thivel qui a fait construire la Grande Maison Thivel :
" Le chef de famille
Autre aspect important de la personnalité d'Emile Thivel, c'est son rôle en tant que chef de famille.
Ce rôle, Emile Thivel le remplit au-delà même de son foyer et des 5 enfants qu'il a avec Adrienne Duvillard (Louise, Marie, Paul, Antoine, Georges). Très rapidement, on constate en effet qu'il apporte aide, conseils soutien à la famille au sens large, à ses frères et aussi à l'ensemble des membres des familles Thivel, Michon et Duvillard. [...]
Avec la construction de la Grande Maison (1861 à 1863) Emile Thivel joue pleinement ce rôle de chef de famille. Cette maison, il l'a construite pour loger sa famille mais aussi celle de ses deux jeunes frères hyppolyte et Antonin qui jusqu'alors avaient leurs logements propres dans Tarare, lui-même habitant avec sa femme et ses enfants dans la maison de leurs parents rue Serroux. Il confie la construction de cette maison à son cousin par alliance l'architecte lyonnais Henri Feuga.
La bénédiction de la Grande Maison en 1863 par le curé de Sainte-Magdeleine, monsieur l'abbé Condour montre combien charité et famille sont liées dans la vie d'Emile Thivel. En effet, pour cette occasion, Emile Thivel organise une grande fête à laquelle il invite les Vieillards recueillis par les Petites Soeurs des Pauvres dans leur hospice. Ceux-ci traversent Tarare en formant une procession jusqu'à la Grande Maison où ils sont accueilis par Emile Thivel. Un grand déjeuner leurs est servi par l'ensemble de la famille Thivel... "Monsieur Thivel voulait qu'ils fussent les premiers invités...".
source : Tarare et sa région : actes des journées d'études 2011, XXIV / Union des sociétés historiques du Rhône - pages 113 à 147 et page 72 - couverture.
Bonne journée.
Le Commandant GEORGES THIVEL est né à Tarare le 10 juillet 1868 et est mort pour la France le 25 septembre 1915 dans la Marne.
A la Bibliothèque nationale de France est conservé un ouvrage rassemblant les notes et lettres du Commandant Georges Thivel et de son fils Robert Thivel, tous deux décédés durant la première guerre mondiale : Le commandant Georges Thivel [Texte imprimé], 1868-1915. Robert Thivel, 1897-1918.
Voici une présentation de cet ouvrage extraite de Gallica :
"
On ne saurait trop s'efforcer de conserver et de faire connaître les exemples des héros dont quatre années et plus de guerre ont vu lieu fleurir une si abondante moisson... Comment ne pas lire avec émotion, avec piété le récit de leur vie et de leur mort glorieuse ?... Dans ces pages d'une saisissante précision, qui portent, pour tout litre, deux noms : le nom du père et le nom du fils, avec les dates extrêmes de leur trop courte existence, le lecteur ne trouvera point de « littérature de guerre » au mauvais sens du mot. Nulle recherche de style, nuls vains ornements, mais le simple et noble langage des actes, plus éloquents que tout, dont la tragique beauté demeurera dans le souvenir de ceux qui restent.
C'est le Commandant (GEORGES THIVEL) que nous suivons pas à pas, depuis sa candidature et son admission à Saint-Cyr jusqu'à son départ, comme volontaire, aux armées de 1914. L'âme du fier soldat, du chrétien sans reproche qui écrivit ces notes, s'y reflète fidèlement. Elles donnent une juste image de la vie en campagne, et telle anecdote, comme celle de la « racleuse », tel récit, de combat ou de messe de minuit, sont admirables d'exactitude et de mouvement, de vrai « style militaire », où la sobriété ne nuit pas au sentiment. Et quelle attitude, que celle de cet officier ! Ne vous tourmentez pas à mon sujet dit-il dans une lettre. Tous ceux qui remplissent leur devoir vis-à-vis de notre pays sont dans le même cas que moi. Je suis peut-être un peu plus exposé que les hommes, mais ce n'est que justice, car tout le monde doit servir et donner l'exemple suivant sa situation. » En juin 1915, le
capitaine Thivel passe du 298e au 60e d'Infanterie avec le grade de chef de Bataillon. Le 25 septembre de la même année, il entraîne ses hommes à l'attaque. Il leur avait recommandé : « Si je tombe, ne vous occupez pas de moi, continuez votre chemin. » Il est mortellement frappé, en pleine poitrine, par le feu des mitrailleuses.
Le Commandant Thivel, qui avait été décoré de la Légion d'honneur en février 1915, fut l'objet d'une deuxième citation à l'ordre de l'armée, en ces termes : « Officier de grande valeur, s'est toujours distingué par son courage et son sang-froid. A été tué en montant le premier sur le parapet d'une tranchée pour enlever ses compagnies prêtes à partir à l'assaut. » Il avait tout prévu. On trouva, en double exemplaire, l'un sur lui, maculé de sang, l'autre dans sa cantine, un suprême adieu dont voici la dernière phrase : « Quoi qu'il arrive, ne te laisse pas abattre par la douleur, vis pour nos enfants, et pense que nous nous retrouverons un jour. »"
source : Comment enseigner : bulletin pratique de pédagogie secondaire
On en apprend un peu plus sur ses activités professionnelles dans le Bulletin du Comité des forêts, syndicat central des propriétaires forestiers de France :
" M. Georges Thivel, président du Syndicat forestier du Centre, membre de notre Chambre Syndicale, chef de bataillon au 298e d'infanterie, a été tué par trois balles de mitrailleuses au moment où il entraînait son bataillon à l'attaque, en Champagne, le 25 septembre dernier.
Nos lecteurs se rappellent que, cité à l'ordre de l'armée dans les termes que nous avons fait connaître (1), le capitaine THIVEL avait été fait Chevalier de la Légion d'honneur.
Moi qui connaissais bien l'homme, je n'ai pas été surpris d'apprendre que le Généralissime avait tenu à lui remettre lui-même sa croix de Chevalier, car avec sa chaleur de cœur, son intelligence et sa grande possession de lui-même, sa bravoure devait le porter à quelque action d'éclat particulièrement utile. Il les a multipliées, il a été l'objet d'une seconde citation, il a été promu chef de bataillon sur le champ de bataille, puis quelques mois après, il est mort héroïquement. Quelle perte nous faisons tous !
M. THIVEL, ancien officier de l'active, industriel dans le Rhône, dirigeait un important massif forestier du Cher, 2.000 hectares, détaché de l'ancienne forêt de Grossouvre et dont
il était propriétaire depuis quelques années. Quand je le vis pour la première fois, en hiver 1909, je fus frappé par l'étendue des connaissances forestières qu il avait acquises
en si peu de temps. Ses coupes, belles et productives, étaient balivées, puis analysées, réserve et abandon, avec un soin particulier. Il était visible qu'il adorait les bois. A cette époque, la région forestière qu'il habitait était en effervescence et la veille même de mon arrivée dans son domaine des Bordes, le Syndicat rouge des bûcherons avait coupé, pendant la nuit, 42 réserves de chêne, pleines d'avenir et de belles dimensions, dans un de ses taillis. [...]
Nommé bientôt vice-président du Syndicat forestier du Centre, il organisa la vente en commun de toutes les coupes appartenant aux propriétaires syndiqués, avec un succès qui dépassa toutes les espérances C'était, en effet, un homme d'affaires consommé ; il savait comment prendre l'ouvrier, comment parler au marchand, comment convaincre le propriétaire. Les projets les plus hardis ne lui faisaient pas peur et il savait les mettre sur pied ; bref, il rendit de tels services aux propriétaires forestiers du Centre qu'à la mort de M. MONTSAULNIN, ils le choisirent pour président. [...] "
On retrouve sa fiche dans la base Leonore (Légion d'honneur) et dans la base Mémoire des hommes (cliquer sur l’œil pour la visionner).
Quelques propos écrits par Georges Thivel sont rapportés dans Mémoires de la Grande Guerre - tome 1 au sujet de l'exécution des six Martyrs de Vingré.
Peut-être en saurait-on encore plus sur Georges Thivel en consultant cet ouvrage qui est malheureusement indisponible pour l'instant : Quelques noms de lieux et de rues de Tarare [Livre] / Emile Cherblanc ?
D'après son acte de naissance, Louis Georges Hippolyte est le fils de
C'est le père de Georges,
" Le chef de famille
Autre aspect important de la personnalité d'Emile Thivel, c'est son rôle en tant que chef de famille.
Ce rôle, Emile Thivel le remplit au-delà même de son foyer et des 5 enfants qu'il a avec Adrienne Duvillard (Louise, Marie, Paul, Antoine, Georges). Très rapidement, on constate en effet qu'il apporte aide, conseils soutien à la famille au sens large, à ses frères et aussi à l'ensemble des membres des familles Thivel, Michon et Duvillard. [...]
Avec la construction de la Grande Maison (1861 à 1863) Emile Thivel joue pleinement ce rôle de chef de famille. Cette maison, il l'a construite pour loger sa famille mais aussi celle de ses deux jeunes frères hyppolyte et Antonin qui jusqu'alors avaient leurs logements propres dans Tarare, lui-même habitant avec sa femme et ses enfants dans la maison de leurs parents rue Serroux. Il confie la construction de cette maison à son cousin par alliance l'architecte lyonnais Henri Feuga.
La bénédiction de la Grande Maison en 1863 par le curé de Sainte-Magdeleine, monsieur l'abbé Condour montre combien charité et famille sont liées dans la vie d'Emile Thivel. En effet, pour cette occasion, Emile Thivel organise une grande fête à laquelle il invite les Vieillards recueillis par les Petites Soeurs des Pauvres dans leur hospice. Ceux-ci traversent Tarare en formant une procession jusqu'à la Grande Maison où ils sont accueilis par Emile Thivel. Un grand déjeuner leurs est servi par l'ensemble de la famille Thivel... "Monsieur Thivel voulait qu'ils fussent les premiers invités...".
source : Tarare et sa région : actes des journées d'études 2011, XXIV / Union des sociétés historiques du Rhône - pages 113 à 147 et page 72 - couverture.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter