Question d'origine :
Bonjour cher guichet,
Sait-on en quel bois était fait les sarcophages des pharaons ?
J'ai lu que c'était en figuier sycomore pour les personnages les plus importants, mais je ne me souviens plus où, et je n'arrive pas à retrouver cette information.
Un grand merci !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/01/2021 à 15h54
Bonjour,
Assez curieusement, aucun des livres sur les rites funéraires égyptiens que nous avons consultés à la bibliothèque ne donne de précision quant aux essences de bois utilisés pour la construction des sarcophages. Nous pouvons toutefois vous confirmer que le figuier sycomore a été utilisé pour construire des cercueils dans l’Egypte ancienne, comme l’explique l’article « La flore pharaonique d'après les documents hiéroglyphiques et les spécimens découverts dans les tombes » de Victor Loret, paru en 1888 dans les Annales de la Société Linnéenne de Lyon :
« Le Sycomore est l'un des arbres égyptiens dont il nous est parvenu le plus de fragments desséchés dans les tombes, fruits emplissant des corbeilles entières, branches et feuilles placées dans les sarcophages auprès des momies, bois entrant dans la confection des cercueils , des meubles, des statues, dès l'époque de l'Ancien Empire. Des figues de Sycomores sont souvent représentées sur les parois des hypogées, et une peinture de Saqqarah nous montre deux personnages grimpant dans les branches d'un Sycomore, en détachant les fruits et les jetant dans des corbeilles disposées sur le sol.
Le nom égyptien de cet arbre est Nouhi, mot qui revient très souvent dans les textes. Nous savons aussi que le Sycomore était considéré comme un arbre sacré dans un certain nombre de villes et qu'il était placé sous la protection d'Isis et d'Hathôr. En thérapeutique, ses fruits jouaient un rôle très important et sont mille fois mentionnés dans les papyrus médicaux. Le Sycomore était si commun en Egypte que son nom, Nouhi, servait à désigner la plupart des arbres nouvellement implantés sur les rives du Nil. Le Baumier s'appelait «Sycomore à encens »; le Figuier, «Sycomore à figues » ; le Térébinthe, «Sycomore à résine », etc. »
Ce n’était cependant pas la seule essence utilisée à cet effet. L’égyptologue Claire Newton a consacré à ce sujet un chapitre de sa thèse, Mobilier en bois et offrandes végétales de la tombe BE18, Elkab (Nouvel Empire, début de la 18e dynastie), lisible sur Researchgate. Elle y formule l'hypothèse que les essence choisies dépendaient du statut du défunt - les bois se conservant le mieux étant réservés à une élite, des personnes de rang inférieur se contentant de bois plus fragiles, souvent réutilisés :
«2. Bois identifiés
Cercueils
Tous les éléments de cercueils identifiables, que ce soient des planches ou des tenons, sont enbois de cèdre . Cette essence est connue en Égypte comme bois d’importation en provenance probable de Méditerranée orientale à partir du Prédynastique (ASENSI AMORÓS 2003). Le cèdre est également attesté en particulier dans la composition des cercueils, et cela à partir du Prédynastique (GALE et al. 2000: 336; D’AURIA et al. 1988). DAVIES (1995) cite 12 cercueils en cèdre datés du Moyen Empire (conservés au British Museum) provenant de Bersheh et Beni Hassan, et 40 enregistrés en tout jusqu’à cette date pour l’Égypte, toutes périodes confondues.
Pour le Nouvel Empire, le cercueil intérieur de Mesré, de la 18e dynastie, est encèdre , alors que le cercueil extérieur est en figuier , avec le visage en acacia (COLINART et al. 1997). Les panneaux entourant les sarcophages de Toutankhamon sont également en cèdre (HEPPER 1990:4). Dans la tombe thébaine 29 (fouilles ULB), les cercueils n’étaient pas conservés en entier, mais de nombreux fragments sont en cèdre : 13 éléments datés de manière certaine de la 18e dynastie, la plupart appartenant à des planches. Il est dans plusieurs cas associé à des pièces en bois d’essences locales (jujubier et/ou figuier sycomore ) (NEWTON 2002 et données inédites).
Par contraste, les cercueils de la tombe BE 18 à Elkab sont entièrement en bois de cèdre, planches, mortaises et tenons, et les pièces de grande taille ne sont pas composites. Cela implique que contrairement aux cercueils de la TT29, le bois n’était pas un matériau réutilisé, mais représente probablement une première utilisation après importation. On peut penser que cela reflète le statut des personnes pour lesquelles ils ont été confectionnés.Le bois de cèdre est réputé pour sa facilité de travail, sa légèreté, son parfum, sa résistance à la dégradation par les insectes et son imputrescibilité. Le fait que les autres sarcophages en bois de la tombe n’aient pas été conservés (WARMENBOL & HENDRICKX, ce volume) illustre ces qualités remarquables. Cette durabilité était probablement particulièrement bienvenue dans l’effort de conservation des corps dans le contexte égyptien. Cela est renforcé par son utilisation dans le processus de momification, vérifiée au moins pour la Basse Époque. »
Si on en croit un page du blog ancienegypte.fr, qui s’intéresse à la construction d’un sarcophage conservé au Muséum de Perpignan, il n'était pas rare que plusieurs essences soient combinés :
« Le cercueil a été fabriqué à partir de diverses essences de bois: ducèdre (cuve), du ficus (couverture de momie), du sycomore (couvercle extérieur). »
Bonne journée.
Assez curieusement, aucun des livres sur les rites funéraires égyptiens que nous avons consultés à la bibliothèque ne donne de précision quant aux essences de bois utilisés pour la construction des sarcophages. Nous pouvons toutefois vous confirmer que
« Le Sycomore est l'un des arbres égyptiens dont il nous est parvenu le plus de fragments desséchés dans les tombes, fruits emplissant des corbeilles entières, branches et feuilles placées dans les sarcophages auprès des momies,
Le nom égyptien de cet arbre est Nouhi, mot qui revient très souvent dans les textes. Nous savons aussi que
Ce n’était cependant pas la seule essence utilisée à cet effet. L’égyptologue Claire Newton a consacré à ce sujet un chapitre de sa thèse, Mobilier en bois et offrandes végétales de la tombe BE18, Elkab (Nouvel Empire, début de la 18e dynastie), lisible sur Researchgate. Elle y formule l'hypothèse que les essence choisies dépendaient du statut du défunt - les bois se conservant le mieux étant réservés à une élite, des personnes de rang inférieur se contentant de bois plus fragiles, souvent réutilisés :
«
Cercueils
Tous les éléments de cercueils identifiables, que ce soient des planches ou des tenons, sont en
Pour le Nouvel Empire, le cercueil intérieur de Mesré, de la 18e dynastie, est en
Par contraste, les cercueils de la tombe BE 18 à Elkab sont entièrement en bois de cèdre, planches, mortaises et tenons, et les pièces de grande taille ne sont pas composites. Cela implique que contrairement aux cercueils de la TT29, le bois n’était pas un matériau réutilisé, mais représente probablement une première utilisation après importation. On peut penser que cela reflète le statut des personnes pour lesquelles ils ont été confectionnés.
Si on en croit un page du blog ancienegypte.fr, qui s’intéresse à la construction d’un sarcophage conservé au Muséum de Perpignan, il n'était pas rare que plusieurs essences soient combinés :
« Le cercueil a été fabriqué à partir de diverses essences de bois: du
Bonne journée.
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