Question d'origine :
Bonjour, quelle est l'origine des "pieds humides" débits de boissons souvent installés non loin du Rhone ou de la saone ?et comment étaient-ils attribués?
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 16/06/2021 à 12h36
Nous avions répondu en 2007 à une question du guichet sur les Buvettes de Lyon, où nous avions abordé l’origine des « pieds humides ». En voici l'essentiel :
« Elles portèrent successivement les noms pittoresques de "
Comme il n’existe pas une histoire de ces buvettes, il est bien difficile d’en connaître exactement l’origine. Elles font partie des petits métiers qui ont animé la vie lyonnaise pendant très longtemps et encore aujourd’hui.
Voici tout de même quelques informations. Dans le livre Cafés et brasseries de Lyon par Hélène de la Selle, nous pouvons lire ceci :
« Ces buvettes de plein air se composaient d’un comptoir revêtu d’étain, abrité d’un toit et de côtés en bois pour protéger des courants d’air. Un plancher surélevait la tenancière et lui tenait les pieds au sec, contrairement aux consommateurs qui, en cas de pluie, avaient les pieds dans l’eau, d’où ce nom de « pieds humides ». L’échoppe possédait également un fond, orné parfois d’une belle glace.
Après avoir vendu des tisanes et du coco, les pieds-humides ne servirent plus que vins, apéritifs, alcools et cafés. Leur âge d’or fut l’année 1914, où l’on en comptait cinquante-deux dans la ville de Lyon. De nos jours, ils disparaissent les uns après les autres, celui de la place Jean-Macé, avec son décor de céramique, étant l’un des rares survivants »
Les buvettes portèrent au début le nom de bancs de tisane parce que, la municipalité lyonnaise voulant faire diminuer la consommation d’alcool, elles servaient surtout des tisanes et du coco (tisane de réglisse, plus citron). Comme elles ne rapportaient pas assez d’argent, la vente d’alcool fut à nouveau autorisée.
L’une des premières formes de buvette fut sans doute la Buvette Orientale, située près du théâtre des Célestins et ouverte en 1849
Les buvettes lyonnaises étaient installées (et très appréciées) sur les marchés, le long des quais, au Parc de la Tête d’Or, aux arrêts de bus. Jusqu’aux années 1960, elles étaient ouvertes très tôt le matin et proposaient aux ouvriers, soupe, jambon, saucisson et boissons…
Il n’en reste que quelques unes aujourd’hui.
Autres sources :
- La vie lyonnaise autrefois, aujourd'hui par Emmanuel Vingtrinier
- Bistrots de Lyon : histoires et légendes par Bernard Frangin
- Bancs de tisane et pieds humides : article de Germaine Vieux, paru dans la revue Rive Gauche, n°99 »
Pour compléter la bibliographie proposée dans cette précédente question, vous pouvez lire en ligne quelques extraits de livres ou de journaux mentionnant ces « pieds humides » :
Glossaire des gones de Lyon, Adolphe Vachet, 1907, consultable sur Numelyo
p. 264 :
« Pieds-humides : débit en plein vent de boissons variées : bavaroises au lait ou à l’eau, goutte qui tue le ver, sirops et liqueurs, décoction noire et inconnue qu’on décore du nom de café, etc. – L’origine du mot est assez facile à comprendre pour qu’il soit inutile d’insister. – On prétend que les pieds-humides de Lyon réunissent à eux seuls autant de clients que tous les autres établissements de la ville. Le mot est dans le langage ordinaire ; il n’en reste pas moins un petit mouvement d’étonnement quand on entend par exemple une phrase comme celle-ci :
Il est propriétaire d’un pieds-humides. »
Le Littré de la Grand'Côte : à l'usage de ceux qui veulent parler et écrire correctement / Nizier du Puitspelu, pseud. de Barthélémy-Clair Tisseur, 1894.
Voir aux entrées « BANC » et « COCO »
Nous vous conseillons d’explorer les résultats de la recherche « pieds humides» dans la base
Bavard de Lyon n°8, 2 juin 1881, p. 2, article «
En ce qui concerne l’
« Les bancs de tisane. Une discussion s’engage ensuite au sujet de la
M. Foret combat ce projet qui, d’après lui, n’amoindrira aucunement la consommation de l’alcool. Il demande de maintenir la règlementation actuelle.
M. le maire répond longuement et explique les avantages du projet de l’administration.
Ce qu’il faut, c’est enlever à l’ouvrier l’occasion matinale de s’alcooliser. Les bancs de tisane n’y perdront rien, car la consommation du café, du lait et de la soupe augmentera.
Si quelques-uns « ferment boutique », eh bien ! nous les ferons enlever, dit M. le maire, et ça sera toujours cela de moins.
En fin de compte, le projet de l’administration est adopté. »
Pour en savoir plus le fonctionnement de ces concessions (critères, tarifs...), vous pouvez vous tourner vers les Archives municipales de Lyon qui gardent trace des activités des différents services de la ville.
Vous pouvez consulter en ligne :
- Délibérations consulaires (1416-1789) et municipales de Lyon (1790-2000), mais il n'y pas de recherche par mot clé en ligne. Plus de possibilités sont offertes en salle de lecture des archives municipales, lire S’orienter dans les fonds : délibérations
- Bilans annuels de la ville de Lyon. On y trouve le bilan annuel des différents services municipaux, dont un bilan financier. Dans le compte d’administration publié dans le bilan de 1895 (p. 110), on trouve ainsi le « Produit des installations diverses sur la voie publique » :
« Les plus-values qui se produisent depuis quelques années, sont le résultat des
Vous trouverez également sur le site des archives municipales des
- 1125WP/13, VOIE PUBLIQUE : - Installation et vente sur le domaine public : autorisations 1880-1900 (gravure d'un kiosque de propreté) - Bancs de tisane : mise en adjudication, perception des droits et taxes : cahier des charges, état géographique 1891-1899
- 1127WP/44, 1127WP/44 à 1127WP/47, KIOSQUES-BUVETTES dits BANCS DE TISANE : - Renouvellement des concessions d'exploitation : dossiers par kiosque classés par ordre numérique
- 1127WP/43, 1129WP/21, KIOSQUES-BUVETTES : - réglementation de la vente d'alcool 1904-1935 - inspection des kiosques : rapport, état descriptif 1923-1933 - renouvellement des concessions du droit d'exploitation :
- 1129WP/22 KIOSQUE : concessions des emplacements de bancs de tisane et de fleurs : gestion des concessions : contentieux (affaire Biguet), délibérations, rapports et correspondance 1923-1935
Adressez-vous aux archives municipales de Lyon pour connaître les conditions de consultation de ces documents.
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