Qui sont les 43 morts de la journée du 29 mai 1793, où Jacobins et Modérés se sont affrontés ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je sais que lors de la journée du 29 mai 1793 Jacobins et Modérés se sont affrontés. Lors de cette "bataille" 43 morts sont à déplorer mais je ne parviens à trouver la liste de ces morts. Les auteurs et sources que j'ai pu consulter n'évoquent que le nombre de victimes sans plus de précision. Pouvez vous m'aider à trouver cette liste si celle-ci existe? Merci beaucoup.
Réponse du Guichet
La bibliothèque municipale de Lyon possède dans son fonds régional un grand nombre d’ouvrages sur cette période mouvementée et dramatique de l’histoire de Lyon ; toutefois si des répertoires des victimes et des martyrs condamnés et exécutés pendant les combats révolutionnaires ont été établis et sont accessibles dans certaines publications, ceux du 29 mai 1793 semblent plus difficile à trouver.
Avant de répondre précisément à votre question, rappelons les principaux faits et le contexte de cette journée de combat populaire du 29 mai 1793 qui a précédé le soulèvement de Lyon contre la Convention Nationale :
En 1793 le parti républicain se divise à Lyon comme à Paris. L’opposition grandit entre les Jacobins menés par Joseph Chalier, ennemis des aristocrates et les Rolandins proches des Girondins. En février c’est la rupture entre d’une part la municipalité, le Club central et le comité de salut public aux mains des premiers, d’autre part le département et ses sections modérées. Le conflit s’exacerbe au fil d’élections, de démissions et d’arrestations des deux côtés. En mai, Chalier après des discours incendiaires est mis hors la loi. Toute conciliation devient impossible. Dans la nuit du 28 au 29 mai un comité des sections regroupant les commissaires de 22 sections sur 32 s’est constitué et s’oppose à la Municipalité conduite par Bertrand jugée trop montagnarde et ultra-jacobine. Le conflit éclate le 29 mai lorsqu’une dizaine de sections du parti de Chalier s’emparent de l’arsenal, marchent sur l’hôtel de ville et interdisent l’entrée aux administrateurs du département. Les autres sections réagissent aussitôt, elles reprennent l’arsenal, s’organisent place Bellecour et s’apprêtent au combat. Le bataillon de Brutus, section de la Pêcherie est accueilli aux Terreaux par la mitraille, 15 hommes sont tués. Vers 19 h, les sections sont victorieuses. On dénombre 43 morts et 115 blessés. Chalier et le maire Bertrand sont arrêtés avec quelques amis. Seuls Achard, Fernex et Gravier échappent à la rafle. La municipalité est suspendue, Chalier et ses acolytes seront emprisonnés ; il sera guillotiné le 16 juillet. Le 30 mais d’imposantes funérailles sont faites aux Lyonnais d’un parti comme de l’autre, morts les armes à la main.
Sources :
- Joseph Chalier, bourreau ou martyr : 1747-1793 / Georges Eynard ; préface de Monsieur Pierre Savinel. Chapitre XV: Soulèvement populaire du 29 mai. Les insurgés sont maîtres de la ville. Les Jacobins en plein déroute
- 1793 : l'année terrible à Lyon : imprimés, images, documents : exposition, Ville de Lyon, Musée de l'imprimerie et de la banque, 1993 / réalisée par la Commission d'histoire de l'Association Rhône 89
C’est ainsi que cette terrible année du siège de Lyon en 1793 est très documentée. Plus de 900 références apparaissent à notre catalogue en l’interrogeant à "Lyon [et] 1793".
Parmi ces documents certains donnent des listes mais seulement pour les exécutions capitales :
- Lyon sous la Révolution suivi de la liste des condamnés à mort du Baron Achille Raverat publié en 1883 qui fournit la liste des contre-Révolutionnaires mis à mort à Commune Affranchie d’après les jugements rendus par le Tribunal de Justice populaire, la Commission militaire et la Commission révolutionnaire, depuis le 21 vendémiaire jusqu’au 17 germinal de l’an deuxième de la République
- Tableau général des victimes et martyrs de la Révolution en Lyonnais, Forez et Beaujolais, spécialement sous le régime de la Terreur, 1793-1794 d'Antonin Portallier.
Nous avons également les 20 tomes du Mémorial de Lyon en 1793 : vie, mort et famille des victimes lyonnaises de la Révolution, consacrés au total à quarante familles. Il s’agit de la Collection du bicentenaire de la Révolution française à Lyon éditée par l’association Lyon 93 dans les années 1980 et 1990.
D’autre part, pour célébrer le bicentenaire de la Révolution avait été créée à la demande de la municipalité lyonnaise une structure capable d’assumer le devoir de commémoration de la Révolution, à la place de l’association Lyon 93 qui était la seule à l’époque à occuper la scène lyonnaise du souvenir révolutionnaire, celui de 1793. Née alors l’association Rhône 89. Elle organisa alors de nombreux colloques et expositions; elle publia également de nombreux ouvrages, ceux-là même que nous avons consultés pour chercher réponse à votre question sur les morts du 29 mai 1793.
Concernant ces victimes du 29 mai 1793, un projet de monument commémoratif avait fait l’objet d’une commande du maire provisoirement nommé, Jean-Jacques Coindre, à la suite des funérailles imposantes qui se sont tenues le 30 mai 1793. Un article publié dans le Bulletin municipal officiel de la Ville de Lyon n°6043 du 17 février 2014 nous présente le projet architectural de ce monument en forme de pyramide. Ce monument ne verra jamais le jour, Coindre étant condamné à mort et guillotiné le 19 brumaire an II. On imagine alors qu’une liste des victimes de cette journée est passée entre leurs mains.
Source : Un monument expiatoire aux victimes du 29 mai 1793: proposition de l'architecte C.F. Boulard
Toutefois, malgré l’abondance documentaire,nous n’avons pas trouvé la liste des morts et des blessés dressée pour cette seule journée de combat du 29 mai 1793. Dans l’ouvrage Lyon en Révolution : collections du Musée Gadagne en page 71 nous obtenons une précision sur l’origine socio-professionnelle des hommes qui constituaient les sections qui s’insurgent contre le club des Jacobins :
La ligne de partage entre soutiens et détracteurs des Chaliers s’établit entre pauvres et riches. Les sections qui soutiennent les Chaliers, une dizaine environ, sont peuplées de tisseurs et d’artisans pauvres et présentent un pourcentage d’indigents plus élevé que la moyenne de la ville donc un nombre élevé de nouveaux électeurs. Les sections qui s’opposent aux Chaliers sont peuplées de rentiers, négociants et marchands. Par exemple, la section Saint-Vincent a 78 membres en 1791 et 194 en 1793 avec 80 de tisseurs en soie, 2 de négociants et 18 non précisés.
Aussi, nous vous invitons à vous rapprocher des institutions qui détiennent les archives de la ville et de la métropole :
- Aux archives municipales de Lyon, dans la Série I – Police, justice, hygiène (1790-1870) / Evènements et troubles politiques (1789-1815) se trouve un dossier sur l’émeute du 29 mai 1793– Municipalité provisoire – Siège de Lyon: Cote 12/3: Emeute du 29 Mai – comporte 501 pages numérisées
- Aux Archives départementales du Rhône et de la métropole qui conservent les archives judiciaires (cours de justice, prisons), vous pourrez également y consulter cet ouvrage : Collection complète de jugements rendus par la commission révolutionnaire établie à Lyon par les représentants du Peuple en 1793-1794. Toutefois, il concerne surtout les condamnés à mort pendant la révolution à Lyon en 1793-1794
Voici la liste complémentaire des documents que nous avons consultés :
- Notice sur Joseph Chalier / César Bertholon in Revue du Lyonnais, août 1835.
- Le siège de Lyon en 1793 / Poncins Comte de, 1861
- Histoire du siège de Lyon des événements qui l'ont précédé et des désastres qui l'ont suivi... : depuis 1789 jusqu'en 1796 / Aime Guillon de Montléon abbé
Autres questions du Guichet du Savoir sur le même sujet :
Question d'origine :
Mon message s'adresse à Guiaura, au sujet : https://www.guichetdusavoir.org/question/voir/131315
Pourquoi chercher la liste des morts de cette journée. J'ai un aïeul, Aimé BLANC, canut de son état, qui est vraisemblablement mort des suites des combats. En effet, celui-ci est mort "accidentellement" le 1er juin 1793, à l'age de 24 ans. Mais nous ne connaissons pas sa véritable destinée
Reformulation :
Réponse du Guichet
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