Est-ce que Google ou mon ordinateur me flique ?
Question d'origine :
Est-ce que Google/mon ordinateur me flique? Avec des proches, on est plusieurs à constater la même chose : quand je parle de quelque chose, juste oralement, sans que Siri soit activée, Google/facebook me propose une page en lien avec le sujet de discussion. A supposer que nos ordinateurs nous espionnent, est-ce que des juristes n'ont pas fait des recours contre ça?
De quoi passer pour parano, j'en conviens, mais je suis sûre que vous aurez des réponses rationnelles.
Merci d'avance.
Réponse du Guichet
S'il est indéniable que les assistants vocaux écoutent nos conversations, il est moins certain qu'elles soient enregistrées et exploitées à des fins commerciales. Ce sont plutôt les interactions que l'on peut avoir avec ces outils tout comme les multiples applications avec lesquelles ils interagissent qui pourraient générer une publicité ciblée. Des actions ont été menées devant la justice américaine.
Bonjour,
Nous vous invitons à consulter cet article paru sur Start, site du journal Les Echos : Nos téléphones nous écoutent-ils vraiment ?
Mathieu Cunche, enseignant-chercheur à l'Insa-Lyon et l'Inria, spécialisé dans la protection des données personnelles, explique que les assistants vocaux comme Siri, Alexa, « OK Google » nous écoutent effectivement puisqu'ils attendent le signal pour s'activer.
Mais ils sont censés ne plus analyser les conversations enregistrées à notre insu. Elles l'ont été alors que les assistants se déclenchaient sans avoir réellement été sollicités. On parle ici de "faux positifs". Ces études de conversation réalisées par de vrais humains étaient censées être utilisées afin d'améliorer l'intelligence artificielle (IA) et non à des fins commerciales. Nous vous laisserons consulter l'article écrit par Olivier Tesquet pour Télérama consultable en texte intégral dans notre base Europresse : Siri, l’assistant vocal d’Apple ? C’est une taupe !
Comment expliquer l'apparition de ces publicités ciblées ?
Ce chercheur indique que la raison la plus plausible viendrait des requêtes que nous adressons aux assistants vocaux ainsi que les traces laissées dans les multiples applications de nos smartphones qui interagissent entre-elles.
votre application de jeux A est active, et par un tracker (un petit logiciel contenu dans l'appli) elle s'est connectée à l'application B qui est votre réseau social préféré. Par ce tracker, l'app A a accès aux informations contenues dans la B. « Il est possible que par des subterfuges bien enfouis dans l'architecture de nos applis préférées, des sociétés malveillantes ou avides de profit, aspirent nos données pour ensuite nous profiler et cibler leurs offres », décrypte le spécialiste. Avant de nuancer : « Légalement pour avoir accès à d'autres applications ou à des éléments du téléphone, comme le micro, une appli doit demander l'autorisation à l'utilisateur, mais c'est là encore très compliqué de vérifier. » [...]
« La quantité de données que l'on laisse sur son smartphone est considérable, on a tendance à la sous-estimer. Et il ne faut pas oublier qu'elles sont combinées à la puissance de calcul d'algorithmes toujours plus puissants, en constant progrès. Nos soupçons de surveillance généralisée sont légitimes. »
Voici ce qu'indique par ailleurs la CNIL dans son livre blanc intitulé "À votre écoute : Exploration des enjeux éthiques, techniques et juridiques des assistants vocaux" pages 31 et suivantes :
" Bien souvent, il est nécessaire de créer un compte utilisateur pour pouvoir profiter pleinement des options proposées par l’assistant. Les grands constructeurs proposent ainsi de lier directement les échanges avec leurs assistants à des comptes utilisateurs déjà existants pour utiliser leurs produits (email, agenda, magasin en ligne, etc.). Ainsi, le profil des utilisateurs se trouve alimenté (dans le cas d’un nouveau compte) et complété (dans le cas d’un compte existant) par les différentes interactions de l’utilisateur avec l’assistant : habitudes de vie (heures de lever et de coucher), réglages du chauffage, goûts culturels, achats passés, centres d’intérêt, etc. En permettant ainsi d’enrichir les informations déjà existantes sur un utilisateur, il est possible de mettre en œuvre des campagnes publicitaires plus ciblées, d’offrir des propositions commerciales plus fines et corrélées aux informations collectées, etc. Un tel positionnement fait cependant apparaître une tension entre la mise en œuvre d’un modèle de profilage centré sur l’individu et le caractère potentiellement très collectif de l’assistant, par exemple lorsque déployé au sein d’un foyer. Si l’assistant vocal peut permettre de collecter des informations nombreuses sur le collectif au sein duquel il est déployé, une multiplication des utilisateurs peut également être source de confusion pour les modèles personnalisés, avec par exemple des propositions commerciales ou annonces publicitaires de biens ou services qui pourraient être faites suite aux interactions d’autres personnes avec l’assistant (conjoint, enfants, etc.)."
En outre, les recherches de nos amis pourraient également être prises en compte.
"Damien Bancal, blogueur spécialisé en sécurité informatique, explique à BFM TV que cette hypothèse est tout à fait envisageable. Selon lui, «si mes amis se trouvent dans les mêmes boutiques que moi et que les algorithmes le détectent, il sera alors possible de proposer des produits ou des promotions à ce groupe».
Il ajoute que les algorithmes n’ont même pas besoin de vous localiser dans un même lieu. Par un croisement d’informations (mentions, «j’aime», commentaires, recherches) ils sont en mesure de vous suggérer des produits auxquels vous n’auriez peut-être pas pensé mais qui correspondent à vos besoins."
source : Nos téléphones nous écoutent-ils vraiment ?, article de pour Presse Citron
Google et Facebook créent pour chaque utilisateur un “double numérique”
Dans un article intitulé "Votre téléphone n’espionne pas vraiment vos conversations – la vérité pourrait être plus effrayante" "un ancien employé de Google explique que Google et Facebook se servent principalement d’un avatar numérique qui vous représente et essaie d’imiter votre comportement grâce aux méthodes de l’apprentissage automatique. À un moment, votre remplaçant numérique vous ressemble tellement qu’il peut anticiper vos besoins et vos désirs. "
source : Smartphones sur écoute : mythe ou réalité ?
Est-ce que des juristes ont entamé des recours ?
Si une plainte a été retoquée en début d'année aux États-unis, il semblerait qu'en septembre un juge en ait décidé autrement :
- Assistants vocaux : Apple et Google accusés d'écouter même lorsqu'ils ne devraient pas
- Des plaintes accusent Siri, Alexa et Google d'écouter quand ils ne sont pas censés le faire
Affaire à suivre !
Bonne journée.