Quelle a été la durée de réalisation de la statue Apollon et Daphné par Le Bernin ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je voudrais savoir si l'on a idée du temps que le Bernin a pu consacrer à réaliser une statue comme Apollon et Daphné.
Merci beaucoup.
Réponse du Guichet
La sculpture de Le Bernin, Apollon et Daphné, a été réalisée entre 1622 et 1625. Majoritairement achevée en un an, elle est finalisée en 1625. Quelques parties auraient été réalisées par Finelli, un des principaux collaborateurs du Maître.
Bonjour,
La sculpture de Le Bernin, Apollon et Daphné, fait partie d'un groupe de quatre statues : Énée et Anchise fuyant Troie (1619-1620), Pluton et Proserpine (1621-1622) et David (1623-1624). Elle a été réalisé entre les années 1622-1625 selon Wikipédia. Le site Panorama de l'art ajoute que
trois ans sont nécessaires à la réalisation de la sculpture, un long délai qui s’explique par la complexité de l’œuvre et la minutie du travail effectué. Mais, à peine exposée, elle suscite une admiration unanime et elle est considérée comme un chef-d’œuvre, grâce à sa composition si inventive et au rendu subtil des différentes textures : les corps lisses et très polis contrastent avec les plis profondément creusés et mats du manteau d’Apollon et avec l’écorce rugueuse qui couvre les jambes de Daphné, dont les doigts et les longs cheveux ondulés se terminent en feuilles de laurier mates, aux nervures bien visibles. À l’époque, on admire particulièrement la capacité de l’art à imiter la nature. Ce dynamisme, cette mise en scène dramatique, ce traitement du marbre sont caractéristiques de l’esthétique baroque.
Mais le site de la Galerie Borghèse à Rome où elle est conservée, précise que
la majeure partie du travail a été achevée en 1622-1623. Cela a été suivi d’une courte pause, probablement associée à la création de la sculpture « David ». L’œuvre plastique basée sur le poème d’Ovide acquiert ses formes définitives en 1625.
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Selon une version, Bernini n’a pas terminé le travail sur la statue seul, le sculpteur a été assisté par son élève, Giuliano Finelli. On pense que c’est grâce à la contribution d’un apprenti talentueux que des détails habilement faits (branches, écorce, cheveux ébouriffés) sont apparus dans la sculpture, aidant à transmettre la transformation de Daphné de nymphe en arbre. Dans le même temps, de nombreux critiques d’art ont tendance à ne pas exagérer l’importance du rôle de Finelli.
La participation de Finelli est confirmée par Jacques Tcharny, historien d’art, conférencier, spécialiste de la sculpture :
... les passages sculptés les plus complexes de la chevelure de Daphné, ainsi que ceux de la « transmutation » du corps en écorce, furent réalisés au foret par Finelli, un des principaux collaborateurs du Maître. Son intervention aboutira à cette démonstration de ce que peut créer un outil nommé trépan…
Le travail du marbre propre à Le Bernin qui alterne des parties rugueuses, polies et ciselées sans rien laisser à l’état brut, agit sur le rendu réaliste des corps à la peau et la musculature si fines qu'ils sembleraient presque être sur le point de frémir. Les expressions des visages, les torsions des personnages, la poursuite du dieu et la métamorphose de la nymphe entrent en résonance avec la volonté du sculpteur qui opère comme un metteur en scène grâce à la composition hélicoïdale de sa sculpture et en l'installant de manière à ce que le spectateur tourne autour.
la draperie du dieu aux plis profonds est fouillée, détaillée, dans une hallucinante vérité des corps au réalisme poussé. Les attitudes corporelles amplifient l’apparence dramatique de la scène (de théâtre) à laquelle nous assistons. Leurs torsions sont violentes, criantes, existentielles pourrait-on dire. Apollon se précipite pour « s’emparer » de la nymphe apeurée. Sa jambe gauche est dans l’espace, accentuant l’effet de « vitesse » de ce sprinter avant l’époque. Son drapé est indépendant du corps, prouesse technique inconnue jusqu’alors dans le travail du marbre. Daphné, par une ultime tentative désespérée, semble sauter dans une sorte de vide créé par les cieux… Déjà, commence la métamorphose… Apollon ne comprend visiblement pas l’événement…
Stricto sensu, le travail de la chevelure du dieu est extraordinaire : les boucles minuscules formant de petites torsades. Sur la coiffure de la nymphe, un fin travail du ciseau alterne avec des parties moins précises. Le tout accentuant le vérisme de la création. Mais là où des « records olympiques » sont atteints, c’est dans le rendu des zones en cours de transformation telles les orteils devenant racines, l’écorce d’arbre qui commence à cerner la belle fille, ou les doigts des mains mutant en branches de laurier…
Cette œuvre est la résultante d’une incroyable prouesse technique car Bernin, par un coup de génie unique, réussit l’exploit de montrer, dans le même instant, la poursuite du dieu et la métamorphose de la nymphe.
Source : Jacques Tcharny
La composition, très dynamique, forme une ligne oblique qui commence par la jambe gauche levée du dieu, se prolonge par le corps nu de Daphné et se termine par ses bras levés au ciel. Les pieds de la jeune fille prennent racine, l’écorce monte le long de ses jambes et les emprisonne, soulignant son immobilité nouvelle. Ses bras et ses cheveux se terminent désormais en rameaux couverts de feuillage. Sa bouche, grande ouverte, exprime la frayeur. Le Bernin veut mettre en scène sa sculpture, qui se trouvait à l’origine contre un mur et non au centre de la pièce comme aujourd’hui : le visiteur apercevait en premier Apollon de dos, puis découvrait Daphné en se déplaçant sur le côté droit du groupe, celui qui met en valeur le déroulement de l’action.
Source : Panorama de l'art
Puis Apollon prononça les mots suivants:
«Désormais, puisque vous ne pouvez pas devenir mon épouse, vous deviendrez mon arbre! Arbre de laurier! Une couronne de vos feuilles ornera ma tête. Ma lyre et mon carquois pour flèches seront fabriqués de vos branches. Vous serez partout avec moi, vous entendrez comment se font entendre de joyeuses exclamations glorifiant les victoires des généraux romains, vous verrez comment les gens se rassemblent sur la place du Capitole pour assister à des processions militaires solennelles. Vous vous tiendrez à la porte de l’empereur, servant de sa garde dévouée. Les cheveux gris ne toucheront jamais mes cheveux dorés, donc votre feuillage restera à jamais vert et jeune. »
Source : Galerie Borghèse
Bonne journée.