Que savez-vous sur l'histoire des Templiers à Lyon ?
Question d'origine :
histoire des templiers à lyon
Réponse du Guichet

Votre question est très vaste. Nous allons tenter de vous proposer une courte synthèse sur l’histoire des Templiers à Lyon puis de vous fournir des références bibliographiques à consulter afin d’approfondir le sujet, en sachant toutefois qu’il n’existe pas d’ouvrage spécifique sur les templiers à Lyon.
Notre synthèse ci-dessous est basée principalement sur la consultation de ces ouvrages et articles :
- La commanderie du temple de Vaulx [Livre] : templiers et hospitaliers en Dauphiné et en Lyonnais / rédaction, Jean-Paul Dell'Ova
- L'ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, 1124-1312 [Livre] : ordres militaires, croisades et sociétés méridionales / Damien Carraz
- Lyon et les templiers [article] / Rive gauche ; n°129, juin 1994, p. 15-20 ; n°130, sept. 1994, p. 3-9
Les débuts et l'organisation de l'ordre des Templiers
Dans le contexte de la croisade prêchée par le pape Urbain II en 1095, le chevalier Hugues de Payns organisa, en 1119, la milice des Pauvres Chevaliers du Christ au service des chanoines du Saint-Sépulcre à Jérusalem. En 1127, 7 années après avoir établi les fondements de l’ordre du Temple, Hugues de Payns s’embarque pour l’Europe avec quelques frères afin d’obtenir de l’Eglise d’Occident la reconnaissance de son institution et de la faire connaître auprès de ses fidèles. Après le Concile de Troyes qui consacre l’approbation de la règle, Hugues et ses frères se dispersent pour essaimer l’ordre et susciter aumônes.
Les premières structures du Temple en Occident datent du XIIe siècle avec la création de la commanderie de Jalès en Ardèche. A Lyon, les Templiers s’installeront vers en 1176.
Placés sous l’autorité directe du pape, les ordres développent rapidement hôpitaux et temples. Les ports templiers de Lyon et de Vienne sont des centres urbains qui regroupent les commanderies lyonnaises et dauphinoises dépendant de la province de Bourgogne.
En mai 1273, Guillaume de Beaujeu est élu maître du Temple. Sa famille est liée aux Capétiens. Sa première tâche sera d’assister au IIe concile de Lyon qui s’ouvre en mai 1274, avec pour programme l’organisation de la croisade et la réforme des ordres militaires. Il meurt en 1291 lors du Siège de Saint-Jean-d'Acre en Terre sainte.
Les Templiers à Lyon
On ignore la date de l’implantation exacte des Templiers à Lyon. Le 1er acte connu attestant de leur existence à Lyon date de 1176 est le testament d’Etienne de Rochetaillée.
La commanderie du Temple se trouve dans le couvent des Célestins qui longeait le quai des Célestins ; aujourd’hui il reste la voûte de la porte du couvent place Antonin Gourju, qui donne accès à la rue des Templiers. Le port du Temple se trouvait sur la Saône, face à l’actuelle passerelle du palais de Justice. Leur commanderie, chapelle, grange et communs occupaient l’emplacement du théâtre et de la place des Célestins sur un vaste enclos de jardins, vignes et vergers qui longeait la rue Port-du-Temple, jusqu’au couvent des Dominicains, dits aussi couvent des Jacobins en raison de l’église Saint-Jacques qu’on leur avait donné à Paris. Leur couvent à Lyon, mitoyen au temple a été édifié en 1236 sur des terrains donnés par l’abbaye d’Ainay dans le quartier Confort situé sur l’actuelle Place des Jacobins.
C’est donc une grande partie du centre-ville, depuis l’église Saint-Nizier jusqu’à la place Bellecour qui était occupée par le Temple, le couvent des Jacobins et la commanderie de Saint-Antoine. La via intermedia publica était l’actuelle Rue Mercière.
En 1343, les frères Templiers bâtirent sur la paroisse de Chaussagne leur métairie dite «Grange blanche», terre sur laquelle est aujourd’hui installée l’Hôpital Edouard Herriot.
De 1270 à 1275, le commandeur du temple de Lyon était le frère Humbert de Payraud et reçut dans son ordre son neveu Hugues de Payraud qui deviendra Visiteur Général des Maisons de la Chevalerie du Temple.
Deux conciles importants eurent lieu à Lyon : en 1244 et en 1274.
La fin de l'Ordre des Templiers
La réussite générale des Templiers dans la gestion de leurs domaines féodaux et surtout dans les affaires de finance va inévitablement attiser les jalousies et les suspicions, d’autant qu’après la défaite de Saint Jean d’Acre en 1291, les templiers chassés de Terre Sainte cesseront toute activité militaire, notamment des rois de France et en particulier de Philippe le Bel. Peu à peu l’implacable procédure se met en place contre les Templiers soupçonnés de mœurs infâmes
Suite à l’arrestation du Frère Hugues de Payraud en 1306, la chasse aux Templiers est ouverte et leurs biens confisqués par l’Eglise. En 1308, des commissions d’enquêtes diocésaines sont menées pour décider du sort de l’ordre. Guillaume de Paris, grand inquisiteur de France avait demandé à tous les prieurs dominicains d’agir contre les templiers afin de les livrer à un tribunal inquisitorial. Les frères prêcheurs de Lyon, appelés Jacobins, furent effrayés et attristés d’apprendre les terribles accusations dont leurs voisins étaient l’objet. Déjà des templiers ont fui Lyon. Toutefois, le 19 avril 1311, Pierre de la Palud, 32 ans, dominicain du couvent des Jacobins à Lyon est interrogé comme inquisiteur à Paris.
Le Concile de Vienne s’ouvre en octobre 1311. L’affaire des templiers, le projet de croisade et la réforme de l’Eglise en sont au cœur. Clément V invite officiellement les templiers à venir défendre l’ordre. 9 chevaliers du Temple déclarent que 1500 à 2000 autres frères font cause commune dans la région. Le pape s’alarme et les fait mettre en prison. Le 2 mai le pape fait connaitre sa décision: il transfère les biens aux hospitaliers, sauf pour la péninsule ibérique. Le 18 mars 1314, Jacques de Molay, le dernier grand maître du Temple, et Geoffroy de Charney qui se sont rétractés sont traités de relpas et brulés vifs à Paris. De cet évènement qui a fortement marqué les esprits sont nées des légendes encore vivantes aujourd’hui : malédiction, trésors cachés, activités secrètes, connaissances occultes, pratiques mystérieuses voire sataniques attachées à la mémoire des templiers.
Après la disparition de l’ordre, on voit quelques templiers rescapés, assignés le plus souvent dans une ancienne maison du Temple avec une pension payée par les hospitaliers.
Ainsi l’ordre n’est finalement pas condamné mais supprimé et ses riches propriétés demeurent à l’Eglise.
A Lyon, la commanderie du quartier Saint-Georges fut assez vite embarrassée du domaine du temple. Ainsi en janvier 1315 fut vendue cette terre au Comte de Savoie, Amédée V. Dument restauré, l’ancien logis templier devint un Palais comtal. En février 1407, le domaine fut légué aux religieux Célestins qui y bâtirent un vaste monastère.
Références bibliographiques à consulter:
- Vienne 1312 : la fin de l'ordre du Temple / Sébastien Gosselin
- Le Concile de Vienne (1311-1312) et l'abolition de l'Ordre du Temple / Lilian Wetzel
- Les anciens couvents de Lyon / abbé Vachet, 1895
- Le Lyon de nos pères / Emmanuel Vingtrinier, 1901
- Le diocèse de Lyon / sous la dir. de Jacques Gadille, 1983
- Nouvelle histoire de Lyon. Tome 2, le Moyen Age / Steyert, 1897
Lyon 1250-1550 : réalités et imaginaires d'une métropole de Jacques Rossiaud ;Histoire de Lyon : des origines à nos jours / collectifDictionnaire historique de Lyon / collectif.
Bonne journée.
Question d'origine :
Dans votre réponse vous me dites ceci :
"En 1343, les frères Templiers bâtirent sur la paroisse de Chaussagne leur métairie dite «Grange blanche», terre sur laquelle est aujourd’hui installée l’Hôpital Edouard Herriot."
Mais les templiers avaient disparu en 1343 ?
Merci.
Reformulation :
Réponse du Guichet

Les templiers avaient disparu et la date de 1343 est erronée.
Bonjour,
Il s'agit d'une erreur d'inattention et vous avez bien raison de soulever qu'à la date de 1343, l'ordre des templiers n'existe plus, comme nous le notions d'ailleurs dans cette même réponse.
En guise de conclusion et pour en savoir plus sur l'ordre des templiers, nous vous laissons lire de précédentes réponses du Guichet :