Saint Agobard a-t-il été le premier archevêque de Lyon ?
Question d'origine :
J'ai découvert Saint Agobard archevêque de Lyon au 9ème siècle
-A-t-il le premier archevêque de Lyon
-Je n'ai trouvé nulle part la date de sa canonisation
-il aurait été suspendu de sa sainteté au 18è siècle. J'ignorais que l'on pouvait suspendre une sainteté. Pourquoi et avec quels effets?
Merci beaucoup.
Cordialement
Alberto R.
Réponse du Guichet

Saint Agobard fut en effet le premier à porter le titre d'archevêque à Lyon. Des siècles après sa canonisation, il fut l'objet d'une suspension de sainteté en 1775, sur l'impulsion de Monseigneur de Montazet, mais cette décision fit l'objet de nombreuses critiques de la part du Chapitre de Lyon. Ses offices furent par la suite rétablis en 1844.
Bonjour,
Agobard a effectivement été le premier archevêque de la province ecclésiastique de Lyon. Le précédent évêque de Lyon, Leidrade (797-816), le nomma chorévêque et le désigna comme son successeur au début du IXe siècle. Cette décision fit l'objet de nombreuses objections dans la communauté religieuse. Ce n'est qu'en 816, avec l'intervention de Louis le Pieux, qu'il devint le premier à porter le titre d'archevêque de Lyon. Cela s'explique par le fait qu'à cette époque s'étend l'influence de la métropole sur les diocèses alentours, et élève donc l'évêque Agobard à une fonction d'autorité supérieure sur les provinces. Michel Rubellin l'explique en ces termes dans son ouvrage, Eglise et société chrétienne d'Agobard à Valdès :
"[...] Lyon redevient le chef-lieu effectif d'un vaste diocèse, qui s'étend du Forez au Jura et du Roannais aux portes du Velay. L'évêque y manifeste à nouveau sa présence et son autorité. Pas partout, certes. Mais on voit par exemple Agobard se rendre à Nantua pour y régler un différend entre les moines; ou encore, découvrir, en parcourant la campagne, d'étranges superstitions qu'il tente, non sans mal, d'extirper. [...] Avec la restructuration de l’Église par les Carolingiens, Lyon voit d'autre part son rôle de métropole reprendre consistance. L'influence de la ville peut s'étendre sur une province ecclésiastique qui, outre celui de Lyon, comprend les diocèses d'Autun, Mâcon, Chalon-sur-Saône et Langres. Pour le moment, cependant, cela se traduit surtout par le titre d'archevêque, qu'Agobard fut le premier prélat lyonnais à porter."
Agobard fut par la suite canonisé, et est fêté le 6 juin à l’Eglise de Lyon.Il connut effectivement une "suspension" de sainteté entre 1775 et 1844, en raison de sa dénonciation du culte des saints. Cette décision est notamment prise suite à la première publication de ses travaux ainsi qu’au besoin d’adapter et de mettre à jour les Calendriers, un processus qui a commencé dès la fin du XVe siècle lorsque l’Eglise décida de s’intéresser à tous les saints ayant déjà été canonisés. La suspension des offices de Saint Agobard fut notamment décidée par Monseigneur de Montazet, archevêque de Lyon (1758-1788), et entraina la disparition des canons empruntés de ses œuvres. Dans son ouvrage, L’Église et l’État en France au XIXe siècle, Saint Agobard de Lyon, sa vie et ses écrits, Pierre Chevallard écrit :
"Jusqu'à l'avènement de Mgr de Montazet sur le siège de Lyon, cette Église ne cessa pas de rendre un culte public à saint Agobard, dont on célébrait la fête, avec un office du rite double, en 1662, au moment où le P. Théophile Raynaud écrivait son Indiculus des saints lyonnais. Ce culte avait trouvé place dans les Bréviaires et Missels de Lyon usités avant l'archevêque réformateur. Celui-ci le supprima, agissant de même à l'égard de saint Barnard de Vienne. C'était, sans aucun doute, une concession aux doctrines de plus en plus impérieuses de l'absolutisme royal se mettant au dessus de tous les droits de l’Église et des peuples."
Cependant, Saint Agobard fut rétabli en 1844, lors de la parution de la dernière édition du Bréviaire de Lyon par Monseigneur de Bonald.
Vous en saurez plus en lisant :
Presque saints! Canonisations ratées et autres causes délicates
Lyon dans l'Europe Carolingienne, autour d'Agobard (816-840)
Dictionnaire historique de Lyon
Bonne journée.