Quand et comment s'est développé le rituel de la quête dans les églises ?
Question d'origine :
Cher guichet,
Depuis quand fait-on la quête dans les églises et comment?
cordialement
Réponse du Guichet

La quête telle que nous l'entendons aujourd'hui apparaît au VIIIe siècle et tend à se généraliser à partir du XI-XIIe siècle.
Bonjour,
Nous avons eu du mal à trouver les informations et nous nous sommes donc orientées du côté de l’étymologie qui montre que l’usage du terme «quête » apparait au Moyen-âge. Le Centre national de Ressources textuelles et lexicales indique :
Étymol. et Hist. 1. 1174-78 « gain, acquisition » (Etienne Fougères, Manières, éd. R. A. Lodge, 910: queste); 2. a) 1176-81 « recherche » (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 4826: por li s'est an la queste mise); b) 1376 chasse (Modus et Ratio, 10, 1 ds T.-L.); 3. 1262 « action de demander et de recueillir de l'argent pour des œuvres pieuses ou charitables » (Jean Le Marchant, Miracles N. D. Chartres, éd. P. Kunstmann, XXIII, 63).
Cette information est confirmée par l’histoire de la quête évoquée sur le site d’une paroisse :
Dans notre messe latine, la partie correspondant à l’ancienne messe des catéchumènes (à l’issue de laquelle ils étaient priés de sortir) se termine avec l’évangile; l’offertoire avec tout ce qui suit correspond à l’ancienne messe des fidèles (autrement dit la 2nde partie de la messe à laquelle assistaient les baptisés).
Le 1er rite de la messe des fidèles consistait dans l’offrande des dons qui serviraient à l’évêque - ou au prêtre - pour accomplir le sacrifice et permettraient aux fidèles d’y participer : le pain et le vin.
Pendant que l’on chantait un psaume, les fidèles se présentaient avec leur offrande. Les hommes venaient d’abord, puis les femmes, chacun apportant sa part de pain et de vin; le célébrant recevait ces oblations.
Le pain était recueilli sur de grands plats appelés patena (la patène actuelle en est l’exacte réduction), et mis ensuite dans une nappe blanche tenue par des acolytes (servants d’autel). Le vin était versé dans un ou plusieurs calices portés par les sous-diacres. Ces calices étaient également de grandes dimensions et avaient des anses, ce qui permettait de les porter aisément et de distribuer plus facilement le précieux Sang en ce temps où l’on communiait sous les deux espèces.
L’oblation étant terminée, le célébrant se lavait les mains et, venant à l’autel, il y faisait une prière, cependant que l’on mettait devant lui ce qu’il fallait de pain et de vin pour la communion du clergé et des fidèles. Le pain non utilisé pour la communion n’était bien-sûr pas consacré mais bénit et mis de côté pour être distribué à la fin de la messe.Sa transformation
Ce genre d’offrandes en nature fut assez longtemps en usage, mais finit par disparaître vers le IXè siècle. La raison en est assez naturelle : Les prêtres préférèrent offrir à l’autel des pains mieux préparés que ceux, nécessairement disparates, apportés par les assistants; et, de même pour le vin qui, jusque-là, était le produit de nombreux mélanges !
De plus, les fidèles avaient pris peu à peu l’habitude de faire au clergé des dons en vue du service divin. Il parut dès lors inutile de recueillir durant la messe elle-même la matière nécessaire au sacrifice et à la communion puisque les prêtres pouvaient se les procurer auparavant.
En conséquence, et dès le VIIIè siècle, les chrétiens commencèrent à remettre au prêtre au moment de l’offertoire des aumônes en argent pour remplacer le pain et le vin qu’ils n’apportaient plus.
En même temps, une nouvelle pratique s’établit : les églises se virent donner par les rois ou les seigneurs des terres et des vignes destinées à fournir le blé et le raisin dont on ferait le pain et le vin du Saint Sacrifice.
Ainsi combattue par des usages qui, au fond la simplifiait, la coutume primitive de l’offrande en nature se perdit et l’on en vint à l’offertoire tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Par ailleurs, dans Les mots de la messe de A à Z. Nouvelle traduction du Missel romain, Michel Wackenheim (2021) montre bien qu’à l’origine (et jusqu’au XIIe siècle) la notion de « quête » était toute autre puisque consistant essentiellement en un partage des biens :
"Ce partage se faisait d'abord au sein de chaque communauté et remonte donc aux premiers temps de la chrétienté"..
Le site aleteia.org revient sur cette notion de partage :
Tout est dit dans les Actes et les Lettres des Apôtres qui rapportent l’histoire des premières communautés chrétiennes : “Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun (…) Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur” (Ac 2,46).
A ce sujet, nous vous laissons consulter catholique78.fr et espritdelaliturgie.org
Vous trouverez d'autres informations dans l'article panier de quête publié sur Wikipedia qui rapporte notamment :
Il est certain que du XIIe au XVe siècle, une offrande en argent, connue en Angleterre sous le nom de « mass-penny », était couramment faite à l'Offertoire dans toute l'Église d'Occident
Si l’histoire de la mise en place de la liturgie vous intéresse, celle-ci est relatée sur le site du Vatican.
Depuis la loi de séparation des Églises et de l’État, l’Église catholique ne vit que des dons d’où l’importance de la quête qui est évoquée dans de nombreux textes contemporains et encadrée par le code de droit canonique.
Pour approfondir la question, nous vous suggérons les lectures suivantes :
L'Église et l'argent à l'époque moderne / Paola Vismara,· 2019.
Les papes, l'église et l'argent : histoire économique du christianisme des origines à nos jours / Philippe Simonnot, 2005.
Pour conclure, vous pourriez aussi parcourir nos réponses apportées sur :
Bonne journée,
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