Quelles techniques ont été utilisées pour faire ce plan scénographique de Lyon au 16e siècle ?
Question d'origine :
Comment a été dessiné le plan scénographique de Lyon (1550) qui est gravé sur cuivre donc dessiné à l'envers . Le papier calque n'existait pas encore et je ne comprends pas comment on peut dessiner dans ue glace pour inverser le dessin ( ensemble de maisons )
Comment ont été faites les mesures ( d'arpenteur) ; j'ai trouvé ce plan de mesure que je ne comprends pas bien. les points représentent ils les endroits de mesure et les traits les distances mesurées ?
Merci de votre réponse. Merci d'avoir répondu à ma question précédente . C'est super de pouvoir poser des questions car je n'arrive pas à trouver , comment , en général, le dessin est il fait sur le cuivre à partir d'un dessin papier
Question d'origine :
Je m'intéresse au plan scénographique de 1550 de Lyon. Votre site est extrêmement bien fait car on peut étudier, agrandir les différentes planches et le document présentant le plan est très intéressant.
Ce plan a été gravé sur cuivre ; donc à l'envers pour qu'imprimé il apparaisse à l'endroit. Je n'arrive pas à comprendre comment ce plan a été dessiné sur le cuivre ; il faut graver l'image comme si on travaille dans un miroir. D'autre part, j'ai cherché s'il existait du papier calque à cette époque ; le plan aurait pu être dessiné sur papier calque et le papier une fois retourné serait gravé. Il semble que le papier calque soit plus tardif
Je n'arrive non plus pas à comprendre comment les mesures ont été faites: Les arpenteurs existaient-ils déjà?
Merci de votre réponse à ma précédente question.
Réponse du Guichet
Bonjour,
Beaucoup de questions ont déjà été posées sur le plan scénographique de Lyon de 1550 dans le Guichet du Savoir. Mais la question de la technique du report du dessin sur plaque de cuivre ne l'avait pas été. Voici ce que nous avons trouvé :
Bonjour,
Votre question porte sur les moyens techniques qui ont été utilisés pour l'élaboration du plan scénographique de Lyon, datant d'environ 1550.
En ce qui concerne le dessin, il a été gravé au burin sur plaque de cuivre, technique authentifiée lors de la restauration du plan en 1989. Une réponse a déjà été produite à ce sujet : Comment le plan scénographique de Lyon a-t-il été conçu ?
Le plan scénographique de la ville de Lyon a fait l’objet de nouveaux articles. Ainsi, la communication de Jeanne-Marie Dureau intitulée Le plan scénographique de la ville de Lyon : récents éclairages, parue dans le tome 45 (1990) des Mémoires de l’Académie des Sciences, Belles lettres et Arts de Lyon, revient sur la restauration du plan et nous indique que la représentation connue de tous est la gravure de reproduction donnée en 1872-1876 par les burinistes Séon et Dubouchet pour la Société de topographie historique de Lyon. Cette reproduction est très fidèle sur le plan documentaire car elle va jusqu’à reproduire les tailles du burin original. La restauration effectuée en 1989 a permis de révéler que le document original est une gravure sur cuivre au burin sur 25 feuilles de 34 cm x 44 cm. Ce plan s’inscrit dans un ensemble cartographique européen : Vienne en 1547, Strasbourg en 1548, Amsterdam en 1554. Le XVIIe siècle hésite entre plan géométral et plan cavalier et le plan de Lyon se rattache à la deuxième de ces options.
Pour ce qui est de la technique de la gravure sur cuivre au burin en elle-même, il n'existait en effet pas encore de papier calque à proprement parlé. Pour en savoir plus, nous nous sommes rapproché de Raphaël Del Rosario, artiste graveur aurhalpin :
La gravure se fait forcément en miroir, comme un tampon. Les feuilles de ce plan sont assez grandes (34 x 44 cm). Si on regarde l'ensemble, c'est un joli plan, mais à l'échelle de la feuille, il n'est pas très précis. Les dessins sont très simples, un peu stylisés façon gravure sur bois. Le burin peut apporter beaucoup plus de précisions que ce qui est représenté là, même à l'époque. Pour le report du dessin sur la plaque, en effet, le papier calque qu'on connaît n'existait pas vraiment. Mais on pouvait utiliser soit des papiers très fins qui permettent de voir par transparence, soit on pouvait huiler des papiers pour les rendre un peu translucides. Une autre technique consiste a simplement poser le dessin d'origine à l'envers sur la plaque et en retraçant à la pointe par dessus. Pour reporter un dessin sur toile, on peut aussi perforer sa feuille le long des lignes et tapoter avec de l'encre pour avoir le dessin en pointillé sur l'autre support. C'est également une possibilité.
Dans Les débuts de la gravure sur cuivre en France - Lyon 1520-1565, l'auteure Estelle Leutrat revient sur la renommée des graveurs lyonnais au XVIe siècle, à travers le travail de trois graveurs : les estampes du Maître JG (autrefois identifié à Jean de Gourmont), de Georges Reverdy et du Maître CC. Elle aborde également les techniques de travail de l'époque.
Chapitre II, page 57
(...) Chaque dessin est exécuté à la plume et à l'encre brune avec des rehauts de lavis brun. Leur grande précision et leur exécution finie offrent au graveur un modèle qu'il n'a plus qu'à traduire. Pour ce faire, il peut choisir entre plusieurs modes de report. Dans le dessin de la Flagellation (JG43), le graveur a incisé tous les contours à l'aide d'un stylet, une pointe métallique, et a colorié le dos de la feuille. Cette technique permet aux principaux traits du dessin d'être reportés sur la plaque de cuivre , l'estampe conservant les dimensions du dessin. En revanche, la composition est exécutée en contrepartie, c'est à dire en sens inverse de l'original. Ce mode de report présente l'avantage de rendre avec précision les motifs graphiques, comme en témoigne la Flagellation (JG7) où chaque détail a été respecté : les entrelacements du turban que porte Pilate à gauche de l'estampe, les mèches agitées des fouets et les plis de vêtements. La musculature des corps est représentée par le même système de traits particulièrement visible sur le torse et les cuisses du Christ.(...). Après avoir reporté le dessin sur la plaque de cuivre, le Maître JG entame la gravure. La Flagellation datée de 1526 (JG7) offre par son inachèvement un aperçu de la démarche du graveur. Il trace tout d'abord les contours des édifices qui permettent d'obtenir une vue d’ensemble facilitant la mise en place des personnages dans l'espace. L'exécution détaillée des figures intervient ensuite. Leur réalisation étant la plus délicate, le graveur s'en charge rapidement. Si elle ne lui donne pas satisfaction, il pourra corriger son travail en évitant que la composition soit à un stade trop avancé. La Flagellation de 1526 montre que le Maître JG procède par paliers successifs en débutant par la partie inférieure de la planche. Cette surface est achevée quand il entame la petite médiane, et l'interrompt. Les baies sur la droite de l'image et l'arcade à gauche qui sont inachevées, laissent clairement apparaître les techniques de taille employées par le Maître JG qui sont d'une grande diversité. (...)
Pour compléter cette réponse, Raphaël Del Rosario nous a également partagé cette vidéo, La technique de la gravure au burin, éditée par le Musée du Louvre.
Pour ce qui concerne la prise des mesures pour établir le plan, une réponse avait également déjà été produite : Comment le plan scénographique de Lyon a-t-il été conçu ?
Espérant avoir répondu à vos questions, nous vous souhaitons une agréable journée.