Quelle est la signification du chant de la légion espagnole "El novio de la muerte" ?
Question d'origine :
La legion espagnole défile en chantant EL NOVIO DE LA MUERTE
je souhaiterais savoir l'importance de ce chant en ESPAGNE aussi bien pour la Legion mais aussi pour les gens qui assistent aux defilés , de la legion , reprenant ce chant , comme un hymne national.
Quelle est la signification de la presence du christ porté sur la croix par les legionaires.
Ce meme chant est aussi present dans les defilés militaires en Italie . de meme au Portugal, à TAVIRA dans une caserne , dans l'entrée de la caserne dans une piece on voit le christ sur la croix
Merci pour vos informations trés cordialement
Réponse du Guichet
"El novio de la muerte" est une chanson écrite et interprétée pour la première fois à Malaga en 1921. Elle relate l'histoire du sacrifice et de l'amour que vouait Baltasar Queija à sa femme, lui qui fut le premier mort de la légion étrangère espagnole. Depuis, celle-ci est très régulièrement interprétée par la légion. C'est un incontournable de la Semaine Sainte à Malaga, chantée depuis les années 1930 lors du transfert du Christ de la Bonne mort, saint patron de la légion étrangère. Néanmoins, elle n'est pas son hymne officiel.
Bonjour,
"El novio de la muerte", que l'on peut traduire en français par "Le fiancé de la mort" est un chant militaire dont l'histoire est intimement liée à la création de la légion étrangère espagnole au début des années 1920 (Tercio de los extranjeros en espagnol).
L'ouvrage "Histoire de la légion étrangère espagnole" de François Garijo (La plume du temps, 2002) revient sur les causes qui ont conduit à la création de la légion :
Les forces militaires espagnoles, empêtrées dans une succession de conflits armés avec les tribus berbères de la région montagneuse du Rif, au nord du Maroc (le pays était alors divisé en deux zones d'influence sous le contrôle de la France et de l'Espagne), pensaient palier aux manquements d'une armée de conscrits mal préparée et en très grandes difficultés en recrutant des étrangers (en s’inspirant des succès et de la rigueur de la légion étrangère française). La dureté des combats et les pertes occasionnées par ce conflit pour "pacifier" le protectorat colonial étaient alors très impopulaires auprès de la population espagnole. La création de la légion étrangère par décret royal le 28 janvier 1920 devait permettre de rallier l'opinion publique au maintient des guerres coloniales (p. 22). Le premier volontaire à s'être engagé est le lieutenant colonel José Millan Astray en septembre 1920.
Dans ces conditions, la ville de Malaga, située en bord de mer au sud de l'Espagne, faisait office de lieu de transit pour embarquer des soldats, rapatrier des blessés et les dépouilles vers le continent. C'est cette proximité entre Malaga et les tragédies marocaines qui inspira l'écriture du texte de la chanson "El novio de la muerte". En ce sens, Wikipedia indique que le morceau a été écrit par Fidel Prado Duque et Juan Costa Casals sur un air de la chanteuse Lola Montes. Il aurait été interprété pour la première fois le 20 juillet 1921 au théâtre Vital de Malaga. Elle n'est toutefois pas l'hymne officiel de la légion, qui est la Cancion del legionario.
L'article du quotidien madrilène ABC "Baltasar Queija, la épica historia del legionario en el que se inspira la canción del «Novio de la muerte»" (2016) nous apporte beaucoup d'éléments sur l'histoire de cette chanson. Elle s'inspirerait de la mort de Baltasar Queija le 7 janvier 1921, qui fut le premier à inaugurer la longue liste des décès de la légion étrangère au Maroc (voir le terrible récit de la bataille d'Anoual en juillet 1921). Tué au combat à Beni Hassan, Baltasar aurait porté sur lui, dans sa poche au moment de mourir, quelques vers qu'il venait d'écrire en hommage à sa fiancée nouvellement disparue, lui promettant notamment de la rejoindre rapidement. Mêlez cette histoire romantique à l'engagement jusqu'à la mort défendu par le code d'honneur de légion et vous obtenez une histoire parfaite, teintée de légendaire. (L'article de ABC revient en détail sur les mots qu'il portait, son statut de poète et la véracité de cette histoire, utilisez l'option traduction de Google si vous n'êtes pas hispanophone).
La légion étrangère et la congrégation de Mena :
Le petit journal, quotidien dédié à la communauté des Français et des francophones au travers le monde explique dans l'article "À Malaga ce jeudi la reine Sofia préside la procession la plus emblématique d’Espagne" (mars 2024) comment l'armée s'est ralliée au milieu des années 1920 aux processions religieuses de la ville et en particulier à celles données pendant la Semaine Sainte.
Le stationnement de troupes à Malaga rallia dès 1925, une importante commission militaire (à titre privée) à la procession de la Congregación de Mena (la Congrégation de Mena). Et en 1930, pour la première fois, une "garde d'honneur" est rendue pendant la procession au "Cristo de la buena muerte" qui est fait saint patron de la légion sous les applaudissements du clergé. Leur service sera interrompu en 1931, lors de la proclamation de la deuxième république espagnole, avant de reprendre en 1943 pour ne plus cesser. Depuis, chaque Jeudi Saint, les militaires se réunissent pour procéder au transfert de leur saint patron. Retentit alors systématiquement le chant "El novio de la muerte", véritable prière en l'honneur des chevaliers de la légion. Les légionnaires sont aussi chargés d'assurer la sécurité pendant la cérémonie.
Vous pouvez suivre l'ensemble du parcours de l'édition 2024, du transfert du Christ sur les épaules de la légion et son décrochage dans l'église Santo Domingo, jusqu'à son trône processionnel dans cet article : La Legión desfila en Málaga y traslada al Cristo de la Buena Muerte en un Jueves Santo marcado por el mal tiempo. L'arrivée de la légion par bateau, l'accueil officiel qui leur est réservé, la procession, l'accrochage de l’icône dans une église sont documentés par des vidéos.
L'article d'Esprit sud reprend aussi en détails et en français l'histoire de cette procession.
Voici enfin pour finir une traduction de la chanson, ainsi qu'une vidéo des légionnaires l'interprétant à la sortie de l'église Santo Domingo lors des festivités de 2016 :
Personne dans le Tercio ne savait
qui était ce légionnairesi audacieux et téméraire
qui avait rejoint la Légion.
Personne ne connaissait son histoire,
mais la Légion supposait
qu'une grande douleur le mordait
comme un loup dans son cœur.
Mais si quelqu'un lui demandait qui il était
il répondait avec douleur et rudesse :
"Je suis un homme que le destin
a blessé avec la patte d'une bête sauvage,
Je suis un époux de la mort
qui va s'unir par un lien solide
avec un compagnon si loyal.
Quand le feu était à son comble
et le combat plus féroce,
défendant son drapeau,
le légionnaire avança.
Et sans crainte de la poussée
de l'ennemi exalté,
il sut mourir en brave
et sauva l'étendard.
Et en arrosant de son sang la terre brûlante,
le légionnaire murmura d'une voix éplorée :
"Je suis un homme que le destin
avec la patte d'une bête féroce,
je suis l'époux de la mort
qui doit s'unir par un lien solide
avec un compagnon si loyal.
Quand enfin ils l'ont ramassé,
entre ses seins, ils trouvèrent
une lettre et un portrait
d'une femme divine.
Cette lettre disait :
"...si un jour Dieu t'appelle,
pour moi une place réclame
Je viendrai bientôt te chercher".
Et dans le dernier baiser qu'elle lui envoya,
son dernier adieu le consacrait.
"Pour aller te voir à tes côtés,
ma plus fidèle compagne,
je suis devenu l'époux de la mort,
Je l'ai embrassée d'un lien fort
et son amour fut ma bannière".
Source : Wikipedia - El novio de la muerte (avec une traduction de l'outil Deepl).
Bonne journée,
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