Les écarts énergétiques selon les régions en France pour se chauffer ont-ils été étudiés ?

Bonjour,

Vous souhaitez accéder à des études sur les écarts de dépenses d'énergie de chauffage entre régions.

Notez en préambule que le chauffage représente un poste de dépense important pour l'ensemble des français. D’après l’ADEME (Agence de la transition écologique), 66 % des dépenses d’énergie d’un ménage sont consacrées au chauffage.

Chaque année, l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) publie les résultats de son tableau de bord, en partenariat avec l’ADEME : Focus sur l’hiver 2022, marqué par la hausse des prix de l’énergie :
 

Depuis deux ans, les citoyens français sont confrontés à une augmentation significative des prix de l'énergie, affectant considérablement le budget familial. En moyenne, le chauffage coûte aux ménages environ 141 euros par mois, ce qui représente presque 1700 euros annuellement. Ce dimanche 21 janvier 2024, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la fin du "bouclier tarifaire" et une hausse à venir du prix de l'électricité. Cette augmentation, à compter du 1er février prochain, sera de 8,6% à 9,8% selon les contrats.

Article accessible sur Europresse : "Voici le chauffage le moins cher pour vous chauffer cet hiver 2023/2024" in Marie France

Notez aussi que l'électricité et le gaz sont les énergies de chauffage les plus utilisées en France.

En 2020, l’électricité et le gaz de réseau représentent les trois quarts des énergies principales de chauffage des ménages en France métropolitaine. Même si les logements ont pu être rénovés, leur énergie de chauffage reste souvent liée à leur date de construction, avec une prédominance du gaz pendant la plus grande partie du XXe siècle et de l’électricité à partir des années 1980. 
 

Au 1er janvier 2020, selon l’enquête Logement (voir méthodologie), le chauffage des résidences principales repose majoritairement sur deux énergies finales en France métropolitaine : l’électricité (37,2 %, dont 5,1 % par une pompe à chaleur) et le gaz de réseau (35,8 %, essentiellement du gaz naturel).
 

Les autres sources d’énergie sont utilisées à titre principal par un peu plus d’un quart des ménages : bois (10,5 %), fioul (9,6 %), réseaux de chaleur (5,3 %) et gaz de pétrole liquéfié (GPL) stocké localement en citerne ou en bouteille (1,5 %).
 

Ainsi 47 % des ménages utilisent directement un combustible fossile (gaz de réseau, GPL, fioul) comme source de chauffage de leur résidence principale.

Source : Données et études statistiques, Ministères territoires écologie logement

Quid alors des écarts de coûts concernant l'énergie de chauffage la plus utilisée, l'électricité ?

Les clichés accolés aux régions françaises laisseraient penser que le soleil réchauffe suffisamment les territoires du Sud de la France métropolitaine et, qu'en conséquence, ses habitants dépensent moins d’électricité, notamment parce qu’ils ont moins à chauffer leur logement. Cette hypothèse est-elle juste ? 

L'étude menée par Upenergie tend à montrer le contraire !

A partir des données publiées par l’agence ORE (Opérateurs de Réseaux d’Énergie), d’Enedis et de l’Insee pour les données sur la population française, le média Upenergie a établi une infographie de l’électricité en France accessible depuis data.gouv.fr, la plateforme des données publiques en France.
 

Les trois villes qui consomment le plus en France sont Aix-en-Provence, Bordeaux et Nice. Situées dans des régions aux hivers doux, ce résultat a de quoi surprendre. On consomme en effet davantage en hiver quand les températures sont au plus bas. Mais c’est sans compter les étés chauds. Lorsque les températures grimpent trop, les particuliers enclenchent la climatisation ou la ventilation.
 

Or, les études montrent que 1°C de plus entraîne une hausse de consommation de 500MW. Ainsi lors des pics d’été, la consommation s’élève à 12.3kWh par habitant, soit 2 fois plus qu’en Île-de-France à la même saison.
 

A contrario, les villes où l’on consomme le moins d’électricité sont Saint-Étienne (- 7°C en hiver), Rennes (ville très humide) et Mulhouse (climat semi-continental avec des chutes de neige fréquentes). Ce classement se vérifie à l’échelle de l’hexagone si l’on compare la consommation électrique par habitant dans plusieurs villes françaises.
 

Le classement de la consommation d’électricité des habitants dans les villes de plus de 50 000 habitants prolonge la tendance. À Fréjus (3,26 MWh), Antibes (3,02 MWh) et Cannes (2,85 MWh) le trio de tête ; à Créteil (1,1 MWh), Bobigny (1,16 MWh) et Vénissieux (1,17 MWh) la queue du peloton.

Source : Upenergie

Upenergie avance deux principales hypothèses afin d'expliquer ces écarts de consommation :

- Le mix énergétique (soit les différentes sources d’énergie) nécessaire pour se chauffer est moins dépendant de l’électricité dans les territoires plus au Nord. Par exemple, dans les Hauts-de-France, l’électricité occupe seulement un tiers du mix énergétique lié au chauffage. Le gaz naturel, le fioul, le GPL, le bois et le charbon font le reste. En Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Corse, la part de l’électricité est égale à deux tiers.

- Compte tenu des températures plus douces au Sud, un effort moins important a été fait sur l’isolation des logements, surtout les plus anciens. Or une maison ou un appartement moins bien isolé perd de la chaleur et, pour compenser, il faut donc chauffer davantage. L'utilisation de la climatisation est aussi plus prononcée dans le Sud.

Conclusions de l'étude : les actions du gouvernement en terme de renouvellement d’équipements incitent à se tourner vers des équipements de plus en plus électriques.Il faut donc prévoir dans les années à venir une part plus importante de l’électricité dans notre consommation d’énergie versus les énergies fossiles (fioul, gaz, charbon…). Ce constat nous oblige à anticiper un accroissement de la consommation et donc de la production d’électricité qui nous sera nécessaire.

Comment comparer les dépenses de chauffage pour des habitations de même type dans des régions de même altitude ?

La plateforme des données publiques françaises propose des outils pour comparer des données de consommations liées à l'électricité et le gaz. Ces données de consommation proposées à différentes mailles géographiques (de la maille nationale à l'adresse) et sur différentes échelles de temps proviennent du site ODRÉ (Open Data Réseaux-Énergies).

Ainsi pouvons-nous avoir accès aux données de consommation d'électricité des grandes Métropoles françaises en temps réel. Comparons les métropoles de Lille et de Bordeaux (aux altitudes moyennes respectives de 31m et 30 m) : pour la journée du 05 février 2015 à 8h45, la métropole de Lille a une consommation de 1310 MW tandis que celle de la métropole de Bordeaux est de 1116 MW.

Nous avons aussi accès aux données de consommation annuelle finale régionale d'électricité des grandes Métropoles françaises. Voici les résultats pour l'année 2023 :

ENEDIS, service public de la transition écologique, propose des données ouvertes sur son portail pour :

- Calculer le bilan énergétique de son territoire : ce service s’adresse à tous et particulièrement aux collectivités locales qui souhaitent établir un bilan de la production et de la consommation énergétique, ou assurer un suivi de leurs politiques de transition écologique. Il propose de consulter un rapport de synthèse d'un territoire de la France continentale.

- Comparer la transition énergétique sur des territoires similaires
Vous souhaitez comparer la dynamique de transition énergétique de votre territoire à celle de territoires qui lui ressemblent ? Ce service vous aide à trouver des territoires similaires en fonction de profils de votre choix. Vous pourrez comparer en ligne leurs différents indicateurs de consommation et de production d’électricité, ainsi que des données de logement.

- Où en est mon territoire sur la transition écologique ?
 

Quelle est l'énergie la moins chère et comment faire baisser le coût du chauffage ?

L'article accessible sur Europresse,"Voici le chauffage le moins cher pour vous chauffer cet hiver 2023/2024" in Marie France, donne des pistes.

Il existe pourtant des solutions pour tenter de réduire la facture. En premier lieu, il faut adapter la température à chaque pièce pour ne pas chauffer de façon excessive. Mais si cela ne suffit pas, il peut être utile de profiter des aides de l’état pour changer son installation et opter pour un mode de chauffage plus économique.
 

Selon une étude du fabricant de poêle à bois HASE, le bois est le moyen de chauffage le moins cher, avec un coût inférieur à 9 centimes d'euros par kWh, et le moins impacté par les crises internationales. Malgré son coût avantageux, le chauffage au bois impose certaines contraintes, comme un lieu de stockage, et n'est pas adapté à tous les types de logements.

Aller plus loin sur le Web

Données relatives à l'énergie (data.gouv.fr)

Les données de consommation sont proposées à différentes mailles géographiques (de la maille nationale à l'adresse) et sur différentes échelles de temps répondant ainsi à des usages distincts (ex : consommation annuelle sur une adresse vs consommation en quasi temps réel à la maille nationale).

Pourquoi les habitants du Sud de la France consomment-ils plus d’électricité que ceux du Nord ? Journal du Dimanche (8 février 2023)

Occitanie. Contrairement aux idées reçues, on consomme plus d'électricité dans le Sud que dans le Nord Actu.fr (19 avril 2022)

Dans quelles villes consomme-t-on le plus ou le moins d’électricité ? Le Télégramme (15 avril 2022)

 
Sur Europresse (offre numérique de la BmL)

Quelles sont les villes qui consomment le plus d'électricité en France ? Le Journal du Net (JDN) (site web), lundi 11 avril 2022

Dans quelles communes consomme-t-on le plus d'électricité ? Le Figaro (site web), vendredi 26 août 2022

Aller plus loin avec des livres issus de nos collections

Chauffage habitation

Isolations thermiques

Chauffage Économies d'énergie

Habitations économies d'énergie

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