Quel est le plus ancien consulat (ou corps diplomatique) installé à Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour,
Savez-vous quel est le plus ancien consulat (corps diplomatique) de Lyon ?
Merci, bonne journée !
Réponse du Guichet

Si l'institution consulaire est née au XVIe siècle, elle semble avoir dans un premier temps eu une fonction de protection des échanges marchands. A Lyon, les négociants italiens et suisses sont représentés par des consuls.
Bonjour,
Il semble difficile de répondre à votre question qui demanderait un peu plus de recherches que ce que nous sommes en mesure de proposer. Voici toutefois quelques pistes.
Tout d'abord, voici un petit point historique sur la naissance de l'institution consulaire :
Comme la diplomatie européenne moderne, l'institution consulaire est née au Moyen-Âge en Italie. Après s'être développés dans un premier temps dans le bassin méditerranéen, les réseaux consulaires s'étendent dès le XVIIe siècle sur les littoraux de l'Atlantique et de la Baltique pour finalement conquérir, au courant du XVIIIe siècle, toutes les mers du monde. Parallèlement augmente également le nombre des pays qui entretiennent des services consulaires. À l'orée du XIXe siècle, la quasi-totalité des états territoriaux européens, même ceux qui n'ont pas d'accès à la mer, disposent de tels services. Le rôle du consul porte d'abord sur la défense des intérêts commerciaux du pays mandataire. Puis, il administre la communauté de ses compatriotes en s'appuyant sur ses prérogatives judiciaires, notariales et policières.
source : La fonction consulaire à l'époque moderne : L'affirmation d'une institution économique et politique (1500-1800) / Sous la direction de Jörg Ulbert et Gérard Le Bouëdec
les consuls ont été institués pour protéger le commerce et la navigation des sujets de Sa Majesté dans les pays étrangers, pour prononcer sur les différends qui peuvent s’élever entre eux, et pour fournir au Gouvernement les documents qui doivent le mettre à portée d’assurer la prospérité du commerce extérieur »1. Cette définition résume très efficacement les deux grandes prérogatives d’ordinaire associées à l’institution consulaire dans les sources normatives et les dictionnaires d’Ancien Régime, à savoir une fonction de protection et une fonction de juridiction, toutes deux censées sécuriser les échanges marchands et maritimes à large rayon2. Les consuls peuvent ainsi officier en tant que « juges » et en tant que « notaires » de leurs nations, s’occupant à la fois de trancher les éventuels contentieux et de produire les documents (déclarations de sinistres, patentes sanitaires, connaissements, certificats, rôles d’équipage, protêts, inventaires, etc.) nécessaires au bon fonctionnement du négoce3.
source : Calafat, Guillaume. « Les juridictions du consul : une institution au service des marchands et du commerce ? Introduction ». De l’utilité commerciale des consuls. L’institution consulaire et les marchands dans le monde méditerranéen (XVIIe-XXe siècle), édité par Arnaud Bartolomei et al., Publications de l’École française de Rome, 2017
Lyon constitue au XVIe siècle un pôle commercial majeur où Italiens, Suisses et Allemands officient. L'histoire des Consulats à Lyon trouve sa source dans cette fonction marchande exercée par les consuls du XVIe et XVIIe siècle.
Dans une précédente réponse, nous parlions des Consuls de la Nation Florentine présents à Lyon au XVIe siècle. Nous vous laissons la consulter dans son intégralité.
Au XVIe siècle, à Lyon, les négociants suisses sont "représentés simultanément par des « agents de commerce » nommés par les chambres de commerce des différentes villes suisses, et par des « syndics » désignés parmi les marchands installés sur place"
Lire : Mathieu Grenet, “Consuls et « nations » étrangères : état des lieux et perspectives de recherche”, Cahiers de la Méditerranée, 93 | 2016, 25-34.
Voici quelques éléments historiques à propos du Consulat Suisse à Lyon :
On trouve des traces d'une colonie de commerçants suisses à Lyon dès le début du XVIème siècle. Lyon était alors redevenue, comme à l'époque romaine, l'un des grands carrefours du monde, où se rencontraient de nombreux marchands français avec ceux d'autres pays d'Europe, notamment des Italiens, des Allemands et des Suisses ; ces derniers vendant surtout des textiles de Saint-Gall. Les traités militaires entre la France et les cantons suisses accordaient aux Suisses de nombreux avantages commerciaux et financiers et cela explique pourquoi, de tous les étrangers participant aux foires lyonnaises, seuls les marchands suisses étaient exempts de droits de douane.
Peu à peu, des Suisses se fixèrent à Lyon. Vers 1535, au moment de la naissance de l'industrie de la soie, une importante main-d'oeuvre fut attirée à Lyon. Parmi celle-ci se trouvaient de nombreux Suisses. A peu près à la même époque fut élaboré dans cette ville le premier livre illustré imprimé en France avec des bois et des caractères importés de Bâle: «Le Miroir de la Rédemption», et les imprimeurs lyonnais saluèrent alors avec satisfaction l'arrivée à Lyon des correcteurs Théodore Zwinger de Bâle et Henri Elmer de Glaris. En outre, il y eut du XVIème au XVIIIème siècle, 65 entreprises suisses qui s'établirent sur la place de Lyon.
Plus tard, lorsque l'importance des foires diminua, les relations économiques entre Lyon et la Suisse devinrent moins étroites, pour s'affirmer à nouveau davantage à partir du début du XIXème siècle. Après 1930, le nombre de Suisses fixés à Lyon diminua légèrement, puis très fortement au cours de la dernière guerre mondiale. Aujourd'hui, relativement peu de Suisses s'établissent à Lyon. La très grande majorité possède la double nationalité franco-suisse.
C'est en 1816 que la Diète fédérale décida d'ouvrir un Consulat à Lyon, ville dont l'importance pour l'économie suisse devenait de plus en plus grande. En 1945, la liste des consuls ad honorem prit fin. Le Conseil fédéral créa alors à Lyon un Consulat général dirigé par des chefs de poste de carrière.
Pour aller plus loin :
Schnyder, Marco. Une nation sans consul. La défense des intérêts marchands suisses à Lyon aux XVIIe et XVIIIe siècles. De l’utilité commerciale des consuls. L’institution consulaire et les marchands dans le monde méditerranéen (XVIIe-XXe siècle), édité par Arnaud Bartolomei et al., Publications de l’École française de Rome, 2017
Bartolomei, Arnaud, et al., éditeurs. De l’utilité commerciale des consuls. L’institution consulaire et les marchands dans le monde méditerranéen (XVIIe-XXe siècle). Publications de l’École française de Rome, Casa de Velázquez, 2017
Bonne journée.