Je cherche de la documentation sur la religion orthodoxe en Serbie
Question d'origine :
Bonjour,
Je prépare l'écriture de mon prochain roman et je vais aborder la pratique extrémiste de la religion orthodoxe d'une famille serbe, vivant en France. Quels types de documentations avez-vous à ce sujet ? Et plus largement sur la culture serbe ?
Merci.
Cordialement,
Justine
Réponse du Guichet
Au carrefour de plusieurs civilisations, la culture serbe et celle de la diaspora serbe se forment notamment via l'influence de l'Empire byzantin et celle de l'Église orthodoxe qui imprègne fortement la culture traditionnelle, parallèlement à l'influence de la culture occidentale. L'Histoire de cette région du monde figure aussi parmi les plus tragiques qui soient en Europe, les présidences de Slobodan Milošević, accusé de génocide, étant marquées par les guerres de Yougoslavie.
La politique menée par la France dans les Balkans à la fin des années 90 a eu un impact sur le processus d'intégration des Serbes établis en France. Dans la décennie des années 90 en France, une nébuleuse d'individus, de partis et de collectifs d'extrême droite porte un intérêt au concept de Grande Serbie, teinté de nationalisme. Des auteurs étudient l'ombre du nationalisme serbe dans la Serbie contemporaine, et notamment les rapports entre la religion et l'idéologie nationaliste.
Nous vous indiquons ci-dessous des pistes bibliographiques issues de bases de données en sciences humaines (Cairn et Isidore), de la plateforme Europresse et de notre catalogue : vous trouverez des documents imprimés, numériques et audiovisuels pour nourrir votre documentation sur la culture orthodoxe serbe et les problématiques contemporaines.
Bonjour,
Dans le cadre de la préparation de l'écriture de votre prochain roman, vous recherchez une documentation sur la pratique extrémiste de la religion orthodoxe de familles serbes vivant en France, et plus largement sur la culture serbe.
Au coeur des Balkans, la Serbie fut le carrefour de plusieurs civilisations pendant de nombreux siècles. Ce pont entre Occident et Orient, entre Mitteleuropa et Méditerranée, a aussi été un espace stratégique convoité par les plus grands empires de l'époque. Tour à tour celte, romaine, byzantine, hongroise, ottomane, autrichienne et yougoslave, la Serbie s'est toujours trouvée au carrefour de plusieurs cultures, civilisations, religions et empires. L'Histoire de cette région du monde figure aussi parmi les plus tragiques qui soient en Europe.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Serbie devint l'une des six républiques (Serbie, Slovénie, Croatie, Bosnie, Monténégro et Macédoine) de la Yougoslavie du maréchal Tito, fédération dont l'éclatement dans les années 1990 engendra des guerres meurtrières et destructrices (les guerres de Yougoslavie 1991-2001). En effet, les présidences de Slobodan Milošević (1989-2000) furent marquées par un fort nationalisme serbe : Il est accusé auprès du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Le 26 février 2009, le T.P.I.Y. de La Haye condamne cinq hauts responsables de l'appareil militaro-policier serbe pour crimes contre l'humanité pour avoir organisé « une campagne de terreur systématique de grande ampleur contre la population albanaise du Kosovo » et la déportation de plus de sept cent mille personnes vers l'Albanie, la Macédoine et le Monténégro : Il s'agit du premier jugement prononcé par le T.P.I.Y. sur la responsabilité des Serbes lors du conflit au Kosovo.
L'article Serbie de l'Encyclopédie universalis, dont la bibliographie assez complète en fin de page vous offrira de nombreuses pistes bibliographiques, revient sur la géographie, l'histoire, l'évolution politique (notamment la question nationale et les difficultés de la transition démocratique) puis l'histoire de la littérature serbe. Le début de l'article résume les grandes lignes de l'évolution politique de ce pays, jusqu'à l'indépendance de la Serbie en 2006 :
La Serbie, située au cœur des Balkans, a été l'une des six républiques de la Fédération des républiques socialistes de Yougoslavie formée le 29 novembre 1945, héritière du royaume des Serbes, Croates et Slovènes fondé en 1918, sur les ruines des empires austro-hongrois et ottoman. Belgrade, sa capitale, ottomane après la disparition de la grande Serbie médiévale, était aussi la capitale de la « deuxième Yougoslavie », fondée par le maréchal Tito à la libération du pays. En 1991-1992, après des référendums sur l'indépendance, la plupart des autres républiques quittent la Fédération, sauf le Monténégro. Serbie et Monténégro forment alors la République fédérale de Yougoslavie le 27 avril 1992. Cette « troisième Yougoslavie » ne rentre dans l'O.N.U. que le 1er novembre 2000. Un accord est signé le 13 mars 2002 par les Parlements serbe et monténégrin, remplaçant la République fédérale de Yougoslavie par l'État de Serbie-et-Monténégro. Cette nouvelle entité est officialisée le 4 février 2003. Après la proclamation de l'indépendance du Monténégro le 3 juin 2006, l'État de Serbie-Monténégro disparaît pour laisser la place à la République de Serbie et la République du Monténégro.
Nous vous invitons également à lire la Chronologie contemporaine des événements historiques et politiques de la Serbie (Source : Encyclopédie Universalis), ainsi que la réponse du Guichet du savoir sur l'éclatement de la Yougaslavie (2017).
La culture serbe se rapporte à la culture de la Serbie et, plus généralement, à celle de tous les Serbes vivant sur le territoire de l'ex-Yougoslavie et ailleurs dans le monde (voir diaspora serbe). Cette culture traditionnelle s'est formée au Moyen Âge, via l'influence de l'Empire byzantin et celle de l'Église orthodoxe. Lors des cinq siècles de la présence ottomane, elle a été préservée dans les traditions familiales (voir Slava) et dans les monastères, tout en continuant de se développer dans les régions contrôlées par les Habsbourg et la république de Raguse. Au début du XIXe siècle, après le premier et le second soulèvements serbes contre les Turcs, elle a connu un nouvel essor avec une importante influence de la culture occidentale. Après 1945 et la république fédérale socialiste de Yougoslavie, elle a subi l'influence du titisme : le titisme, régime de type socialiste, avait la particularité d'être ouvert vers l'extérieur, elle continua donc à recevoir simultanément, l'influence de la culture occidentale, tout en conservant une forte imprégnation de sa culture traditionnelle orthodoxe (Source Wikipédia).
Nous vous invitons également à lire les rubriques : mythologie slave, société serbe, personnalités serbes, Droits de l'homme en Serbie, Droits LGBT en Serbie, système éducatif en Serbie, la presse écrite en Serbie, la littérature serbe, Archives de Serbie, Arts en Serbie, Patrimoine culturel de la Serbie.
Le christianisme orthodoxe de l’Église orthodoxe serbe est aujourd'hui la religion dominante de la Serbie. L’Église orthodoxe serbe est une juridiction autocéphale canonique de l'Église orthodoxe. Son chef porte le titre d'archevêque de Petch, métropolite de Belgrade-Karlovtzy et patriarche serbe, avec résidence à Belgrade.
L'article Serbie de l'Encyclopédie Universalis aborde l'histoire religieuse de l'Eglise orthodoxe en Serbie ainsi :
La dynastie des Nemanjić (1170-1371), fondée par Nemanja, joua un grand rôle dans l'émergence d'un territoire serbe politiquement libéré de l'autorité byzantine, avec toutefois des changements territoriaux perpétuels. C'est aussi à cette époque que se forma l'Église orthodoxe serbe autocéphale, créée par Sava, le fils de Nemanja. La christianisation s'était faite dès le IXe siècle avec Cyrille et Méthode envoyés par Byzance. Sava (1174-1235) proposa à son père des assises spirituelles au nouvel État serbe et devint le premier évêque de l'Église serbe.
Concernant la diaspora serbe en France, nous vous invitons à lire la rubrique relation Franco-serbes sur le site de l'Ambassade de France en Serbie, notamment la partie "mémoire" et "coopération culturelle". Le Ministère des Affaires étrangères publie sur son site un dossier sur la Présentation de la République de Serbie.
Nous vous indiquons ci-dessous des pistes bibliographiques issues de nos recherches sur les bases de données et catalogues de bibliothèque.
1 / La plateforme Cairn, disponible avec un abonnement à la BmL, donne accès à des études sur l'identité culturelle et religieuse serbe :
- Insurrections et représentations stéréotypées des Serbes Images romantiques et question d’Orient (1804-1840) / Smolovic, K. (2018). Hypothèses, 21(1), 103-113
- Les Balkans La longue histoire d'une poudrière. (2025). L'Histoire - Les Collections, (109)
- Religions et violences ethniques en Bosnie-Herzégovine / Latapie, A. (2005). Revue internationale et stratégique, 57(1), 125-134.
- Symboles et mémoire à l'Est 29 pays, 29 regards (2008). Le Courrier des pays de l'Est, (1067)
- Kriff, J. (2017). Carnet de notes... Serbes. Humanisme, 314(1), 114-118
- Chronologie. L'Église orthodoxe (p. 7-31) / Clément, O. (2020). Presses Universitaires de France
- L'arrière-plan culturel et historique du conflit serbo-croate. Le Débat, 76(4), 54-66 / Rapacka, J. (1993)
2/ La plateforme de recherche en sciences humaines, Isidore, recense des études (articles, essais, thèses etc.) sur la diaspora serbe en France, le rôle de l’Église orthodoxe serbe et l'identité culturelle serbe de façon plus globale :
- Tensions franco-yougoslaves et constructions identitaires des Serbes en France / Colera Christophe. In: Hommes et Migrations, n°1250, Juillet-août 2004. Réseaux sociaux en migration. pp. 62-75.
La politique menée par la France dans les Balkans à la fin des années quatre-vingt-dix et le traitement médiatique de la guerre Yougoslave ont eu un impact sur le processus d'intégration des Serbes établis en France. Ils ont dans leur grande majorité mal vécu une certaine "diabolisation" du rôle de Belgrade dans le conflit, et se sont sentis exclus de la communauté nationale française. Certains sont ainsi allé jusqu'à envisager un retour au pays, qui s'est parfois soldé par un échec, leur acculturation française limitant leur pleine réintégration à l'identité serbe.
- Une communauté dans un contexte de guerre : la « diaspora » serbe en Occident / Morokvasic Mirjana. Christophe Colera (dir). In: Revue d'études comparatives Est-Ouest, vol. 35, 2004, n°1-2
- « Du réveil national au « réveil » religieux ? » / Yves Tomić. Balkanologie [En ligne], Vol. IX, 2005, mis en ligne le 13 janvier 2010
Cet article définit le contexte dans lequel l'Église serbe orthodoxe a réémergé en tant qu'acteur social d'envergure dans la Yougoslavie des années 1980 et quel a été son rôle dans le réveil national serbe (1987-1990) ainsi que pendant les guerres de dissolution de la Yougoslavie. La nouvelle visibilité de l'Église serbe orthodoxe a-t-elle contribué à un réveil religieux en Serbie ?
- « L’orthodoxie orientale et l’Europe ». Les religions et l’Europe / Fokas, Effie, Presses universitaires de Rennes, 2025. En voici un extrait :
On a particulièrement insisté, plus haut, sur l’attitude négative des orthodoxes à l’égard de l’Europe. Il convient ici de souligner le rôle significatif qu’ont joué certains événements politiques de l’histoire, y compris le démantèlement de la Yougoslavie (et la représentation de la Serbie par les médias dans le contexte des guerres en Bosnie et au Kosovo), la guerre froide en général, et les ambivalences des débuts de l’ère postcommuniste à l’égard du libéralisme démocratique occidental (voir notamment Makrides et Uffelmann, 2003). D’après la perspective de Cyril Hovorun, exprimée dans une collection d’essais intitulés, de manière éloquente, Political Orthodoxies, depuis au moins la Quatrième croisade et la chute de Constantinople en 1204, « les Églises Orthodoxes ont développé un système complexe de préjugés à l’encontre de l’Occident », et dans les siècles qui ont suivi, certains de ces préjugés ont contribué de manière significative à la formation de l’identité orthodoxe ; « dans cette identité, théologie et géographie étaient confisquées : la foi orthodoxe a été interprétée en termes d’occidentalisme – méfiance à l’égard de l’Occident, voire déshumanisation de ce dernier » (2018, p. 96).
- « Les orthodoxies en Europe balkanique », Balkanologie [En ligne], Vol. IX, n° 1-2, 2005, mis en ligne le 13 janvier 2010
- « Les Balkans, lecture d’un espace « d’entre-deux » » / Violette Rey. Anatoli [En ligne], 2010, mis en ligne le 01 août 2016
« Les Balkans sont un problème, pas un espace » lit-on parfois. Et pourtant il existe une péninsule méditerranéenne orientale dénommée Balkans et une forte entité culturelle au contact de l’Anatolie et des mondes de l’Orient. La conscience moderne de cette aire dans la pensée européenne, qui alors la dénomme « balkanique », ne remonte qu’au XIXe siècle ; mais il s’agit de l’espace européen de l’empire ottoman et auparavant de l’espace de l’empire byzantin. Trop souvent diabolisés à travers une combinaison...
- « À propos du christianisme orthodoxe » / Gueit, Jean. Pouvoir et religion, édité par Anne-Marie Dillens, Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 2005.
- « L’héritage ottoman dans les Balkans au XXIème siècle » Les masters en géopolitique de la FASSE de l'ICP
L’actualité de la région balkanique ne laisse pas transparaître le passé commun qu’elle possède ; elle met plutôt en exergue leurs différences. L’Empire ottoman a couvert les Balkans pendant plus de cinq siècles. Les pays des Balkans ont donc un héritage linguistique, artistique, religieux et culturel commun. Cet article présente ainsi certains aspects de l’empreinte ottomane dans les Balkans au XXIème siècle. ...
- L’expérience française des Balkans / Madelain, Anne. Presses universitaires François-Rabelais, 2019
- Langue et esprit national : mythe, folklore, identité / Todorova-Pirgova, I. (2001). Ethnologie française, . 31(2), 287-296
- Chronologie de la littérature serbe / Deretic Jovan. In: Revue des études slaves, tome 56, fascicule 3, 1984. La Yougoslavie, sous la direction de Michel Aubin. pp. 421-438
- Serbo-croate, serbe, croate..., bosniaque, monténégrin : une, deux..., trois, quatre langues ? / Thomas Paul-Louis. In: Revue des études slaves, tome 66, fascicule 1, 1994. pp. 237-259
- Le conflit serbo-croate et la Bosnie-Herzégovine / Dempsey Judy. In: Politique étrangère, n°2 - 1992 - 57ᵉannée. pp. 269-279.
- L’organisation des relations intellectuelles de la France et de la Serbie / Marin Louis. In: Revue internationale de l'enseignement, tome 73,1919.
- L'ombre du nationalisme serbe / Becker Jean-Jacques. In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°69, janvier-mars 2001. D'un siècle l'autre
- Les représentations des femmes dans le cinéma serbe : identités individuelles et imaginaires collectifs : une étude anthropologique / Andja Srdić Srebro. Art et histoire de l'art. Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2021
3/ La plateforme de presse en ligne Europresse, disponible avec un abonnement à la BmL, vous permettra de collecter une documentation sur les problématiques actuelles serbes. Voici quelques articles extraits de cette plateforme (à lire en intégralité sur cette dernière) évoquant notamment le rapport entre nationalisme et religion en Serbie :
- "La Grande Serbie, grande lubie de l'extrême droite" (Journal Le Monde, samedi 4 décembre 2021) :
[...] En France, une nébuleuse d'individus, de partis et de collectifs d'extrême droite porte un intérêt au concept de Grande Serbie, teinté de nationalisme. Jean-Marie Le Pen, d'abord, qui a embrassé leur cause pendant les guerres de Yougoslavie alors qu'une bonne partie de son mouvement soutenait historiquement les Croates catholiques. «Quand la question du Kosovo a émergé, les Serbes ont été vus comme les défenseurs chrétiens de l'Europe contre les Albanais, majoritairement musulmans. A la fin des années 90, le problème de l'extrême droite glisse du judaïsme vers l'islam et c'est à ce moment-là que le nationalisme serbe a commencé à être populaire», analyse Jovo Bakic, sociologue à l'université de Belgrade. Pendant cette décennie, Jean-Marie Le Pen se rend à plusieurs reprises dans les Balkans afin de rencontrer Radovan Karadzic ou encore Vojislav Seselj, figure de l'extrême droite serbe dont le discours ultra-violent «avait presque réussi à faire passer Milosevic pour une personne recommandable, par comparaison», selon Laurent Hassid, géographe à l'université Sorbonne-Paris-Nord. [...]
- "Les étudiants serbes pris au piège du nationalisme" (Journal Le Monde, samedi 8 novembre 2025)
- "Et maintenant, les orthodoxes! (L'Express, no. 2235, jeudi 5 mai 1994)
[François Thual dans "Géopolitique de l'orthodoxie" (Dunod), un essai au ton neuf, nourri d'une rare connaissance des grands mythes des chrétientés d'Orient] est "Conseiller auprès du groupe centriste au Sénat, directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), il explore les rapports très particuliers qu'entretiennent, en pays orthodoxes, la religion et le sentiment national, voire l'idéologie nationaliste, comme c'est le cas en Serbie. A partir de là se tissent des solidarités qu'analysaient déjà ses "Géopolitiques au quotidien" (Dunod): on voit à présent la Grèce, au côté de la Russie, voler au secours de Belgrade. C'est l'union sacrée. Mais au nom de quels ennemis communs?" [...]
[...] non seulement le fait religieux fonctionne en symbiose avec l'idéologie nationale, mais cette symbiose est toujours assez vorace. Comme si l'on n'en finissait plus de reconquérir ce qui a été perdu et de se prémunir contre l'ennemi. Les héritages de l'Histoire et les logiques de la géographie suscitent, dans ce bloc, des réflexes communs qu'inspirent le ressentiment, voire la peur. Ils s'expliquent d'abord par une méfiance multiséculaire à l'égard de l'Occident, laquelle, aujourd'hui, est une crispation devant la modernité. [...]
-[...] Le religieux se trouve souvent au coeur de la définition ethnico-nationale. Mais la fusion ne s'est faite nulle part à aussi haute température. En 1815, dans les Balkans, il n'y a pas de nationalités, mais des religions. Les Eglises orthodoxes ont dès lors servi de creuset à l'identité nationale. Au cours du xxe siècle et de ses catastrophes politiques - nazisme, fascisme, communisme - elles en sont devenues le conservatoire. Nous assistons à présent au retour du refoulé.
- "Srebrenica, mon amour" (NouvelObs.com, mardi 12 juillet 2005)
4/ Enfin, vous trouverez ci-dessous des documents imprimés et audiovisuels issus de nos collections :
a/ L'orthodoxie serbe
- Géopolitique de l'orthodoxie / [Livre] / François Thual, 1993
- Géopolitique de l'orthodoxie [Livre] : de Byzance à la guerre en Ukraine / Jean-Arnault Dérens, 2025
- Église orthodoxe serbe [Livre] : histoire, spiritualité, modernité / Boško I Bojović, 2018
Au milieu du XIIe siècle, la Serbie est une principauté insérée entre l'Adriatique et les puissants royaumes de Hongrie et de Bulgarie, mais surtout, voisine de l'Empire byzantin. Évangélisés depuis la fin du IXe siècle, le pays des Serbes ne compte qu'une demi-douzaine de monastères, alors qu'à Byzance le monachisme est en plein essor depuis le Xe siècle. C'est alors que leur prince, le grand joupan Stefan Nemanja, s'investit dans la construction des églises et la fondation des monastères, avant d'abdiquer pour se faire moine, puis rejoindre son fils cadet, le moine Sava (futur premier archevêque de l'Église de Serbie) au Mont Athos, pour y fonder le monastère serbe de Chilandar. En quelques dizaines d'années à peine, la Serbie est constellée de dizaines, puis de centaines d'églises et de monastères. L'assimilation de la culture byzantine est un processus continu auquel s'ajoute vers la fin du Moyen Âge une interprétation locale des structures sociales. Les cultes des saints jouent un rôle d'individuation au sein des sociétés cristallisées autour des hiérarchies monarchiques. L'autorité séculière et sacerdotale cultive les témoignages individuels et les manifestations collectives du bienfondé eschatologique de l'ordre établi. Le fait est que la transformation de la société issue d'un modèle traditionnel, y compris les tenants et les aboutissants de valeur religieuse, se prolonge sans interruption dans les Balkans, avec néanmoins quelques périodes de stagnation et de régression. La modernité érigée comme un principe universel, sensé être mis en pratique dans la société serbe, progresse lentement et avec atermoiements, s'inscrivant dans la longue durée depuis plus de deux siècles. [source éditeur]
b/ Histoire et culture du peuble serbe
- Serbes d'autrefois [Livre] : aux origines de la Serbie moderne / Georges Castellan, 2005
- Serbie [Livre] : mythologies balkaniques / Gaëlle Pério Valero, 2015
Un panorama de l'histoire, la culture, des religions et des réalités socio-économiques du pays. Avec trois entretiens. ©Electre
Que reste-t-il de l'ex-Yougoslavie ? De tous les peuples de l'ancienne république disloquée par la guerre, les Serbes sont sans doute ceux qui s'interrogent le plus. Sans parvenir à répondre, tant l'histoire semble, après la mort du maréchal Tito, leur avoir échappé.
La Serbie est un pays, sans aucun doute. Mais quel pays ! Un territoire enclavé, que ses frontières mal cicatrisées continuent de faire souffrir. La Serbie, surtout, est un condensé d'émotions contradictoires, porté par des sentiments puissants comme le majestueux Danube qui la traverse de part en part.
Serbie poétique et romantique. Serbie austère et orthodoxe. Serbie frustrée et nationaliste. Serbie désordonnée et si créative. C'est ce pays, soudain seul et isolé après les scissions du Monténégro et du Kosovo, que ces pages veulent vous faire découvrir. Avec en filigrane le goût, la musique, le rythme, les odeurs des Balkans.
- Histoire de Belgrade [Livre] / Jean-Christophe Buisson, 2013
Tour à tour celte, romaine, byzantine, hongroise, ottomane, autrichienne et yougoslave, Belgrade s'est toujours trouvée au carrefour de plusieurs cultures, civilisations, religions et empires. Son emplacement géographique de rêve, au confluent du Danube et de la Save, lui valut un destin de cauchemar : la "ville blanche" fut détruite à de nombreuses reprises, occupée pendant plusieurs siècles par les Turcs, maintenue dans un gant de fer pendant cinquante ans par les tyrans communistes Tito et Milosevic. Elle est à ce jour la dernière grande ville européenne à avoir été bombardée (en 1999, par l'Otan). C'est son histoire, pleine de bruit et de fureur, parfois tragique, souvent héroïque, qui est racontée ici. Un voyage fascinant dans le temps qui se présente aussi comme une chronique singulière de la longue amitié franco-serbe du Moyen Age à nos jours.
- Le nettoyage ethnique [Livre] : documents historiques sur une idéologie serbe / rassembléis, trad. et commentés par Mirko Grmek, Marc Gjidara et Neven Simac, 2002
En publiant ce recueil de documents historiques, les trois auteurs - un historien (Mirko Grmek), un juriste (Marc Gjidara) et un politiste (Neven Simac) - ont cherché à éclairer les opinions occidentales sur les origines et les ressorts de la guerre en ex-Yougoslavie. Notons que ces textes, qui font partie de l'héritage culturel serbe et sur lesquels se sont appuyés les artisans du nettoyage ethnique, n'ont leur équivalent ni en Slovénie, ni en Croatie, ni en Bosnie.
- Vers la guerre au Kosovo [Livre] : octobre 1998-mai 1999 / Gabriel Keller, 2021
En mars 1999, l'Otan intervient militairement en bombardant la République fédérale de Yougoslavie, entérinant l'échec de la Mission de vérification initiée par l'OSCE en vue de résoudre le conflit au Kosovo. L'auteur analyse le déroulement de cette opération diplomatique multilatérale, dont il a été l'un des dirigeants, décrivant de l'intérieur les négociations et le rôle des acteurs impliqués. ©Electre 2021
- Le testament du Kosovo [Livre] : journal de guerre / Daniel Salvatore Schiffer, 2015
Au printemps 1999, la Serbie est bombardée par l'aviation de l'Otan sans mandat de l'ONU. Présent sur le terrain durant toute la durée de l'intervention militaire, l'auteur présente son témoignage, en philosophe et en humaniste. Il l'étaye par de nombreux constats matériels, d'échanges directs avec les survivants, des photos inédites. ©Electre 2015
- Histoire du peuple serbe [Livre] / Dusan T. Batakovic, Milan St. Protic, Nikola Samardzic... [et al.] ; sous la dir. de Dusan T. Batakovic ; trad. du serbe par Ljubomir Mihailovic, 2005
Retrace une histoire méconnue, mal interprétée et controversée, celle des Serbes qui dès le VIe siècle construisirent des États successifs dans les Balkans, au carrefour des civilisations orientale et occidentale, dans une région sensible par sa situation géopolitique. Analyse les grands développements politiques et les phénomènes sociaux, religieux et économiques, à partir de nombreux documents.
- L'envers d'une histoire [D.V.D.] / un film de Mila Turajlic, 2019
Une porte condamnée dans un appartement de Belgrade révèle l'histoire d'une famille et d'un pays dans la tourmente. Tandis que la réalisatrice entame une conversation avec sa mère, le portrait intime cède la place à son parcours de révolutionnaire, à son combat contre les fantômes qui hantent la Serbie, dix ans après la révolution démocratique et la chute de Slobodan Milosevic.
c/ Documents de fiction
Teret [D.V.D.] / réal. & scénario de Ognjen Glavonic ; Leon Lucev, Pavle Cemerikic, Tamara Krcunovic, Ivan Lucev,... [et al.] act., 2018
1999, alors que la Serbie est bombardée par l'OTAN, Vlada travaille comme chauffeur de poids lourds. Dans son camion, il transporte un mystérieux chargement du Kosovo jusqu'à Belgrade et traverse un territoire marqué par la guerre. Lorsque sa tâche sera terminée, il devra rentrer chez lui et vivre avec les conséquences de ses actes.
Nouvelles de Serbie [Livre], 2012
Recueil de six nouvelles d'écrivains serbes contemporains. Au coeur des Balkans, la Serbie fut le carrefour de plusieurs civilisations pendant de nombreux siècles. Ce pont entre Occident et Orient, entre Mitteleuropa et Méditerranée, a aussi été un espace stratégique convoité par les plus grands empires de l'époque. L'Histoire de ce pays figure parmi les plus tragiques qui soient en Europe. Après la Seconde Guerre mondiale, la Serbie antifasciste devint l'une des six républiques (Serbie, Slovénie, Croatie, Bosnie, Monténégro et Macédoine) de la Yougoslavie de Tito, fédération dont l'éclatement dans les années 1990 engendra une guerre meurtrière et destructrice, jusqu'à l'indépendance de la Serbie en 2006. Avec un tel passé et de telles influences, il n'est pas surprenant que les créateurs fassent preuve d'une imagination débridée, dont les propriétés seraient le métissage de l'âme des Slaves du sud, une certaine métaphysique des Balkans et la cohabitation voulue des genres. Tous les auteurs réunis ici disent cette réalité, cette vitalité de la Serbie.
Anthologie de la nouvelle serbe [Livre] : 1950-2000 / choix de nouvelles, préface et présentation des auteurs par Milivoj Srebo ; traduction d'Alain Cappon, et de Maria Bezanovska, Vladimir André Cejovic, et Anne Roue, Pascale Delpech, ...[et al.], 2003
Anthologie de nouvelles, un genre littéraire très développé en Yougoslavie, qui présente 21 auteurs des grands classiques (I. Andric, D. Kis...) aux plus contemporains (R. Petkovic, S. Basara, D. Velikic...).
D'Ivo Andrié, prix Nobel de littérature en 1961, à Svetislav Basara, écrivain postmoderne débordant d'idées novatrices, cette Anthologie de la nouvelle serbe propose un vaste panorama des plus grands nouvellistes serbes de la seconde moitié du XXe siècle. Unique ouvrage du genre à ce jour, ouvrage de référence donc, cette Anthologie a pour ambition d'être représentative, bien sûr, des différents courants littéraires serbes, et de combler l'amateur de littérature. Car la littérature serbe regorge de petits bijoux et de véritables grands écrivains. Qui a lu Andrié, Crnjanski, Pavié, Kis ou Pekié, le sait déjà et pourra prolonger ici sa promenade littéraire. Quant au lecteur qui découvrira pour la première fois les auteurs serbes, qu'il soit aussi séduit que nous pour la richesse, la variété, l'originalité de ces nouvelles venues des Balkans.
Vous trouverez sur le site du film documentaire la filmographie de Florence Lazar, née en 1966 à Paris, française d'origine serbe qui pratique le portrait photographique dans les années 1990 puis se tourne vers la vidéo et le reportage documentaire :
À la fin des années 1990, au sortir des guerres en ex-Yougoslavie, Florence Lazar se saisit d’une caméra vidéo et se rend sur place. Elle a besoin de comprendre ce qui vient d’avoir lieu sur ce territoire tout à la fois proche, par son histoire familiale, et étranger, parce qu’elle vit en France et n’en parle pas la langue. La forme documentaire fait ainsi irruption et s'impose durablement dans son œuvre.
L'artiste a ainsi réalisé un ensemble de films sur différentes situations issues du conflit en ex-Yougoslavie (la fin de la guerre, la chute de Milošević, la création d’une cour spéciale à Belgrade pour juger les crimes de guerre, la réécriture de l’histoire en République serbe de Bosnie).
[...]Dans le film Les Paysans tourné en 2000 au sortir de la guerre, un paysan serbe livre sa vision du régime de Milošević. Kamen - Les Pierres (2014) retrace la manière dont la falsification de l’histoire s’impose comme prolongement de l'épuration ethnique dans l’actuelle République serbe de Bosnie. Faisant entendre une voix dissidente et féministe, le groupe de parole des Femmes en noir (2002) montre un hors-champ de la guerre en ex-Yougoslavie. Dans Confession d’un jeune militant (2008), le père de l’artiste présente sa bibliothèque et redessine un cheminement intellectuel et militant à travers la gauche française.
[...]
Ses films questionnent les conditions du regard, de perception d’une actualité dans son contexte. Enregistrés directement sur le terrain, en ex-Yougoslavie, en Serbie, au Monténégro et en Croatie, ils traitent de l’événement comme un étirement de l’actualité et de sa possible traduction.
Bonnes poursuites dans vos recherches