érotisme
DIVERS
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Le 21/01/2007 à 17h29
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Question d'origine :
Bonjour,
Dans le cadre de mon cour d'esthétique je m'interroge sur la notion d'érotisme dans sa globalité. Je ne trouve que des définitions très générales (ce qui est propre à l'amour physique) ou très personnelles et complexe (Georges bataille). Pourriez vous m'indiquer une ou des définition communes voir une organisation de ces définition? (définition philosophique,artistique...)merci d'avance.
Réponse du Guichet

L'article que Wikipédia consacre à l'érotisme nous semble approprié à votre recherche. L'avez-vous consulté ? :
L'érotisme (dérivé du nom d'Éros, dieu de l'amour dans la mythologie grecque) englobe tout ce qui est propre à rappeler l'amour physique, ou à émoustiller les sens, c'est-à-dire à exciter sexuellement. Il peut s'agir d'œuvres d'art, écrites ou visuelles (littérature, cinéma, photographie , peinture, sculpture, etc.) ou bien de situations, d'objets... Avec le rire, on peut penser que l'érotisme est le propre de l'homme.
L'érotisme passe par la culture comme par l'imaginaire. La littérature érotique et libertine est vieille comme le monde ; de Rabelais à Apollinaire jusqu'à Alina Reyes ou Pauline Réage. Au Moyen Âge existait déjà une érotique des troubadours, le "fin'amor". Bien des écrivains sérieux, comme Diderot ou La Fontaine, furent aussi secrètement auteurs de contes galants.
L'érotisme est une source d'inspiration en littérature, mais aussi en peinture (Bonnard, Masson, Degas à Picasso...) ou au cinéma (Jean-Paul Civeyrac, Catherine Breillat...)
Le peintre Courbet choque en présentant un nu féminin dans sa plus simple expression, L'Origine du monde.
Cet article décline ensuite différentes approches : Érotisme et pornographie, Imagination, séduction et tenue vestimentaire, Chat érotique ou Cybersexe, Approche philosophique : Erotisme et finitude, Sexualité et séduction, Le libertinage ; et fait référence à de nombreux auteurs que vous pouvez certainement consulter avec profit :
Approche philosophique
* Le philosophe Michel Henry fait une description phénoménologique de l’érotisme et de la relation amoureuse dans son livre « Incarnation, une philosophie de la chair ».
* Roland Barthes : "L'érotisme c'est lorsque le vêtement baille"
* Jean-Clet Martin traite le rapport de l'érotisme à l'éternité :100 mots pour jouir de l'érotisme, Ed. Empêcheurs/Seuil. Il montre que le corps ne s'approfondit pas seulement vers l'intérieur, en tant que pensée et conscience, mais se réalise à même une surface d'exposition durable, dans l'érotisation des parures et la grâce des tatouages, des masques et des transparences. L'individu fini, centré sur soi, tel que le voit déjà Bataille, trouve donc dans l'érotisme la force d'une extase hors de soi. Le dieu de la beauté, Apollon, célèbre ainsi, au-delà de son interprétation Nietzschéenne, l'art d'élaborer une frontière avec Autrui qui se passe de toute intériorité et de toute profondeur (Parures d'Eros. Un traité du superficiel, Ed. Kimé).
Erotisme et finitude
Selon Georges Bataille, il n'y a érotisme que pour un individu fini, centré sur lui-même, et qui se sent pourtant poussé à se fondre, au risque de s'y perdre, en une communauté avec autrui, communauté charnelle, communauté du sentant et du senti, écrit Lévinas pour décrire la proximité sensible des corps, c'est-à-dire la volupté. L'érotisme doit beaucoup à la curiosité, ou plutôt la fascination, pour un corps fait autrement que le nôtre.
Plus profondément, l'érotisme est la promesse de la coïncidence, pourtant impossible sinon charnellement, entre ces deux mondes que sont deux personnes distinctes (voir Le Banquet de Platon et le discours qu'il met dans la bouche d'Aristophane).
Ainsi, l'acte amoureux participe de la profanation. L'érotisme est une joute, où il s'agit d'amener l'autre à sortir de son retrait, à s'exposer. La caresse serait selon Sartre une véritable incantation. Elle invite le partenaire à investir son corps, à être son corps, à s'offrir, non comme pure chair, mais comme chair habitée par une personne, une liberté. Mais, note Michel Leiris, « tenir le sacré » c'est «finalement le détruire en le dépouillant peu à peu de son caractère d'étrangeté».
Toujours dans Le Banquet de Platon, on voit Socrate expliquer que l'érotisme vise plus haut que la communauté et la complémentarité des amants, qu'il fait signe vers le Vrai.
Comme la religion, l'érotisme confronte l'individu à une puissance créatrice qui le dépasse. Moins peut-être Dieu, ou l'Idée du Beau, que la vie, la sexualité au sens biologique du terme, la reproduction.
Sacrée, la sexualité est à la fois effrayante et attirante. Selon Bataille, elle n'est pas tant immorale qu'elle ne suspend la morale individuelle au nom de la vie et de l'espèce. L'érotisme a ceci de commun avec la mort qu'il réfute la fermeture sur soi de l'individu, fermeture à laquelle il doit sa conscience et son moi. La pulsion sexuelle, liée à la reproduction, dépasse l'horizon de l'instinct de conservation. L'individu ne se reproduit pas parce qu'il est mortel, il est mortel afin que la vie puisse se renouveler.
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