mal blanc
DIVERS
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Le 16/12/2006 à 23h00
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Question d'origine :
C'est à propos d'un vers de Jules Laforgue extrait de "Complainte d'un autre dimanche"
Voici la strophe entière, le problème est au dernier vers avec l'expression "mals blancs" :
"C'était un très-au vent d'octobre paysage
Que découpe, aujourd'hui dimanche, la fenêtre,
Avec sa jalousie en travers, hors d'usage,
Où sèche, depuis quand ! une paire de guêtres
Tachant de deux mals blancs ce glabre paysage."
Un mal, des maux, soit. Mais dans le cas de ce "mal blanc" ( = panaris), la règle s'applique-t-elle ? Ou le poète décadent s'amuse-t-il, comme au vers 1 de la strophe, à écorcher la grammaire ? J'ai cherché dans plusieurs dictionnaires mais je n'ai pas trouvé ce fichu panaris (mal blanc) au pluriel. Mystère !
Merci de m'aider si vous le pouvez.
Réponse du Guichet

Le Trésor de la Langue Française Informatisé indique bien sûr que le pluriel de mal, nom commun, est maux. Mais il spécifie aussi un usage particulier qui peut faire admettre que mals blancs soit admissible : l'expression populaire ancienne être dans les mals, signifiant : être dans les douleurs de l'enfantement.
Quoi qu'il en soit, il n'est guère raisonnable d'essayer de trouver une rationnalité orthographique chez Jules Laforgue, digne représentant du symbolisme, décadent de surcroit, comme vous le soulignez justement :
Le symbolisme correspond à une réaction contre le matérialisme scientiste, dont la forme littéraire triomphante au XIXème siècle est le naturalisme : celui-ci est accusé de ne proposer qu'une vision mécaniste de l'homme et de l'univers, enclose dans une description objective. C'est au contraire à la suggestion que s'attacheront ces jeunes poètes qui partagent encore du Romantisme le pessimisme désabusé : Charles Cros, René Ghil, Jules Laforgue s'appelleront d'abord Décadents, pour saluer en Verlaine, qui affectionnait ce mot, leur figure de proue, puis accepteront d'être fédérés sous la bannière du Symbolisme. Le mot est proposé par Jean Moréas, qui utilise ici l'étymologie du mot symbole (« jeter ensemble ») pour désigner l'analogie que cette poésie souhaite établir entre l'Idée abstraite et l'image chargée de l'exprimer. Pour les Symbolistes, le monde ne saurait se limiter à une apparence concrète réductible à la connaissance rationnelle. Il est un mystère à déchiffrer dans les correspondances qui frappent d'inanité le cloisonnement des sens : sons, couleurs, visions participent d'une même intuition qui fait du Poète une sorte de mage. Le symbolisme oscille ainsi entre des formes capables à la fois d'évoquer une réalité supérieure et d'inviter le lecteur à un véritable déchiffrement : d'abord voué à créer des impressions - notamment par l'harmonie musicale - un souci de rigueur l'infléchira bientôt vers la recherche d'un langage inédit. L'influence de Mallarmé est ici considérable, qui entraîne la poésie vers l'hermétisme.
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