Sybilles de l'Antiquité

Réponse du service Guichet du Savoir

Nous avons menées des recherches approfondies dans les documents suivants : Histoire de la divination : oracles, prophéties, voyances, Histoire de la divination dans l'Antiquité : divination hellénique et divination italique, ainsi que dans quelques autres ouvrages.
Ces livres ne font pas d'allusion précise à des prédictions sibyllines concernant la naissance du Christ, même si dans Histoire de la divination dans l'Antiquité, il est dit que "les chrétiens tiraient parti de certains oracles qui passaient pour avoir annoncé la naissance du Messie, ou proclamé la Trinité".


Quelques extraits attestant des "liaisons" entre sibylles et chrétiens :

Les chresmologies sibyllines, qui couvrent plusieurs siècles, proviennent de différentes régions du monde antique et, par un habile détournement de la tradition, elles ont fait corps avec les prophéties judéo-chrétiennes, au point qu'on retrouve ces révélations mystiques dans la littérature et l'art chrétiens. « Comme en témoignent David et la Sibylle » est une expression courante à la fin du Moyen Âge ; par ailleurs, Michel-Ange a incorporé les sibylles dans ses fresques bibliques de la chapelle Sixtine.
« Sibylle » est, en fait, un nom générique qui désigne plusieurs prophétesses actives autour de la Méditerranée (Asie Mineure, Grèce, Egypte, Libye, Italie), qu'il s'agisse de personnages distincts ou de réincarnations de la même héroïne, dans un effort évident de réconcilier plusieurs revendications régionales. Varron, auteur latin du Ier siècle av. J.-C., en distingue dix, regroupant une trentaine de traditions locales, créées par imitation ou pour valoriser des sites naturels exceptionnels — montagnes volcaniques, sources, grottes — qui ont toujours attiré les oracles et les
voix inspirées.
[...]

 Varron attribue à la sibylle de Cumes le destin des « livres sibyllins » qui contenaient non seulement des informations sur l'avenir de la ville éternelle, mais aussi des formules pour apaiser la colère divine, contre les explosions volcaniques ou les épidémies. Ces désastres sont endémiques à Naples, et depuis l'avènement du christianisme, saint Janvier a hérité des prérogatives divinatoires de la sibylle : les gouttes de son sang conservées dans une fiole se mettent ou non en ébullition pour préfigurer le bonheur ou le malheur dans l'année à venir.

Les « livres sibyllins »
Selon les légendes populaires, Démophile aurait écrit neuf livres, sur des feuilles de palmier, qu'elle aurait proposés à Tarquin le Superbe, le dernier roi de Rome. Devant sa réticence à acheter les neuf volumes au prix qu'elle en demandait, la sibylle brûla trois livres et lui proposa le reste, toujours au même prix et, finalement, il céda quand il ne restait que trois volumes, au prix de neuf, les six autres étant réduits en cendres par l'inflexibilité de la prophétesse. Enfermés dans un coffre, déposé dans le temple de Zeus Capitolin, ces livres étaient consultés, sur ordre du Sénat, par un collège de patriciens et de plébéiens, à l'occasion de famines, de catastrophes ou de défaites militaires. Lorsque, en 83 av. J.-C.; les livres furent détruits dans l'incendie du temple, les autorités romaines dépêchèrent des ambassadeurs partout où des sibylles auraient vécu pour assembler une nouvelle collection d'oracles, qu'Auguste déposa dans le temple d'Apollon Palatin. La dernière consultation officielle daterait de 363 apr. J.-C. Ensuite, les interpolations judéo-chrétiennes introduites progressivement dans les « livres sibyllins » ont donné l'occasion à ceux-ci de survivre, sous forme de chresmes mélangés, pendant toute l'époque médiévale. La Renaissance italienne, sensible à la tradition antique comme aux légendes chrétiennes, a redoré le blason des sibylles, dont le nom reste, avec celui des pythies, synonyme de divination extatique féminine.
Source : Histoire de la divination


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