Question d'origine :
Je suis à la recherche de livres traitant et expliquant le procédé qu'utilisaient les Incas pour tailler les pierres.
Réponse du Guichet

Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Dernière venue sur la scène des cultures andines, la civilisation inca est l'une des mieux connues, en raison des nombreuses réalisations architecturales qu'elle a laissées, et qui suscitèrent souvent l'admiration des conquérants espagnols.
(…)
L'apport des Incas est surtout marqué par la construction d'agglomérations (Cuzco, Pisac, Chincheros) et d'innombrables ouvrages de génie civil : routes, ponts, barrages, canaux, terrasses agricoles, destinés à imposer et à maintenir l'ordre dans les provinces conquises. Ces agglomérations, parfaitement planifiées, étaient à la fois des centres administratifs (Huanuco Pampa), militaires (Sacsawaman, Paramonga) et cérémoniels (Vilcaswaman), rarement occupés par une population nombreuse et stable.
Les Incas développèrent également l'art de la maçonnerie, préférant la pierre à tout autre matériau, assurant ainsi à leurs édifices une grande pérennité. Temples et palais étaient généralement construits sur un seul niveau, à partir d'une base rectangulaire. Ils étaient faits d'assemblages dits cyclopéens, où la jonction de certains blocs avec d'autres ne laisse pas le moindre interstice. Leur décoration se caractérisait surtout par la forme trapézoïdale donnée aux ouvertures : portes à simple ou double montants, fenêtres et niches décorant l'intérieur des murs. Paradoxalement, tous ces ouvrages de maçonnerie ne recevaient que des couvertures de paille, reposant sur une charpente de bois rudimentaire, bien que la fausse voûte soit connue et utilisée. L'habitat rural était en brique de torchis.
Source : Encyclopédie Universalis
Les ouvrages généraux sur les Incas consacrent généralement un passage à la construction et à l'architecture :
Temples et palais étaient généralement bâtis sur un seul niveau, à partir d'une base rectangulaire. L'architecte en réalisait d'abord la maquette qui servait de plan aux maçons. Les carrières voisines fournissaient la pierre, en particulier l'andésite, qui était taillée à l'aide d'outils de cuivre ou de bronze, puis soigneusement polie avec du sable humide.
Source : Les Incas/ Henri Favre, collection Que sais-je ?, 2003, page 92.
Pour tailler et préparer les pierres, les Incas utilisaient des galets de rivière en guise de marteaux. Les blocs étaient ensuite tractés à force de bras, à l'aide de cordes végétales jusqu'au lieu de la construction où ils étaient assemblés. La plupart des bâtiments étaient édifiés en pierres à demi taillées ou en pierres non taillées, assemblées avec un mortier argileux.
Source : Les Incas/ César Itier, 2008, pages 152 et suivantes.
L'ouvrage de Danièle Lavallée et Luis Guillermo Lumbrera, Les Andes : de la préhistoire aux Incas/ 1985 (pages 356 et suivantes), est plus précis:
On y trouve, auprès d’édifice modestes (probablement des habitations) aux murs de moellons de granit grossièrement appareillés et assemblés à l’aide d’un mortier argileux, de très beaux ensembles de pierre de taille aux parements parfaitement jointifs. Contrairement à une opinion répandue, ces murs sont en fait, dans la plupart des cas, assemblés avec un mortier qui n'apparaît pas.
Enfin, la présence de blocs de granité affleurants en cours de débitage a permis de reconstituer la technique d'extraction, à l'aide de coins de bois humidifiés introduits dans des trous forés en ligne. Les blocs ainsi obtenus, parfois de très grande taille (tels les énormes dalles de plus de 4 mètres dressées au sommet de Ollantaytambo ou les blocs cyclopéens de Sacsayhuaman), étaient ensuite transportés par roulage sur des troncs d'arbres. Divers édifices comportent en façade des blocs qui ont conservé les protubérances utilisées pour l'arrimage des cordes de halage. Ils étaient enfin mis en place grâce à des levées de terre, édifiées à mesure que l'on montait le mur et détruites ensuite. Point n'est besoin, par conséquent, de faire appel à des forces supranaturelles, non plus qu'à une quelconque pâte à ramollir les pierres ! Ce qui ne rend que plus admirables les réalisations d'artisans qui ne disposaient que d'outils de bronze (leviers, ciseaux), de pierre ou d'hématite (marteaux) et de bois. L'abrasion et le polissage des blocs, conditions de ces ajustements qui forcent l'admiration, s'obtenaient à l'aide de sable humide, et d'une longue patience.
Quant à l'aspect variable des parements, d'appareillage tantôt rectangulaire, avec (murs de l'Aclla-huasi du Cuzco) ou sans bossages (mur courbe du Coricancha), tantôt polygonal (Hatunrumiyoc), il reflète non pas l'ancienneté de la construction mais sa fonction et sa richesse. Si les palais et bâtiments publics présentent en général un appareillage régulier de blocs isodomes, les murs d'enceinte ou de contention sont presque toujours à appareillage polygonal, ce qui assure une meilleure rigidité et une plus grande résistance à la poussée des masses de terre retenues.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter :
- Contribution à l'étude de l'architecture inca/ Jean-François Bouchard, 1983, des extraits sont disponibles sur Google Books.
- "La maçonnerie inca", Jean-Pierre Protzen, in Pour la science, No 102, avril 1986, explique les techniques et les gestes des carriers et des maçons incas et donne une bibliographie.
Si vous êtes anglophone, vous pouvez lire, du même auteur, Inca architecture and construction at Ollantaytambo, 1993, qui sera certainement plus complet.
- Enfin, un ouvrage en espagnol : Así construian los inkas, Armin Bollinger, 1997.
Vous ouvez également consulter les quelques informations données par une agence de voyage : L'architecture et les constructions incas.
Bonjour,
Dernière venue sur la scène des cultures andines, la civilisation inca est l'une des mieux connues, en raison des nombreuses réalisations architecturales qu'elle a laissées, et qui suscitèrent souvent l'admiration des conquérants espagnols.
(…)
L'apport des Incas est surtout marqué par la construction d'agglomérations (Cuzco, Pisac, Chincheros) et d'innombrables ouvrages de génie civil : routes, ponts, barrages, canaux, terrasses agricoles, destinés à imposer et à maintenir l'ordre dans les provinces conquises. Ces agglomérations, parfaitement planifiées, étaient à la fois des centres administratifs (Huanuco Pampa), militaires (Sacsawaman, Paramonga) et cérémoniels (Vilcaswaman), rarement occupés par une population nombreuse et stable.
Les Incas développèrent également l'art de la maçonnerie, préférant la pierre à tout autre matériau, assurant ainsi à leurs édifices une grande pérennité. Temples et palais étaient généralement construits sur un seul niveau, à partir d'une base rectangulaire. Ils étaient faits d'assemblages dits cyclopéens, où la jonction de certains blocs avec d'autres ne laisse pas le moindre interstice. Leur décoration se caractérisait surtout par la forme trapézoïdale donnée aux ouvertures : portes à simple ou double montants, fenêtres et niches décorant l'intérieur des murs. Paradoxalement, tous ces ouvrages de maçonnerie ne recevaient que des couvertures de paille, reposant sur une charpente de bois rudimentaire, bien que la fausse voûte soit connue et utilisée. L'habitat rural était en brique de torchis.
Source : Encyclopédie Universalis
Les ouvrages généraux sur les Incas consacrent généralement un passage à la construction et à l'architecture :
Temples et palais étaient généralement bâtis sur un seul niveau, à partir d'une base rectangulaire. L'architecte en réalisait d'abord la maquette qui servait de plan aux maçons. Les carrières voisines fournissaient la pierre, en particulier l'andésite, qui était taillée à l'aide d'outils de cuivre ou de bronze, puis soigneusement polie avec du sable humide.
Source : Les Incas/ Henri Favre, collection Que sais-je ?, 2003, page 92.
Pour tailler et préparer les pierres, les Incas utilisaient des galets de rivière en guise de marteaux. Les blocs étaient ensuite tractés à force de bras, à l'aide de cordes végétales jusqu'au lieu de la construction où ils étaient assemblés. La plupart des bâtiments étaient édifiés en pierres à demi taillées ou en pierres non taillées, assemblées avec un mortier argileux.
Source : Les Incas/ César Itier, 2008, pages 152 et suivantes.
L'ouvrage de Danièle Lavallée et Luis Guillermo Lumbrera, Les Andes : de la préhistoire aux Incas/ 1985 (pages 356 et suivantes), est plus précis:
On y trouve, auprès d’édifice modestes (probablement des habitations) aux murs de moellons de granit grossièrement appareillés et assemblés à l’aide d’un mortier argileux, de très beaux ensembles de pierre de taille aux parements parfaitement jointifs. Contrairement à une opinion répandue, ces murs sont en fait, dans la plupart des cas, assemblés avec un mortier qui n'apparaît pas.
Enfin, la présence de blocs de granité affleurants en cours de débitage a permis de reconstituer la technique d'extraction, à l'aide de coins de bois humidifiés introduits dans des trous forés en ligne. Les blocs ainsi obtenus, parfois de très grande taille (tels les énormes dalles de plus de 4 mètres dressées au sommet de Ollantaytambo ou les blocs cyclopéens de Sacsayhuaman), étaient ensuite transportés par roulage sur des troncs d'arbres. Divers édifices comportent en façade des blocs qui ont conservé les protubérances utilisées pour l'arrimage des cordes de halage. Ils étaient enfin mis en place grâce à des levées de terre, édifiées à mesure que l'on montait le mur et détruites ensuite. Point n'est besoin, par conséquent, de faire appel à des forces supranaturelles, non plus qu'à une quelconque pâte à ramollir les pierres ! Ce qui ne rend que plus admirables les réalisations d'artisans qui ne disposaient que d'outils de bronze (leviers, ciseaux), de pierre ou d'hématite (marteaux) et de bois. L'abrasion et le polissage des blocs, conditions de ces ajustements qui forcent l'admiration, s'obtenaient à l'aide de sable humide, et d'une longue patience.
Quant à l'aspect variable des parements, d'appareillage tantôt rectangulaire, avec (murs de l'Aclla-huasi du Cuzco) ou sans bossages (mur courbe du Coricancha), tantôt polygonal (Hatunrumiyoc), il reflète non pas l'ancienneté de la construction mais sa fonction et sa richesse. Si les palais et bâtiments publics présentent en général un appareillage régulier de blocs isodomes, les murs d'enceinte ou de contention sont presque toujours à appareillage polygonal, ce qui assure une meilleure rigidité et une plus grande résistance à la poussée des masses de terre retenues.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter :
- Contribution à l'étude de l'architecture inca/ Jean-François Bouchard, 1983, des extraits sont disponibles sur Google Books.
- "La maçonnerie inca", Jean-Pierre Protzen, in Pour la science, No 102, avril 1986, explique les techniques et les gestes des carriers et des maçons incas et donne une bibliographie.
Si vous êtes anglophone, vous pouvez lire, du même auteur, Inca architecture and construction at Ollantaytambo, 1993, qui sera certainement plus complet.
- Enfin, un ouvrage en espagnol : Así construian los inkas, Armin Bollinger, 1997.
Vous ouvez également consulter les quelques informations données par une agence de voyage : L'architecture et les constructions incas.
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