Le transport pneumatique public est-il encore utilisé ?
Le 17/01/2017 à 10h02
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Question d'origine :
Bonjour,
Lors de la visite du site Richelieu de la BnF qui a pu rouvrir ce weekend, il nous a été présenté une machine autrefois utilisée pour le transport par pneumatique des demandes entre les salles de lecture et les magasins.
J'ai pu lire que Paris comptait jusqu'à 467km de tubes souterrains pour permettre l'échange d'informations et de documents, entre les différentes postes, et les administrations centrales. J'ai pu entendre dire que ce moyen était toujours utilisé entre l'Assemblée Nationale et le Sénat, et à Bercy. Cette information est-elle exacte ? Le réseau "public" est-il encore utilisé de nos jours malgré l'invention des nouvelles technologies, ou ce moyen de transport de l'information ne se fait il plus que dans les hôpitaux, les banques et les commerces ?
Qu'en est-il aussi de celui de la ville de Lyon?
Merci de votre réponse
Réponse du Guichet

Bonjour,
Le mot « pneumatique » désigne un ensemble d’appareils qui utilisent le souffle, pneuma en grec.
D’après L’histoire du transport pneumatique, « les pneumatiques sont décrits par Héron d'Alexandrie au cours du premier siècle. À l'époque victorienne, ils étaient employés pour transmettre des télégrammes depuis les stations de télégraphe jusque dans les immeubles alentour ».
A partir de la deuxième moitié du 19ème siècle, les applications typiques se trouvent dans les postes (la poste pneumatique). Des réseaux pneumatiques sont développés dans plusieurs grandes villes. En France c’est le cas de Paris (de 1934 jusqu’en 1984), de Marseille (de 1938 jusqu'en 1964), puis de Lyon. Aucune précision de dates n’apparait cependant pour cette dernière. Dans un article intitulé, « L’organisation des PTT à Lyon » paru dans le journal La Construction lyonnaise du 16/08/1912, on lit : « […] Il indispensable (aussi) que Lyon soit doté d’un service de télégrammes pneumatiques comme Paris ou Marseille : on nous l’avait promis il y a quelques années ». Ce service a-t-il été mis en place ? Nos recherches n’ont malheureusement fournis aucun résultat à ce sujet, ni sur d’autres applications à Lyon à cette époque de ce type de réseau.
Aujourd’hui le réseau pneumatique est toujours utilisé dans les supermarchés, les industries, les banques, et les hôpitaux. Pour cette dernière application la ville de Lyon figure en tête des villes françaises avec le réseau qui relie les pavillons de L’hôpital Édouard-Herriot (HEH) et le bâtiment de biologie du groupement Est de Bron. Mis en place entre mai 2013 et mai 2015 ce réseau pneumatique d’une longueur de 1,7 kilomètre, représente la plus longue liaison pneumatique inter-hôpitaux d’Europe (voir l’article du Progrès en pièce jointe). D’autres hôpitaux lyonnais sont équipés de ce système de pneumatique, c’est le cas de
Bonne journée
- Les pneumatiques d'Héron d'Alexandrie
Pièces jointes
Réponse du Guichet

Bonjour
Pour compléter la réponse de nos collègues de la Documentation régionale, voilà un aperçu de la poste pneumatique à Paris :
« Ainsi, en 1865, le service entre les bureaux de la place de la Bourse et de Grenelle était assuré par des petites voitures à cheval effectuant ce voyage de 3 km en 12 mn. Cette solution ne pouvant être facilement généralisée sur l’ensemble de la capitale, l’Administration des télégraphes envisagea de transporter le courrier urgent en utilisant une « pression atmosphérique souterraine » à l’intérieur d’une conduite reliée à deux bureaux. Le transport pneumatique apparaissait en effet comme une solution possible au problème de la distribution des dépêches sur une courte distance, d’autant plus qu’il était expérimenté à Londres depuis 1853 avec un certain succès.
L’Administration décida donc en 1866, à titre d’essai, de construire à ciel ouvert une ligne entre la place de la Bourse et le Grand Hôtel (boulevard des Capucines). […]
L’idée vint ensuite d’étendre le réseau pour arriver à une véritable distribution postale des dépêches dans Paris. Mais telle n’avait pas été l’idée d’origine qui consistait seulement à créer un auxiliaire du télégraphe électrique. L’Administration des télégraphes étudia alors les moyens de relier pratiquement à ce réseau pneumatique de base l’ensemble des bureaux parisiens ouverts au télégraphe.
Corrélativement, à partir de 1868, les tubes furent posés dans les larges canalisations des égouts installées par Belgrand.
Au fil des ans, les moyens techniques mis à disposition des ingénieurs tubistes allaient se diversifier et s’améliorer, mais les principes de base du système pneumatique restèrent inchangés. Les dépêches à transporter se logeaient dans des cartouches ou curseurs. Ces cartouches, une fois introduites dans un tube parfaitement calibré, étaient simultanément propulsées par de l’air comprimé et aspirées par du vide entretenu en aval de la ligne. […]
En 1914, le réseau dessert Neuilly-sur-Seine, fait signification de la faveur que reçoit le pneumatique auprès de la grande bourgeoisie. Ce sera la seule échappée hors de Paris du pneu. Nous le retrouvons en 1921 avec une longueur de 360 km. Il atteindra son maximum en 1933 avec 427 km , le réseau diminuant par la suite tout en desservant le même nombre de bureaux (l’automatisation réduira après 1945 les temps de transit dans les bureaux intermédiaires, et permettra ainsi la fusion de deux ligne parallèles voisines en une seule). […]
Le ministère des PTT prit la décision d’arrêter le service pneumatique le 30 mars 1984 ; il venait de mettre en place des structures aptes à en prendre la relève : Postéclair, assurant une transmission par télé-télex, et Postexpress, permettant d’acheminer dans la journée lettres et colis de moins de 5kg à Paris et dans 83 autres villes.
Aujourd’hui, il reste encore le réseau pneumatique officiel et quelques réseaux récents et privés qui relient plusieurs immeubles d’une même entreprise. »
Des égouts au musée, splendeur et déclin de la poste atmosphérique / Thierry Poujol
Dès 1866, Paris met en place un premier réseau de télégraphe pneumatique entre la Bourse et le Grand Hôtel. Par la suite, le réseau s’étendra aux lettres et autres courriers postaux jusqu’en 1984 où les PTT décident de fermer ce service.
« Toujours en quête du service le plus rapide, l’administration postale va également jeter son dévolu sur une autre invention : le pneumatique. Qui s’en rappelle aujourd’hui ? Bien avant Internet et les e-mails, grâce à ce système de tubes propulsés par air comprimé à la vitesse de 36 kilomètres par heure, les missives arrivaient quasi instantanément à leur destinataire. Fin XIXe, on compte dans les égouts de Paris pas moins de 450 kilomètres de tubes pour relier entre eux les bureaux de poste de la capitale. Là, les « pneus » sont pris en charge par des facteurs spécialisés qui les livrent prestement à la bonne adresse. Il faut à l’époque moins d’une heure et demie entre le dépôt et la remise d’un message. Les milieux d’affaires en sont particulièrement friands et ce système ingénieux perdurera à Paris jusqu’en 1984. Fait étonnant : les ministères, l’Assemblée nationale et l’Elysée continueront à utiliser ce monde de communication totalement sécurisé jusqu’au milieu des années 2000. »
La face cachée de la Poste : enquête sur un service public en péril / Séverine Cazes et Valérie Hacot
Le réseau entre l’Assemblée nationale, l’imprimerie du Journal officiel et les ministères ne serait donc plus en fonction :
« Plus insolite, les égouts sont traversés par un réseau de tubes pneumatiques qui permettait jusqu'en 2003 d'envoyer les textes de loi depuis l'Assemblée Nationale vers le Journal Officiel. »
Des égouts et des hommes / Anthony Nataf (in 20 minutes)
Toutefois, ce réseau serait maintenu en état au cas où :
« Ce type de réseau est toujours et même de plus en plus utilisé dans des commerces de détail, hôpitaux, industries et banques françaises. Si le réseau reliant l'Assemblée nationale, le Sénat au Journal officiel n’est plus utilisé, il est potentiellement en état de marche pour des dépêches entre les chambres du Parlement français, les services du Premier Ministre et le palais de l'Élysée : conservation stratégique en cas de coupure des systèmes de télécommunication actuels, notamment en cas de guerre). »
L’histoire du transport pneumatique / Aerocom
Le transport pneumatique est donc encore utilisé par des entreprises privées (comme les supermarchés) et les hôpitaux :
« C'est jour d'affluence, et un logiciel avertit la caissière qu'il est temps pour elle de se délester d'une partie de ses espèces. Notre billet de 20 euros n'aura pas été long à sortir du tiroir-caisse. Voilà qu'une main le saisit. La caissière compte et recompte une liasse qui va atterrir dans une enveloppe, avant d'être glissée dans un tuyau pneumatique pour être propulsée directement dans le coffre-fort de l'hyper. »
La vie secrète de nos billets de banque / Nicole Penicaut (in Le Nouvel Obs)
Les transports par tube pneumatique : Hopital Tenon - XXe arrondissement de Paris
Pour aller plus loin :
• La poste pneumatique : invention ingénieuse / Musée de la Poste
• La poste ou l’histoire des communications ¾ / La Fabrique de l’Histoire (in France Culture)
Bonne journée
Pour compléter la réponse de nos collègues de la Documentation régionale, voilà un aperçu de la poste pneumatique à Paris :
« Ainsi, en 1865, le service entre les bureaux de la place de la Bourse et de Grenelle était assuré par des petites voitures à cheval effectuant ce voyage de 3 km en 12 mn. Cette solution ne pouvant être facilement généralisée sur l’ensemble de la capitale, l’Administration des télégraphes envisagea de transporter le courrier urgent en utilisant une « pression atmosphérique souterraine » à l’intérieur d’une conduite reliée à deux bureaux. Le transport pneumatique apparaissait en effet comme une solution possible au problème de la distribution des dépêches sur une courte distance, d’autant plus qu’il était expérimenté à Londres depuis 1853 avec un certain succès.
L’Administration décida donc en 1866, à titre d’essai, de construire à ciel ouvert une ligne entre la place de la Bourse et le Grand Hôtel (boulevard des Capucines). […]
L’idée vint ensuite d’étendre le réseau pour arriver à une véritable distribution postale des dépêches dans Paris. Mais telle n’avait pas été l’idée d’origine qui consistait seulement à créer un auxiliaire du télégraphe électrique. L’Administration des télégraphes étudia alors les moyens de relier pratiquement à ce réseau pneumatique de base l’ensemble des bureaux parisiens ouverts au télégraphe.
Corrélativement, à partir de 1868, les tubes furent posés dans les larges canalisations des égouts installées par Belgrand.
Au fil des ans, les moyens techniques mis à disposition des ingénieurs tubistes allaient se diversifier et s’améliorer, mais les principes de base du système pneumatique restèrent inchangés. Les dépêches à transporter se logeaient dans des cartouches ou curseurs. Ces cartouches, une fois introduites dans un tube parfaitement calibré, étaient simultanément propulsées par de l’air comprimé et aspirées par du vide entretenu en aval de la ligne. […]
En 1914, le réseau dessert Neuilly-sur-Seine, fait signification de la faveur que reçoit le pneumatique auprès de la grande bourgeoisie. Ce sera la seule échappée hors de Paris du pneu. Nous le retrouvons en 1921 avec une longueur de 360 km.
Aujourd’hui, il reste encore le réseau pneumatique officiel et quelques réseaux récents et privés qui relient plusieurs immeubles d’une même entreprise. »
Des égouts au musée, splendeur et déclin de la poste atmosphérique / Thierry Poujol
Dès 1866, Paris met en place un premier réseau de télégraphe pneumatique entre la Bourse et le Grand Hôtel. Par la suite, le réseau s’étendra aux lettres et autres courriers postaux jusqu’en 1984 où les PTT décident de fermer ce service.
« Toujours en quête du service le plus rapide, l’administration postale va également jeter son dévolu sur une autre invention : le pneumatique. Qui s’en rappelle aujourd’hui ? Bien avant Internet et les e-mails, grâce à ce système de tubes propulsés par air comprimé à la vitesse de 36 kilomètres par heure, les missives arrivaient quasi instantanément à leur destinataire. Fin XIXe, on compte dans les égouts de Paris pas moins de 450 kilomètres de tubes pour relier entre eux les bureaux de poste de la capitale. Là, les « pneus » sont pris en charge par des facteurs spécialisés qui les livrent prestement à la bonne adresse. Il faut à l’époque moins d’une heure et demie entre le dépôt et la remise d’un message. Les milieux d’affaires en sont particulièrement friands et ce système ingénieux perdurera à Paris jusqu’en 1984. Fait étonnant : les ministères, l’Assemblée nationale et l’Elysée continueront à utiliser ce monde de communication totalement sécurisé jusqu’au milieu des années 2000. »
La face cachée de la Poste : enquête sur un service public en péril / Séverine Cazes et Valérie Hacot
Le réseau entre l’Assemblée nationale, l’imprimerie du Journal officiel et les ministères ne serait donc plus en fonction :
« Plus insolite, les égouts sont traversés par un réseau de tubes pneumatiques qui permettait jusqu'en 2003 d'envoyer les textes de loi depuis l'Assemblée Nationale vers le Journal Officiel. »
Des égouts et des hommes / Anthony Nataf (in 20 minutes)
Toutefois, ce réseau serait maintenu en état au cas où :
« Ce type de réseau est toujours et même de plus en plus utilisé dans des commerces de détail, hôpitaux, industries et banques françaises. Si le réseau reliant l'Assemblée nationale, le Sénat au Journal officiel n’est plus utilisé, il est potentiellement en état de marche pour des dépêches entre les chambres du Parlement français, les services du Premier Ministre et le palais de l'Élysée : conservation stratégique en cas de coupure des systèmes de télécommunication actuels, notamment en cas de guerre). »
L’histoire du transport pneumatique / Aerocom
Le transport pneumatique est donc encore utilisé par des entreprises privées (comme les supermarchés) et les hôpitaux :
« C'est jour d'affluence, et un logiciel avertit la caissière qu'il est temps pour elle de se délester d'une partie de ses espèces. Notre billet de 20 euros n'aura pas été long à sortir du tiroir-caisse. Voilà qu'une main le saisit. La caissière compte et recompte une liasse qui va atterrir dans une enveloppe, avant d'être glissée dans un tuyau pneumatique pour être propulsée directement dans le coffre-fort de l'hyper. »
La vie secrète de nos billets de banque / Nicole Penicaut (in Le Nouvel Obs)
Pour aller plus loin :
• La poste pneumatique : invention ingénieuse / Musée de la Poste
• La poste ou l’histoire des communications ¾ / La Fabrique de l’Histoire (in France Culture)
Bonne journée
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