Question d'origine :
Bonjour, Dans l'histoire du monde y a-t-il eu des cultes voués au palmier (de toutes variétés) ou des divinités qui lui sont attachés ? Merci.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 11/12/2020 à 10h12
Bonjour,
L’article de Fanny Michel-Dansac et Annie Caubet L’iconographie et le symbolisme du palmier dattier dans l’Antiquité (Proche-Orient, Égypte, Méditerranée orientale) nous apprend que dans plusieurs cultures, le palmier dattier est associé à une divinité ou au culte :
«Mésopotamie et Iran du sud-ouest
La culture du dattier couvre principalement un territoire allant de la partie marécageuse du sud de la Basse Mésopotamie à la Babylonie et une partie de la « petite Mésopotamie », comme on désigne souvent le Khuzistan ou Iran du sud-ouest. De nombreux textes suméro-akkadiens, à caractère économique et littéraire, rendent compte de la position éminente du dattier dans cette région (Landsberger 1967 ; Joannès 2001, 625). En témoigne un classique dialogue littéraire opposant le palmier au tamaris, dans lequel le premier affirme sa prééminence sur les autres végétaux (André-Salvini 2008, 327). Le motif du dattier occupe une place importante dans l’iconographie mésopotamienne (Danthine 1939) où il apparaît dès la seconde moitié du iiie millénaire en pays de Sumer. Il est représenté de façon très reconnaissable, avec des régimes de dattes, et semble très tôt lié à des notions de fertilité, d’agriculture prospère et de renouvellement de la végétation. Un bon exemple est le sceau-cylindre akkadien du scribe de Zaganita (Benoit 2003, 266-267), daté vers 2 250 av. J.-C., mettant en scène une assemblée de dieux œuvrant au renouveau de la nature, à l’équinoxe du printemps. Ce renouveau semble symbolisé par le grand palmier chargé de dattes, image d’une prospère et féconde végétation qui se renouvelle chaque année grâce à l’action des dieux (Figure 1). Un vase en stéatite d’Iran du musée du Louvre (Gros de Beler & Marmiroli 2008, 46-47), daté du iiie millénaire, présente une frise de palmiers chargés de lourds régimes de dattes : on le comparera, pour sa signification, aux frises d’épis de blé évoquant la fertilité des terres.
Source de richesse pour le royaume,le palmier dattier est lié à la figure royale qui apparaît comme la représentante du pouvoir divin sur terre et la garante de la prospérité du pays, donc de l’abondance des récoltes. Une stèle néo-sumérienne trouvée à Suse (André-Salvini 2008, fig. 5), datée de la fin du iiie millénaire, montre le personnage royal effectuant une libation au dessus d’un vase ou autel d’où jaillissent une grande palme et deux régimes de dattes, face au dieu Sin représenté assis sur un trône . Le palais royal de Mari, au xviiie siècle av. J.-C., accorde au palmier dattier un rôle symbolique important. Au centre de la cour dite du Palmier, ouvrant sur la salle du trône, se dressait un grand palmier de métal. Le mur méridional de cette cour était orné d’une peinture, dite de l’Investiture, figurant la remise des insignes du pouvoir au roi par la déesse Ishtar, dans une scène encadrée par deux dattiers (Margueron 2000). […]
Le palmier et l’eau
L’association de l’eau et du palmier est particulièrement développée dans le monde proche-oriental et égyptien. Cette complémentarité, fondamentale sur le plan physiologique, est évidente dansl’iconographie symbolique mésopotamienne . Sur le sceau du scribe Zaganita, déjà cité, le dattier est directement associé au dieu des eaux douces Ea , reconnaissable aux flots qui l’entourent et jaillissent d’un vase qu’il tient dans la main. Cette complémentarité de l’eau et du palmier acquiert une dimension particulièrement importante en Égypte, notamment au Nouvel Empire : des palmiers sont systématiquement figurés au bord des bassins et des canaux ; ils définissent, avec les sycomores, les jardins funéraires indispensables où le mort doit pouvoir se rendre pour se désaltérer. Les tombeaux étant aménagés dans le désert, hors des précieuses zones cultivables, l’image du palmier vient rappeler au mort la fraîcheur vitale de l’eau : dans la tombe de Neferhotep (Hugonot 1989 : fig. 172) le défunt s’agenouille pour se désaltérer dans un bassin encadré de dattiers. […]
En Mésopotamie , les régimes de dattes apparaissent même parfois sans le palmier. La déesse Ninhursag est souvent représentée tenant dans ses mains des régimes de dattes (Parrot 1960, fig.167 B ), ces attributs signifiant ses pouvoirs sur la fécondité. Sur une stèle de Tello, datée du milieu du IIIe millénaire, une libation est effectuée sur un vase d’où pendent deux régimes symétriques, en l’honneur d’une divinité féminine, probablement Ninhursag (Parrot 1960, fig. 161 B ).
En Égypte , les Textes des Pyramides (chap. 403) citent les dattes et l’eau comme élément essentiel de la nourriture du défunt. Elles figurent dans les listes d’offrandes dès la deuxième dynastie (Baum 1988, p. 95). Plus tard, les dattes constituent une offrande spécifiquement osirienne (Cauville 1980, p. 47-64).
Au IVe siècle, Théophraste (II, 6, 7-8) note qu’àChypre les fruits des palmiers ne mûrissent pas. Pourtant la représentation figurée des régimes de dattes est attestée dans l’île à partir du VIIe siècle. Le dattier y apparaît dans des rituels de cueillette, dont la composition est très proche de celles que l’on trouve en Mésopotamie et en Égypte. Il pourvoit aux offrandes en l’honneur de divinités , sur une coupe métallique chypro-phénicienne de Kourion (Culican 1982, 13-32 ; Markoe 1985 : p. 181-182) ou sur un bol de Kandou (Hermary 2005) où est dépeinte la cueillette de dattes associée à une scène de culte (fig. 4 et fig. 5).
Le palmier est par là étroitement associé à une divinité féminine nourricière , qui se manifeste parfois à l’intérieur même de l’arbre. C’est ce que l’on peut observer sur un relief égyptien de la XIXe dynastie (Baum 1988, 280-281), qui montre l’épiphanie de la déesse-arbre, les bras et la tête sortant d’un dattier (Figure 6) ou sur le bol chypriote de Kandou, ou la « déesse aux bras levés » apparaît dans un palmier chargé de dattes (Figure 5C). […]
Le sein de la femme et à travers lui sa forme et sa fonction nourricière sont directement mis en parallèle avec la datte : les régimes de dattes sont fréquemment représentés par paire de part et d’autre du stipe. Cette analogie entre les seins et les dattes s’observe sur une scène d’allaitement d’un relief de Karatépé (Soldi & Pedrazzi 2006, 278-279), montrant une déesse allaitant un enfant à l’ombre d’un palmier dattier (Figure 8).
L’idée qu’une divinité féminine et maternelle puisse être associée au dattier ou même se manifester sous l’aspect du dattier a perduré jusqu’à une époque tardive. Dans le papyrus Jumilhac (XIV, 12),le dattier apparaît comme la manifestation d’Isis pleureuse , balançant sa ramure comme la pleureuse sa chevelure. La disposition très particulière des palmes au sommet du stipe a, en effet, suscité un rapprochement avec la chevelure féminine. Sur une hydrie attique du peintre de Kléophradès (LIMC VIII « Ilioupersis » : n° 11), le palmier se penchant précisément sur la chevelure d’une femme assise en lamentation peut évoquer une femme en pleurs secouant sa chevelure sur la ville détruite de Troie, telles les pleureuses sur le corps d’un défunt (Figure 9).
Il est remarquable qu’en Grèce, où le palmier n’a aucune valeur agricole et économique, il n’intervient, ni comme symbole nourricier, ni comme symbole de la fertilité, alors qu’un fort anthropomorphisme conduit à voir en lui l’image de la femme et de sa beauté. Dans les différentes versions du mythe del’accouchement de Léto à Délos sous un palmier (Hymne homérique à Apollon, 119-121 ; Théognis, Poèmes élégiaques I, 5-9 ; Callimaque, Hymne à Délos, 209-210 ; Le Roy 1973), le palmier joue le rôle de déclencheur dans la délivrance de la déesse, prenant le rôle que tient habituellement la sage-femme . Ce thème est parfaitement illustré sur une pyxide attique (LIMC VI « Leto », n° 6) représentant la déesse assise sur un tabouret d’accouchement et s’agrippant au stipe d’un palmier dressé devant elle (Figure 10).
Le palmier et l’espace de culte
Le palmier ou la palmeraie en vient à désigner, de façon récurrente, un espace cultuel (Michel-Dansac 2011, 202-226). En Égypte, le dattier est l’arbre sacré d’une série de localités ; c’est tout particulièrement le cas de Bouto . Le bosquet constitué de dattiers – associé au doum et au sycomore – caractérise les nombreux jardins funéraires et sacrés du Nouvel Empire (Figure 2).
En Mésopotamie , des scènes de palmeraies saccagées par des guerriers assyriens lors de campagnes militaires en Basse Mésopotamie (Parrot 1961 : fig. 138c) peuvent être interprétés, non seulement comme le saccage de territoires ennemis, mais aussi comme la profanation de bosquets servant de lieux de culte . De tels actes sont mentionnés dans les Annales assyriennes : par exemple, en relatant la destruction de Suse (Luckenbill 1989, 310), Assurbanipal se vante d’avoir saccagé en Élam tout ce qui faisait la sacralité du lieu. Ces palmiers semblent ainsi avoir été perçus par les Assyriens comme un lieu important de la religion élamite, un espace cultuel au même titre que les temples.
Plusieurs coupes métalliqueschypro-phéniciennes (Markoe 1985 : fig. p. 264, p. 348) et des céramiques chypriotes archaïques de la région d’Amathonte (Hermary 2005 ; Caubet 2008) présentent une cérémonie cultuelle sous un bosquet de dattiers, servant de cadre à la cérémonie et définissant ainsi un sanctuaire en plein air (Figures 4 et 5). Dans ce cas, la présence des bosquets sacrés est probablement à rapprocher du développement de ce thème dans le monde oriental et égyptien.
En Grèce , le palmier, représenté sans fruit, – isolé, parfois associé à un autel – désigne un sanctuaire, le plus souvent consacré aux divinités Apollon et Artémis auxquelles il est étroitement lié (Miller 1979 ; Sourvinou-Inwood 1985 ; Monbrun 1989), comme le sanctuaire de Délos (Figure 11), mais également celui d’Apollon à Delphes (LIMC VII, « Python », n° 3) ou celui d’Artémis à Brauron (Kahil 1977, pl. 18). »
Citons également un passage de l’article de Jérémie Schiettecatte Le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) dans l’Arabie méridionale préislamique :
«Le palmier dattier dans la société sudarabique : de la culture au culte
Dans les basses-terres de l’Arabie méridionale, le palmier dattier occupe, en tant que culture, une place dominante que reflète le nombre d’occurrences épigraphiques le mentionnant, comparé à celui des autres espèces végétales. Les mentions renvoient avant tout à l’aménagement et à l’irrigation des palmeraies. La finalité de cette culture est avant tout alimentaire. Les inscriptions préislamiques et l’iconographie n’en révèlent du moins pas d’autre. Certes, les dattes étaient consommées à la récolte ou conservées compressées, ou encore réduite en farine, mais le palmier servait également à la production d’une boisson fermentée. Il ne fait guère de doute que les usages dérivés du palmier ne se limitaient pas à la seule alimentation. Outre l’utilisation des pétioles de palme comme support d’écriture, nous sommes libre d’imaginer le large spectre des produits dérivés et l’utilité de cette plante dans les cultures étagées, à l’image de cette description d’un village d’Arabie que faisait T. E. Lawrence au début du siècle dernier :
« Autour de chaque enclos étroit, bordé de murs ou de haies en côtes de palmes, un ruisselet d’eau douce court dans une rigole surélevée. La porte du jardin s’ouvre sur ce ruisseau et un pont, fait de trois ou quatre bûches de palmier, permet le passage des ânes ou des chameaux de bât. Tout enclos a son réservoir d’argile, soigneusement curé quand survient son tour d’arrosage. Les dattiers, régulièrement plantés et bien entretenus, forment la culture principale, mais entre leurs pieds pousse le maïs, les radis, les courgettes, les concombres, enfin du tabac et du henné. » (Lawrence 1992 : 152).
Pourvoyeur d’ombre aux cultures maraîchères et d’une base alimentaire, exploité pour chacune de ses composantes (tronc, gaine fibreuse, pétiole, rachis et folioles), le palmier est un élément structurant du paysage et du quotidien des populations des basses-terres de l’Arabie méridionale. Aussi n’est-il pas surprenant d’imaginer qu’au-delà d’un usage pragmatique, il ait pu revêtir une dimension symbolique. Plusieurs éléments vont dans ce sens :
–Au IXe siècle, Ibn Hishām rapporte que les habitants de Najrān, avant d’être chrétiens, adoraient un haut palmier (Ibn Hishām/Guillaume 1955 : 15 ; Robin 2010 : 64). Pour Ch. Robin (ibidem), ces légendes « ne s’accordent guère avec les données de l’épigraphie. Il n’est pas sûr, cependant, qu’elles soient totalement infondées : elles peuvent faire allusion à des pratiques superstitieuses comme il en existe encore aujourd’hui ».
–La feuille de palmier émergeant d’un vase est l’attribut de Nabʿal, divinité tutélaire de la tribu de Kaminahū dans le Jawf , sur un relief du temple d’Aranyadaʿ daté de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. (as-Sawdāʾ, Jawf – Arbach et al. 2004 : fig. 28).
– Enfin, nous avons vu précédemment que le palmier apparaît à plusieurs reprises chargé de dattes sur des reliefs découverts dans des contextes religieux et que lorsqu’apparaît lemotif mésopotamien de l’« arbre de vie » , l’arbre en question est représenté sous la forme du palmier (Cleveland 1963 : fig. 1).
À défaut d'être l’objet d’un culte, le palmier et son image véhiculaient à n’en pas douter une valeur symbolique forte manifestement liée à l’abondance. »
Pour aller plus loin :
- Artémis et le palmier dattier, Ph. Monbrun, Pallas. Revue d'études antiques, Année 1989 35 pp. 69-93
- L'ex-voto de Cypsélos à Delphes : le symbolisme du palmier et des grenouilles (second et dernier article), W. Deonna, Revue de l'histoire des religions, Année 1951 140-1 pp. 5-58
- La naissance d'Apollon et les palmiers déliens, Christian Le Roy, Bulletin de Correspondance Hellénique, Année 1973 Suppl. 1 pp. 263-286
- Les représentations de l'arbre sacré sur les monuments de Mésopotamie et d'Elam : avec 32 planches / Nell Perrot
- Le palmier-dattier et les arbres sacrés dans l'iconographie de l'Asie occidentale ancienne / Hélène Danthine
Bonne journée.
L’article de Fanny Michel-Dansac et Annie Caubet L’iconographie et le symbolisme du palmier dattier dans l’Antiquité (Proche-Orient, Égypte, Méditerranée orientale) nous apprend que dans plusieurs cultures, le palmier dattier est associé à une divinité ou au culte :
«
La culture du dattier couvre principalement un territoire allant de la partie marécageuse du sud de la Basse Mésopotamie à la Babylonie et une partie de la « petite Mésopotamie », comme on désigne souvent le Khuzistan ou Iran du sud-ouest. De nombreux textes suméro-akkadiens, à caractère économique et littéraire, rendent compte de la position éminente du dattier dans cette région (Landsberger 1967 ; Joannès 2001, 625). En témoigne un classique dialogue littéraire opposant le palmier au tamaris, dans lequel le premier affirme sa prééminence sur les autres végétaux (André-Salvini 2008, 327). Le motif du dattier occupe une place importante dans l’iconographie mésopotamienne (Danthine 1939) où il apparaît dès la seconde moitié du iiie millénaire en pays de Sumer. Il est représenté de façon très reconnaissable, avec des régimes de dattes, et semble très tôt lié à des notions de fertilité, d’agriculture prospère et de renouvellement de la végétation. Un bon exemple est le sceau-cylindre akkadien du scribe de Zaganita (Benoit 2003, 266-267), daté vers 2 250 av. J.-C., mettant en scène une assemblée de dieux œuvrant au renouveau de la nature, à l’équinoxe du printemps. Ce renouveau semble symbolisé par le grand palmier chargé de dattes, image d’une prospère et féconde végétation qui se renouvelle chaque année grâce à l’action des dieux (Figure 1). Un vase en stéatite d’Iran du musée du Louvre (Gros de Beler & Marmiroli 2008, 46-47), daté du iiie millénaire, présente une frise de palmiers chargés de lourds régimes de dattes : on le comparera, pour sa signification, aux frises d’épis de blé évoquant la fertilité des terres.
Source de richesse pour le royaume,
L’association de l’eau et du palmier est particulièrement développée dans le monde proche-oriental et égyptien. Cette complémentarité, fondamentale sur le plan physiologique, est évidente dans
Au IVe siècle, Théophraste (II, 6, 7-8) note qu’à
Le sein de la femme et à travers lui sa forme et sa fonction nourricière sont directement mis en parallèle avec la datte : les régimes de dattes sont fréquemment représentés par paire de part et d’autre du stipe. Cette analogie entre les seins et les dattes s’observe sur une scène d’allaitement d’un relief de Karatépé (Soldi & Pedrazzi 2006, 278-279), montrant une déesse allaitant un enfant à l’ombre d’un palmier dattier (Figure 8).
L’idée qu’une divinité féminine et maternelle puisse être associée au dattier ou même se manifester sous l’aspect du dattier a perduré jusqu’à une époque tardive. Dans le papyrus Jumilhac (XIV, 12),
Il est remarquable qu’en Grèce, où le palmier n’a aucune valeur agricole et économique, il n’intervient, ni comme symbole nourricier, ni comme symbole de la fertilité, alors qu’un fort anthropomorphisme conduit à voir en lui l’image de la femme et de sa beauté. Dans les différentes versions du mythe de
Plusieurs coupes métalliques
Citons également un passage de l’article de Jérémie Schiettecatte Le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) dans l’Arabie méridionale préislamique :
«
Dans les basses-terres de l’Arabie méridionale, le palmier dattier occupe, en tant que culture, une place dominante que reflète le nombre d’occurrences épigraphiques le mentionnant, comparé à celui des autres espèces végétales. Les mentions renvoient avant tout à l’aménagement et à l’irrigation des palmeraies. La finalité de cette culture est avant tout alimentaire. Les inscriptions préislamiques et l’iconographie n’en révèlent du moins pas d’autre. Certes, les dattes étaient consommées à la récolte ou conservées compressées, ou encore réduite en farine, mais le palmier servait également à la production d’une boisson fermentée. Il ne fait guère de doute que les usages dérivés du palmier ne se limitaient pas à la seule alimentation. Outre l’utilisation des pétioles de palme comme support d’écriture, nous sommes libre d’imaginer le large spectre des produits dérivés et l’utilité de cette plante dans les cultures étagées, à l’image de cette description d’un village d’Arabie que faisait T. E. Lawrence au début du siècle dernier :
« Autour de chaque enclos étroit, bordé de murs ou de haies en côtes de palmes, un ruisselet d’eau douce court dans une rigole surélevée. La porte du jardin s’ouvre sur ce ruisseau et un pont, fait de trois ou quatre bûches de palmier, permet le passage des ânes ou des chameaux de bât. Tout enclos a son réservoir d’argile, soigneusement curé quand survient son tour d’arrosage. Les dattiers, régulièrement plantés et bien entretenus, forment la culture principale, mais entre leurs pieds pousse le maïs, les radis, les courgettes, les concombres, enfin du tabac et du henné. » (Lawrence 1992 : 152).
Pourvoyeur d’ombre aux cultures maraîchères et d’une base alimentaire, exploité pour chacune de ses composantes (tronc, gaine fibreuse, pétiole, rachis et folioles), le palmier est un élément structurant du paysage et du quotidien des populations des basses-terres de l’Arabie méridionale. Aussi n’est-il pas surprenant d’imaginer qu’au-delà d’un usage pragmatique, il ait pu revêtir une dimension symbolique. Plusieurs éléments vont dans ce sens :
–
–
– Enfin, nous avons vu précédemment que le palmier apparaît à plusieurs reprises chargé de dattes sur des reliefs découverts dans des contextes religieux et que lorsqu’apparaît le
À défaut d'être l’objet d’un culte, le palmier et son image véhiculaient à n’en pas douter une valeur symbolique forte manifestement liée à l’abondance. »
- Artémis et le palmier dattier, Ph. Monbrun, Pallas. Revue d'études antiques, Année 1989 35 pp. 69-93
- L'ex-voto de Cypsélos à Delphes : le symbolisme du palmier et des grenouilles (second et dernier article), W. Deonna, Revue de l'histoire des religions, Année 1951 140-1 pp. 5-58
- La naissance d'Apollon et les palmiers déliens, Christian Le Roy, Bulletin de Correspondance Hellénique, Année 1973 Suppl. 1 pp. 263-286
- Les représentations de l'arbre sacré sur les monuments de Mésopotamie et d'Elam : avec 32 planches / Nell Perrot
- Le palmier-dattier et les arbres sacrés dans l'iconographie de l'Asie occidentale ancienne / Hélène Danthine
Bonne journée.
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